Votre article au titre provocateur a le mérite de poser le problème du devenir des langues face à, non pas l’anglais mais au Globish ou Global English, c’est-à-dire l’anglais mondial.
Examinons ensemble la situation : l’anglais règne en maître quasi absolu comme jamais une langue a dominé dans l’histoire de l’humanité. Ceci est-il le résultat de qualités supposées de cette langue ? Non, bien évidemment. Les linguistes comme Claude Hagège, pour ne citer que lui, affirment que cette langue n’a aucune vertu particulière pour être l’outil de communication idéal pour la planète.
Non, la situation présente résulte d’une volonté des Anglo-américains d’imposer leur langue parce qu’ils y ont un intérêt direct. Il n’y a que les gogos pour s’imaginer que l’anglais s’est imposé tout seul. Une langue ne s’impose pas, on l’impose, et au besoin on dispose de nombreux auxiliaires (les élites de nombreux pays occidentaux) pour écarter l’autre solution. L’autre solution qui ne peut être que l’espéranto, bien évidemment. J’y reviendrai.
Restons d’abord sur la langue que certains imposent : ils le font parce que la langue, c’est une arme. C’est ce qu’on fort bien compris les séducteurs, les avocats et les hommes politiques. Parler une langue nous structure la pensée. Un Français est structuré mentalement par la langue française, un Allemand par la langue de Goethe, un Espagnol par la langue de Cervantès, et un anglophone par la langue de Shakespeare. L’anglais international façonne donc les esprits à la mode anglo-américaine.
Parler une langue, c’est avoir une vision du monde, dit la linguiste Henriette Walter.
C’est ce qu’a bien décrit Robert Phillipson dans son livre Linguistic Imperialism. Un ouvrage écrit en 1992 et curieusement jamais traduit en français. Étrange diront les gogos, logique diront les autres.
Phillipson écrit qu’en 1961, les États-Unis et la Grande-Bretagne se sont entendus, par un rapport tenu secret, pour se partager le monde : une sorte de Yalta linguistique.
« L’enseignement de l’anglais à des locuteurs non natifs peut transformer de façon permanente toute la perception du monde de ceux qui l’étudient. Si et quand une nouvelle langue devient vraiment opérationnelle dans un pays sous-développé, le monde des étudiants s’en trouve restructuré.
(...) L’anglais est devenu non seulement le représentant de la pensée et des sentiments contemporains du monde anglophone mais encore un vecteur de toute la tradition humaine en voie de développement
(...)C’est là une raison d’être de l’impérialisme linguistique de l’anglais, pour tous, et tout le temps. Celui-ci prétend que l’anglais est la seule langue dont le monde moderne ait besoin. Il affirme que des pays nouvellement indépendants peuvent, pour des raisons nationalistes, manquer de jugement au point de résister à l’anglais, et qu’en de tels cas, on doit passer outre leur volonté. Ceci dans l’intérêt politique et commercial des pays anglophones. »
Or les élites sont aux commandes, que ce soit les politiques ou les journalistes tout le monde est aux ordres : hors de l’anglais, point de salut !
Et 50 ans ont passé. Alors le bon peuple croit naïvement ce qu’on lui répète. Les parents croient qu’en faisant faire de l’anglais à leurs enfants, ceux-ci disposeront d’un atout plus tard. Or, justement, c’est la connaissance approfondie d’autres langues qui sera le critère de sélection si tout le monde se met à l’anglais. Mais personne ne le leur dit. Tous à l’anglais, et dès la maternelle, S.V.P. !
Le linguiste, Pierre Frath, dénonce la situation actuelle qui conduit certaines universités françaises à enseigner en anglais. Très bien diront les gogos.
Pierre Frath, professeur de linguistique anglaise à l’Université de Reims, lui, dit qu’une catastrophe culturelle, scientifique et géopolitique est en train de se préparer sous nos yeux dans l’inconscience générale.
Pour les curieux : http://clairegoyer.blogactiv.eu/2012/12/03/recherche-et-universites-en-europe-english-or-not-english/
Alors, l’espéranto dans tout ça ? Pierre Frath n’en parle pas du tout.
Eh bien la langue se développe dans un silence médiatique assourdissant. Les gogos croient ce que les journalistes disent. Alors comme « ils l’ont dit à la télé » tout le monde répète à l’envi : faut se mettre à l’anglais ! Et comme les médias ne parlent jamais d’espéranto sinon pour se moquer, le cercle est infernal.
Oui, l’espéranto se développe, n’en déplaise à certains, sinon comment expliquer que cette langue construite existe aussi sur Google, Facebook, Wikipédia, Skype et Ubuntu (Linux) ?
Je viens de citer Google : vous croyez que les fondateurs de cette entreprise cotée à Wall Street, sont assez fous pour proposer un portail en espéranto si cette langue n’était pas parlée dans le monde et utilisée sur Internet ? Google traduction propose 65 langues dont l’espéranto. Alors, toujours fous ces Étatsuniens ?
Enfin, pour ceux qui s’imagineraient que l’anglais a gagné, qu’ils sachent que c’est l’anglais qui va perdre, lui aussi, pollué qu’il est déjà, et qui le sera de plus en plus, par tous ceux qui, dans le monde, et en France en particulier, s’imaginent maîtriser cette langue et qui après une dizaine d’années d’études au minimum ne sont capables que de parler Globish. Ce n’est pas de leur faute, c’est l’anglais qui est une langue objectivement difficile.
Difficile par sa prononciation et par le nombre incroyable des
idiotismes. C’est une richesse, mais aussi un terrible défaut pour prétendre
être une langue de communication internationale. Alors, bien sûr « avec
l’anglais on se débrouille ». Certes, mais il faut des années d’études
pour en arriver là. Quel gâchis. Un gâchis épargné aux Anglophones (4,68 % de l’humanité
selon la CIA) !
<https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/xx.html> ;
Alors qu’avec l’espéranto, deux ou trois années scolaires suffiraient pour avoir le monde à sa portée et pour, non pas baragouiner mais être éloquent. Éloquent en espéranto : qui l’eut cru ?
Décidément, comme disait Reiser : On vit une époque formidable !
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