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Commentaire de LAFFITTE Jacques

sur Lettre ouverte au Grand Rabbin Gilles Bernheim


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LAFFITTE Jacques LAFFITTE Jacques 19 janvier 2013 15:00

Effectivement, et en plus, Il a récidivé !

A propos de l’androgyne primordial :

  • on retrouve cet énoncé dans la mythologie grecque, mais comme l’âge d’or etc., c’étaient des façons d’habiller une réflexion sur la condition humaine, sa relativité, etc.

  • par rapport à la Genèse il ne faut pas prendre au pied de la lettre cette « hypothèse » mais comme une métaphore de réflexion selon la tradition talmudique et midrachique de commentaire de commentaires, voici le commentaire de Rachi in Bible du Rabbinat http://www.sefarim.fr/ :

« Mâle et femelle Il les créa Alors qu’il est écrit plus loin : « Il prit un de ses côtés... » (infra 2, 21). Voici ce qu’enseigne le midrach (Beréchith raba 8, 1, ‘Erouvin 18a) : Il a commencé par le créer avec deux visages, puis Il l’a divisé en deux. Quant au sens littéral, il nous apprend qu’ils ont été créés tous les deux le sixième jour, sans préciser la manière dont ils ont été créés, sur laquelle on reviendra plus loin. »


Ainsi les deux versions de création du Terrien (anthropos) qu’il créa « aner » et « guné » (en grec) c’est-à-dire « homme-masculin » et « femme-féminin », ces deux versions (donc les deux récits de la Genèse), se complètent et, dieu merci, empêchent ainsi la tendance à tout figer et à prendre au pied de la lettre la première ou la deuxième version, au détriment de ce que doit ou devrait être tout texte religieux : une incitation à réfléchir et non pas à se dispenser de réfléchir en suivant aveuglément l’interprétation officielle.


Pour ma part j’estime que les anciens n’étaient pas plus bêtes que nous (contrairement à ce qu’on pense sans vraiment oser l’avouer) et au lieu de croire mordicus à un mythe ou récit antique, je pense qu’ils le prenaient comme nous le faisons avec le cinéma : on est totalement impliqué dans l’action-récit, on ressent des émotions fortes, on s’identifie aux personnages et à ce qu’ils vivent au point d’en pleurer parfois alors que ce n’est qu’une fiction et qu’on le sait très bien  ; mais une fiction peut délivrer de grandes vérités qui nous émeuvent et nous apprennent beaucoup sur nous.

De même les textes religieux, particulièrement les mythes doivent-ils être compris comme des incitations à nous poser des questions, à commenter, comme c’est le cas dans la tradition juive.


Mais la tendance « religiosiste » est toujours forte de tout figer. C’est à mon sens la différence entre « religion » et « spiritualité » : la spiritualité vise à développer l’esprit, la religion à avoir des fidèles. Ceci sous la même étiquette. La spiritualité promeut ainsi cette sorte d’infidélité féconde qu’est la réflexion avec la pratique du doute, de l’interrogation, qui génère connaissance, ouverture, reconnaissance de l’autre comme altérité, etc.


Quelques petites précisions ou commentaires encore pour le plaisir : « Adam » est en quelque sorte le terme générique pour désigner l’humain (le terrien) et il est dit « tiré de la adamah ». Celle-ci est traduite par « terre » mais ce terme « adamah » est considéré comme un apax (terme à usage unique à cet endroit ou uniquement en référence à la création de l’homme ; pour terre on emploie eretz) ; cet apax apparaît donc formé dans une intention précise, pour la situation, j’allais dire « ad hominem » ; la tradition le voit composé de deux mots Adam et Mah (quoi ? Qu’est-ce que ?) ce qui permet de dire que l’homme est tiré du questionnement, ou que l’étonnement, l’interrogation est tout autant ce qui le rend spécifiquement humain. C’est une sorte d’autre façon de le dire « sapiens sapiens ».


L’homme est ainsi ce point d’interrogation qui s’interroge sa vie durant sur ce qui le précède...


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