Vie...Vie...
I
Je ne crois guère aux présages, et les signes
je les crains pas. ni poisson ni calomnie
je ne redoute. La mort n’est pas de ce monde.
Nul est n’est mortel. Tout est immortel. La mort
N’est pas à craindre, ni pour l’adolescent
Ni pour le vieillard. Il n’y a qu’être et que Lumière,
La ténèbres et la mort n’ont pas d’existence.
Nous sommes tous déjà comme au bord de la grève
Et je suis de ceux-là qui tirent les filets
Quand passe un banc d’immortalité.
II
Vivez dans la maison pour qu’elle ne croule pas.
J’invoquerai l’un quelconque des siècles
pour y entrer et construire ma demeure.
C’est pourquoi j’ai tous vos enfants
Et toutes vos épouses invités à ma table,
Car cette table est celle de l’aïeul et des enfants :
l’avenir s’accomplit juste à cette heure ci,
Et si je lève la main.
Resteront vôtres les cinq rayons de mes doigts.
j’ai passé tous mes jours au boisage.
j’ai de mon épaule épaulé,
J’ai mesuré le temps à l’arpentage,
J’ai traversé le temps comme un Oural.
III
Je me suis choisie un siècle à ma taille.
Allant vers midi nos pas ont traversé la steppe,
L’herbe sèche fumait. le grillon tous narquois
Touchait de ses antennes les fers de mon cheval.
Prophétisait ma mort comme ferait un moine.
Mon destin je l’ai suspendu à ma selle
Et je ne cesse pas d’être dans l’avenir,
Comme un gosse je me dresse sur les étriers.
J’ai des ressources d’immortalité, assez
Pour que le sang coule de siècle en siècle.
Un bon coin de chaleur quiète.
Je te paierais volontiers de ma vie
Si son aiguille preste et agile
Ne m’entraînait pas comme un fil
A travers le monde
Arséni Tarkovski