Effectivement, et en plus, Il a
récidivé !
A propos de l’androgyne primordial :
-
on retrouve cet énoncé dans la
mythologie grecque, mais comme l’âge d’or etc., c’étaient des
façons d’habiller une réflexion sur la condition humaine, sa
relativité, etc.
-
par rapport à la Genèse il ne
faut pas prendre au pied de la lettre cette « hypothèse »
mais comme une métaphore de réflexion selon la tradition
talmudique et midrachique de commentaire de commentaires, voici le
commentaire de Rachi in Bible du Rabbinat
http://www.sefarim.fr/ :
« Mâle et femelle Il les
créa Alors qu’il est écrit plus loin : « Il prit
un de ses côtés... » (infra 2, 21). Voici ce qu’enseigne
le midrach (Beréchith raba 8, 1, ‘Erouvin 18a) : Il a
commencé par le créer avec deux visages, puis Il l’a divisé en
deux. Quant au sens littéral, il nous apprend qu’ils ont été
créés tous les deux le sixième jour, sans préciser la manière
dont ils ont été créés, sur laquelle on reviendra plus loin. »
Ainsi les deux versions de création du
Terrien (anthropos) qu’il créa « aner » et « guné »
(en grec) c’est-à-dire « homme-masculin » et
« femme-féminin », ces deux versions (donc les deux
récits de la Genèse), se complètent et, dieu merci, empêchent
ainsi la tendance à tout figer et à prendre au pied de la lettre la
première ou la deuxième version, au détriment de ce que doit ou
devrait être tout texte religieux : une incitation à réfléchir
et non pas à se dispenser de réfléchir en suivant aveuglément
l’interprétation officielle.
Pour ma part j’estime que les anciens
n’étaient pas plus bêtes que nous (contrairement à ce qu’on pense
sans vraiment oser l’avouer) et au lieu de croire mordicus à un
mythe ou récit antique, je pense qu’ils le prenaient comme nous le
faisons avec le cinéma : on est totalement impliqué dans
l’action-récit, on ressent des émotions fortes, on s’identifie
aux personnages et à ce qu’ils vivent au point d’en pleurer
parfois alors que ce n’est qu’une fiction et qu’on le sait très bien
; mais une fiction peut délivrer de grandes vérités qui nous
émeuvent et nous apprennent beaucoup sur nous.
De même les textes religieux,
particulièrement les mythes doivent-ils être compris comme des
incitations à nous poser des questions, à commenter, comme c’est le
cas dans la tradition juive.
Mais la tendance « religiosiste »
est toujours forte de tout figer. C’est à mon sens la différence
entre « religion » et « spiritualité » :
la spiritualité vise à développer l’esprit, la religion à avoir
des fidèles. Ceci sous la même étiquette. La spiritualité promeut
ainsi cette sorte d’infidélité féconde qu’est la réflexion avec
la pratique du doute, de l’interrogation, qui génère connaissance,
ouverture, reconnaissance de l’autre comme altérité, etc.
Quelques petites précisions ou
commentaires encore pour le plaisir : « Adam » est en
quelque sorte le terme générique pour désigner l’humain (le
terrien) et il est dit « tiré de la adamah ». Celle-ci
est traduite par « terre » mais ce terme « adamah »
est considéré comme un apax (terme à usage unique à cet endroit
ou uniquement en référence à la création de l’homme ; pour
terre on emploie eretz) ; cet apax apparaît donc formé dans une
intention précise, pour la situation, j’allais dire « ad
hominem » ; la tradition le voit composé de deux mots
Adam et Mah (quoi ? Qu’est-ce que ?) ce qui permet de dire que
l’homme est tiré du questionnement, ou que l’étonnement,
l’interrogation est tout autant ce qui le rend spécifiquement
humain. C’est une sorte d’autre façon de le dire « sapiens
sapiens ».
L’homme est ainsi ce point
d’interrogation qui s’interroge sa vie durant sur ce qui le
précède...