Bonjour et merci pour votre message,
qui me réjouit car je vois que vous n’hésitez pas à entrer dans
la
polémique.
Or, comme disait Héraclite « Polémos est père et roi de tout ».
Vous mettez en avant l’intérêt qu’il y aurait, a priori, pour les citoyens de marcher sagement sur les pas de la science institutionnelle en postulant qu’ils sont les experts et, nous les citoyens, des non compétents en la matière.
Le problème, voyez-vous, c’est que « marcher sur les pas de », ce n’est pas seulement s’informer de la production scientifique, c’est aussi en suivre la direction et il se pourrait qu’elle ne soit pas bonne pour la communauté des hommes. Qui doit décider, les scientifiques ou les citoyens ?
Depuis Kant, nous savons que la connaissance ne peut remplacer les valeurs.
C’est là où cet homme total qu’est le citoyen (qui a des connaissances, des affects et des valeurs qui orientent ses choix), se distingue du scientifique qui est lui trop souvent un automate cognitif mû avant tout par ses sources de financement.
Si je vous dis qu’en matière de nucléaire, d’ondes électromagnétiques, de vaccins, de pesticides un nombre dramatique d’études sont financées par des lobbies, vous commencez je pense à comprendre l’intérêt d’une science citoyenne.
La science c’est d’abord une affaire de politique, qui doit être mise au service de l’intérêt public. Pensez-vous que nous soyons dans ce cas de figure ?
Ce n’est pas du tout le cas. Les résultats scientifiques sont tous, par définition, réfutables et si vous comptez sur les scientifiques pour le faire, vous risquez d’attendre longtemps.
C’est précisément par rapport à la question de l’autisme que j’ai voulu prendre position en indiquant que si les parents avaient pu intégrer des fonctionnements de type science citoyenne l’archaïsme et l’éclectisme de certaines pratiques de soin n’aurait duré aussi longtemps.
Voyez mon mon second papier sur la question : Sortir de Babel : pour une science citoyenne - AgoraVox le média citoyen
En conclusion sur ce point, il me semble qu’une science citoyenne est non seulement possible, elle est indispensable afin que les politiciens puissent prendre des positions protectrices du bien public dans un maximum de circonstances.
Maintenant concernant la possibilité pour le citoyen d’accéder à l’espace de la réflexion et des controverses scientifiques, votre position ne semble de bon sens que parce que la distribution statistique de ceux qui sont capables de réflexion dans la population lui est favorable.
Mais vous ne pouvez exclure qu’un amateur éclairé puisse faire une contribution remarquable ou même exceptionnelle à la connaissance, scientifique ou pas. C’est le principe du Monde III de Popper. Toutes les idées sont légitimes a priori indépendamment des qualités de la personne (interdiction des critiques ad hominen).
L’histoire est replète de cas de cette nature avec, par exemple, le fameux Wegener, géographe de son état, donc à peu près incompétent en matière géologique, qui est allé contre la science de son temps et a vu sa reconnaissance acquise seulement une quarantaine d’année après.
La psychologie est une science jeune d’une grande immaturité et bien des percées sont accessibles aux individus motivés. Encore une fois, j’ai lu des récits de parents d’enfants autistes et ce qu’il décrivaient est une vraie démarche expérimentale qu’ils ont menée souvent avec l’opposition farouche du corps médical qui doit assurer le soin et n’est donc pas prêt à des révolutions conceptuelles à tout bout de champ.
Depuis quelque décennies que je fréquente l’université, je peux vous assurer qu’il n’y a pas, à première vue, plus d’intelligence dans les labos de recherche que, par exemple, dans l’administration postale ou le commerce.
Si les scientifiques étaient plus intelligents et plus logiques que le commun des mortels, ça se saurait, ça ferait longtemps qu’on en aurait la preuve. A ma connaissance nous ne l’avons pas.
20/05 08:10 - Luc-Laurent Salvador
Merci pour votre message pas si long que ça, rassurez-vous. Merci en particulier pour (...)
19/05 06:39 - Luc-Laurent Salvador
Je confirme le conatus de Spinoza relève bien du conatif. Oui, bien sûr, Hubert Reeves nous a (...)
19/05 06:14 - Luc-Laurent Salvador
Bonjour Hermes, Désolé, je n’ai pas vu passer votre commentaire. Ce genre de mésaventure (...)
18/05 21:24 - Hermes
Bonjour Luc Laurent, avez-vous vu passer un commentaire de ma part ? visiblement il s’est (...)
18/05 19:31 - Luc-Laurent Salvador
Bonsoir Lionel, Merci pour votre message très encourageant. J’ai visionné la première (...)
18/05 19:10 - Luc-Laurent Salvador
Je n’avais pas vu que vous êtiez déjà revenue sur ce passage. Vous amenez là (...)
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