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Commentaire de lloyd henreid

sur La révolte des SDF


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lloyd henreid lloyd henreid 19 mars 2013 16:54

« Lorsque l’on se suppose du côté des « winners », on prétend qu’il y a des fainéants, que « lorsque l’on veut, on peut », et on accepte toutes les régressions sociales pour espérer échapper au fléau…, mais de plus en plus nombreux sont ceux qui se retrouvent sans emploi. »

C’est si honteusement vrai. J’ai été très ému par cet article du Monde pour avoir moi-même vécu cette situation : obligé de retourner dans ma chambre d’enfant pour saisir une opportunité d’emploi à 200 kms de mon « chez moi », là où je vis, là où j’essaie tant bien que mal de me « construire » — et je veux dire... j’aime beaucoup mes parents, la chance d’entretenir (tant bien que mal) des relations « positives » avec eux, et de pouvoir compter sur leur soutien en cas de pépin. Mais franchement le fait de retourner vivre chez eux, c’était aussi pénible pour moi que pour eux : non que je sois un chieur envahissant ou que sais-je, ni qu’ils soient à proprement parler des tyrans, mais j’ai passé l’âge de rester là dans ma chambre (une régression humiliante) et eux celui de faire à manger pour trois personnes. Bref —

Et pour en revenir à ce que vous écriviez, j’ai remarqué ce commentaire d’un lecteur en bas de l’article (le tout premier) :

« C’est plus sûr de ne pas construire sa vie sur le mépris que les autres nous infligeraient ni sur la compassion non plus. ceux qui choisissent de retourner chez leurs parents avaient probablement d’autres solutions, s’ils veulent en ressortir au plus vite, qu’ils se bougent ! »

Non : on ne parle pas là de « Tanguys » assumés, volontaires mais de personnes « contraintes » à régresser. De personnes qui n’ont pas d’autre choix pour survivre. Et j’ai fait des études, et j’ai bien travaillé, et tous mes employeurs étaient plus que satisfaits — mais toujours il y a ces connards qui n’ont jamais connu de difficultés, qui ont eu la chance (parfois en se donnant moins de mal) de s’en sortir, sans accrocs, déceptions, trahisons ; et qui se permettent de juger ceux qui ont à vivre des humiliations qu’eux ont eu juste la « chance » de ne pas (encore) connaître.

Je comprends que d’un point de vue purement logique, par l’expérience, on puisse en venir à ça ; mais personnellement j’ai pas attendu d’être dans la merde pour m’indigner. J’ai jamais trouvé ça normal que des gens aient faim ou froid dans la rue en 2013 dans l’un des pays les plus puissants, les plus riches et soi-disant « humanistes » de ce monde. Et par conséquent, je ne trouve aucune excuse à ces gens et ne les plaindrai sans doute pas lorsque tôt ou tard viendra leur tour. Et puis ça leur fera du bien, intellectuellement, de sentir rien qu’un petit peu l’odeur de la merde.

« Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit », fort bien : que la crise s’intensifie, ça changera rien pour moi, mais je me réjouis à chaque nouveau plan de licenciement. Ça fait autant de cons qui d’un coup comprennent, redeviennent un brin lucide et apprennent ce que le mot « humilité » signifie.

Bien à vous et merci pour votre article, l’auteur.


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