Je ne suis pas d’accord avec la « logique » de Vincent Verschoore : l’interdiction faite au musulmans de manger du porc n’implique évidemment pas l’obligation d’en manger pour les non-musulmans, et encore moins qu’on puisse imaginer une « religion » qui l’imposerait.
En effet, la laïcité, qu’elle soit politique, à la française (mais elle favorise en fait le prosélytisme de toutes les religions !) ou philosophique, à la belge (antidogmatique et anticléricale, mais pas antireligieuse) favorise la liberté de conscience et de pensée, et elle est donc tout le contraire d’une religion qui impose toujours la soumission à un dieu, à un prophète, à un livre « sacré », et à des dogmes.
« L’émergence ûber-laïque » (! ?), pour autant qu’elle existe, est seulement une saine et légitime réaction aux tentatives des religions en perte de vitesse (sauf l’islam) de reconfessionnaliser les consciences, de réinvestir l’espace public, surtout médiatique, et de recléricaliser la politique, surtout européenne, via l’Opus dei, notamment.
Les laïques, qualifiés de « minorités revendicatrices » (ne) ramènent (pas) tout à la religion, à la race« , et ils ne cherchent pas à museler les débats ».
(J’en témoigne modestement).
Ce sont plutôt les croyants qui ont besoin d’un « bouclier » pour refuser de constater l’absence concrète et persistante de tout dieu réel et de devoir conclure dès lors à son existence seulement subjective, imaginaire et illusoire. Je pense que tout être humain, malgré sa composante irrationnelle héritée de nos ancêtres et malgré l’animisme infantile, naît athée. Ce n’est que si cette virtualité religieuse est exploitée précocement par les religions qu’il devient croyant, et qu’il risque de le rester en l’absence d’alternatives laïques.
L’athéisme bien compris n’a pas pour but de s’imposer : il attend que chacun, à son heure et à son rythme, choisisse de croire ou de ne pas croire, en ayant eu connaissance des alternatives religieuses ET des options non confessionnelles hélas occultées ou dénigrées par toutes les religions.