• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur Enseignement moral et civique à l'école...


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 23 mars 2013 05:04

@ Rosemar

Oui, je suis enseignant. Les psychologues scolaires sont des enseignants. J’ai enseigné de la maternelle à l’université. Et partout la problématique est celle des volontés qui s’affrontent.

La question que je posais, j’en connais la réponse : les enseignants ne résolvent pas l’équation car elle n’a qu’une solution : l’accord construit dans le débat démocratique (la pédagogie institutionnelle fait ça très bien mais elle est restée confidentielle malheureusement).

Or la démocratie les enseignants n’en veulent pas car ils en ont peur comme en a peur notre « aristocratie élective », ces élites déliquescentes que vous critiquez à bon droit. Là est le problème.

A partir de là, les enseignants s’accrochent désespéremment aux vestiges de leur autorité disparue, ils crient, ils sanctionnent en juge et partie, inconscients de l’arbitraire qui en découle nécessairement vu qu’il n’existe généralement pas de réglement adapté et qu’on est donc toujours dans le rapport de force pour savoir où se situent les limites. L’arbitraire étant aussi dans le fait que lorsque la « règle » existe, elle est appliquée quand cela chante à l’enseignant.

Tout ceci étant la conséquence inévitable du fait qu’il n’existe pas entre les élèves et l’enseignant d’accords convenus après débat sur ce qu’ils sont censés faire et respecter. Seul ce mode de régulation garantit l’absence de rapport de force.

Alors, oui, ça peut très vite être l’enfer pour l’enseignant qui va se plaindre que les élèves ne respectent plus rien, sauf que ce qu’ils ne respectent pas c’est ce qu’on veut leur imposer dans le plus complet irrespect de leur personne. A partir de là, no limit, ça pourra dévaler jusqu’aux pires extrêmités, au grand désarroi des adultes qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.

Et là, la patate chaude, elle est pour qui ?

Pas pour l’élève, il n’est que le produit de l’époque et du système.

Pas pour les enseignants qui sont dans la reproduction de ce qu’ils ont toujours connu et n’ont jamais eu l’occasion de remettre en question faute de formation adéquate. Il n’est pas dans leur mission d’inventer l’école démocratique.

La patate chaude elle est, je crois, pour le système de domination financière dans lequel nous sommes et qui, tout en nous racontant que nous sommes en démocratie alors que nous n’avons qu’une aristocratie élective (cf. Chouard etc.), nous soumet toujours davantage à un esclavage consumériste vis-à-vis duquel l’école n’a jamais jamais jamais été un contre-pouvoir.

Pour envoyer ballader tout ça il faut absolument que les enseignants VOIENT la violence de leurs pratiques au lieu de tenter de la justifier par des postures victimaires. Cela seul peut les amener à décider que « ça suffit » et qu’ils DOIVENT essayer la voie réellement démocratique à partir de laquelle la société pour réellement se transformer.

Cette prise de conscience enseignante ne concernant bien sûr que la partie émergée de l’iceberg des violences faites aux enfants, car l’essentiel se joue dans le cadre familial où le rapport de force et la violence sont omniprésents tant la démocratie semble hors de propos dans ces espaces clos de survivance de l’Ancien Régime où tout le monde veut être roi à la place du roi, l’enfant (qui imite) comme l’adulte smiley

 * * *

L’éducation démocratique est possible. Elle n’est pas compliquée. Elle est hyper efficace pour pacifier de manière non violente et respectueuse l’espace éducatif.

Pour y venir, il ne manque que plus que la prise de conscience des enseignants.
J’ai peur que, comme à l’accoutumée, elle ne vienne que lorsqu’ils seront à bout, lorsqu’ils en seront aux dernières extrêmités, juste avant l’irréparable...


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès