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Commentaire de Bracam

sur Une Assemblée Constituante oui, mais laquelle ?


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Bracam Bracam 14 avril 2013 19:51

"Bracam, Vous avez raison, il faut bien commencer par quelque chose... 
Commencez donc par nous dire ce qui est dérangeant dans la Constitution actuelle ?"

Curieuse entrée en matière, que je déplore. Injonction peu pertinente, dès qu’on la lit. Curieux procédé, trop connu, qui consiste à mettre en cause nommément une personne, en la confrontant à ce que l’on prétend incontestable, que tout le monde semble devoir approuver, et donc manière de dévaloriser le propos de l’autre, et lui faire porter la charge souvent infamante des idées qu’on lui attribue. Avez-vous la moindre idée réelle de ce que je pense ?

Par exemple, un partisan de la peine de mort dira  : je suppose que vous ne considérez pas le crime comme acceptable ! Sous-entendu, en fait si, puisque vous vous opposez à la peine capitale, seule sanction qui puisse faire réfléchir les assassins. 

Donc non, cela ne me gêne pas que l’article 10 prescrive le respect des opinions. On dirait que vous mettez en cause mon éthique, et ce procédé vous occupe sur la moitié de votre intervention. Je ne dis pas que la Constitution actuelle est mauvaise ni en totalité, ni foncièrement, ni partiellement : je ne l’ai pas lue (pour diverses raisons qui, connues, serviraient à me discréditer indûment). Mon constat s’appuie sur une autre réflexion et se nourrit du partage de l’idée de nombre de personnes impliquées en politique, à qui j’accorde une part de confiance, autant qu’on puisse le faire. Dont je lis ou écoute ce qu’elles disent, avant toute idée d’étiquette politique. En ce sens, j’ai souvent lu Asselineau avec intérêt sur tel ou tel point.

Le monde actuel est pourri par des principes morbides qui risquent comme jamais auparavant d’entraîner l’Humanité à sa disparition. Au niveau national, le premier et peut-être le seul encore envisageable pour le citoyen, les moyens de faire face à ce défi de vie ou de mort commencent par l’indispensable rétablissement de la souveraineté de l’Etat dans tous les domaines où il s’est désavoué ou a perdu toute capacité d’action. L’Etat, c’est-à-dire le peuple qu’il représente, doit également se doter des moyens de changer radicalement les orientations économico-sociales et écologiques qui aujourd’hui sont soumises aux seules lois du marché et du capital. Même si la Constitution actuelle permettait de prendre ce virage à 180 degrés, cela ne s’est jamais fait ni ne se fera. Le système politico-financier est à ce point intriqué et pervers que, la preuve nous en est infligée depuis 30 ans, les règles démocratiques actuelles ne permettent pas d’échapper à l’esclavage dans lequel nous sombrons ni aux perspectives de destruction de notre éco-système humain (celui dont a besoin l’homme pour vivre ; la planète elle s’en moque). Il faut donc marquer sa détermination dans un acte fort et rénovateur, démocratique au sens vrai, qui casse également les codes régis par les castes dominantes.

Je ne me suis pas remis de mon saisissement face aux rugissements (attendus) de triomphe des idéologues de la Liberté, qui se sont permis de beugler que c’est elle qui avait triomphé lors de la chute du Mur à Berlin, avec nos vraies et seules valeurs. Et avec la protection du grand capital, gloire. Etrange de voir comme la victoire enchante avant tout lorsqu’elle résulte de la défaite du camp adverse, si possible un peu plus loin que sous ses fenêtres, histoire d’éviter une balle perdue. La révolution, voyons, c’est tout de même une histoire de sauvages, ça ne peut pas être démocratique, ni pacifique, paraît-il. C’est pourtant une « révolution » citoyenne que les promoteurs de la sixième République portent au coeur. Je vais jusqu’à croire que la plupart d’entre eux réfléchissent bien au-delà de leur personne : je le précise puisqu’il semble si difficile d’accorder la moindre confiance à personne ici-bas. De quoi certes terroriser quelques grands capitaines, mais en principe pas un peuple appelé à souffrir toujours plus dans le monde à venir.

Puisque la Constitution actuelle comprend des éléments fondamentaux, qui serait assez borné pour décréter que ces éléments devraient à tout prix être proscrits de la nouvelle ? Très étrange procès en sorcellerie. C’est entendu, il existe des gens qui manquent un peu de réflexion, on peut leur faire confiance pour ne rien comprendre à un raisonnement simple : 

Ce qui est foncièrement bon dans la Constitution actuelle est rétabli dans la suivante. L’éthique reste le fondement absolu de la réflexion et des textes à venir. Ce qui manque pour mettre fin aux agissements de la mafia du fric est ajouté. Ce qui fait défaut pour donner aux intéressés, le peuple, un contrôle sur l’application réelle de la nouvelle Constitution est adopté. Chaque citoyen engagé pour son pays réfléchit, échange, discute, propose, évolue en fonction des opinions de son semblable, transmet aux constituants s’il n’en fait pas partie, par le jeu démocratique, le résultat de ses réflexions et espoirs. 

C’est donc un processus long et interactif entre le monde politique et le peuple, dans lequel on se méfiera de ceux qui arrivent aujourd’hui déjà avec une nouvelle Constitution toute prête, ou décrètent qu’ils sont seuls habilités à la rédiger. Nombre de personnes se dressent de toutes leurs forces pour empêcher que cette rénovation débute alors que la majorité n’y songe même pas ou s’en fout : c’est étonnant. Demandez à Jean-Luc Mélenchon « son » texte ; il n’en a pas, expliquant ce que je viens de rappeler : la nouvelle Constitution appartiendra au peuple, qui la rédige en bonne intelligence entre tous les contributeurs fondés à participer. Je crois entendre le journaliste qui dit : alors Monsieur Untel, quelle est votre solution ? Comment, vous n’avez rien à dire, cela signifie forcément que vous êtes pour le statut quo, ou pour la guerre civile, pour l’établissement du goulag que vous défendez depuis un siècle, pour la suppression des droits civiques des femmes, pour le retour à la calèche et de la bougie, et on espérait que ces propos qui rappellent les années trente appartenaient au passé.

Parlons d’avenir, c’est du nôtre qu’il est question.


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