Tout ceci est malheureusement vrai.
J’ai 18 ans. Etant dépressive depuis l’âge de 13 ans, j’ai vécu l’enfer dans les hôpitaux psychiatriques. Mon pire traumatisme date de Décembre 2012.
J’avais menacé de me suicider sur Internet. Un internaute avait prévenu les pompiers et la police. Ceux-ci sont venus me chercher chez moi et m’ont embarqué de force, alors que j’étais en pyjama dans mon lit.
Aux urgences, j’ai vu une horrible psychiatre, qui m’a dit que j’allais être hospitalisée de force. J’avais beau crier que je ne voulais pas, pleurer, elle s’en fichait complètement. Elle me disait juste : « On vous laisse pas le choix Mademoiselle, sinon j’appelle la préfecture de police et le maire ! »
Je n’avais qu’une envie, jeter toutes ses affaires, lui cracher dessus, m’enfuir en courant, me jeter sous une rame de métro pour ne pas être internée dans un horrible endroit appelé « hôpital psychiatrique ».
Malheureusement, quand j’ai tenté de me sauver, elle a hurlé « On va la contentionner ! On va la contentionner ! »
Imaginez-vous l’impact que ce genre de paroles « On va la contentionner ! » peut avoir sur une jeune fille en souffrance. Honnêtement, plus on entend ça, plus on a envie d’en finir, et au plus vite. Cette salope m’a rattrapée. Elle a demandé à des infirmiers de m’attacher.
Ils m’ont enlevé le haut de mes vêtements (soutien-gorge y compris), puis m’ont sanglé sur un lit durant 20 minutes. Un pur enfer, qui ne faisait que commencer.
Ensuite, ils m’ont transféré dans le service de psychiatrie « adulte » (puisque j’ai 18 ans et que je suis majeure, je suis considérée comme une « adulte », alors que bien évidemment, je n’en suis pas du tout une, d’ailleurs même physiquement je ne fais pas plus de 14/15 ans...)
Dans l’asile de fous où ils m’ont interné, les autres patients n’avaient pas 18 ans, mais entre 25 et 80 ans. Autant dire que moi, je n’étais qu’une petite fille par rapport à eux.
Ensuite, ils avaient quasiment tous des pathologies mille fois plus lourdes que la mienne. Certains avaient des hallucinations, ne comprenaient rien à ce qu’on leur disait, n’était absolument pas lucides. Il y avait un handicapé en fauteuil roulant qui bavait, tournait des yeux et était totalement incapable de se nourrir seul. Des vieilles venaient me demander à ce que je leur enlève leurs vêtements, même leurs soutiens-gorges !!! Je refusais : elles ne comprenaient pas, elles insistaient...
Bref, ils étaient gravement atteints. De vrais fous... Alors que moi, je suis parfaitement lucide, j’étais juste là-bas parce que j’étais malheureuse.
Ces patients me faisaient très peur, d’autant plus qu’il y a quelques années, il y a eu un meurtre dans le service voisin. Sans compter les innombrables vols dont nous parlaient les infirmières...
De plus, nous n’avions pas le droit de sortir, nous étions enfermées du MATIN AU SOIR. Service fermé. Mon problème : dépendance affective. Je suis obsédée par une personne, je pense à elle jour et nuit.
Alors quoi, c’est en m’enfermant du matin au soir que je vais cesser d’être obsédée par elle ? Au contraire : cette horrible dépendance ne fera que s’accroître en agissant de la sorte !
Il en est de même pour les jeunes filles anorexiques qui sont enfermées dans des chambres d’isolement. Elles qui sont déjà obsédées par leurs poids, plus on les isole, plus elles sont obsédées, puisqu’elles n’ont aucun moyen de se changer les idées ni de penser à autre chose.
D’ailleurs, on le voit bien, dès qu’elles ressortent, elles rechutent toujours, car l’anorexie est avant tout une maladie de l’âme...
A propos d’anorexie, moi je n’étais pas dans cet asile de fous pour anorexie, j’ai un poids tout à fait normal, et pourtant, ils ne cessaient de me répéter qu’ils ne me laisseraient pas sortir si je ne mangeais pas !!!
Mais leur nourriture est dégueulasse. Tellement dégueulasse que j’ai fini par manger des nuggets pour qu’ils me laissent sortir alors que je suis végétarienne....
Et je culpabilise beaucoup (je suis végétarienne à cause de la torture envers les animaux...)
Dans cet asile de tarés, ils m’ont également donné CINQUANTE gouttes de Tercian (oui, oui,CINQUANTE, je ne blague pas !)
Résultat : Vertiges, malaises, chute de tension, pâleur extrême, impossibilité de tenir de bout, je me suis écroulée à 2 reprises dans les couloirs. Je n’avais JAMAIS fait de malaises aussi terribles de toute MA VIE !
Ces connards disaient que ces malaises étaient dus au fait que je ne « mangeais pas assez » : comment réagir face à une telle connerie ?!
Il m’est déjà arrivé de jeûner deux jours de suite sans avoir le moindre malaise.
Ils m’avaient donné ce neuroleptique pour soit-disant « m’apaiser ». Ah, c’est ça qu’ils appellent « apaiser » ? Qu’ils revoient leurs dicos ces enfoirés...
Mais ça leur plaît. Même s’ils savent qu’ils nous détruisent, ils s’en foutent, puisque comme dit maintes et maintes fois, les médicaments, ça fait le bonheur de l’industrie pharmaceutique. Alors plus on en vend, mieux c’est !!!
J’ai même l’exemple de mon médecin généraliste qui a voulu me prescrire du Zyprexa. Il m’en a prescrit alors qu’il ne connait strictement RIEN de mes problèmes, que je ne lui ai JAMAIS RIEN DIT, jamais parlé. Mes parents lui ont juste dit que j’étais « déprimée ». Point à la ligne.
Donc voilà, les psychiatres et les médecins généralistes peuvent même nous prescrire leur poison avec ZERO minutes d’entretien, uniquement si une personne de votre entourage leur dit que vous êtes « déprimé », et ce même si vous êtes majeur !!!!!!!!!!
Le plus horrible, c’est de se sentir impuissant face à toute cette atrocité.
Vous connaissez le livre « Le Pavillon des enfants fous » de Valérie Valère ?
Elle décrit tellement bien l’enfer des hôpitaux psychiatriques.
Elle ne cessait de répéter : « Ils ne m’auront pas !! »
Elle a de la chance, elle s’est suicidée, ils ne l’ont pas eue... Moi non plus, ils ne m’auront pas !!!!!!!!!!
Honnêtement, si on l’avait mieux traitée, peut-être irait-elle mieux et serait-elle toujours en vie ? Tout comme Solenn, la fille de Patrick Poivre d’Arvor, qui a dû subir DEUX MOIS d’isolement. La pauvre... Moi, je n’ai passé que 4 jours en service fermé, et j’en serai déjà traumatisée à vie (pourtant, j’avais le droit de voir ma famille), alors j’ose à peine imaginer ce qu’elle a dû enduré.
Qu’elle se soit jetée sous une rame de métro, ça ne m’étonne pas.
Quand on est déjà malade comme elle, c’est déjà super dur, alors pour nous aider, on a besoin d’amour, d’affection, de renfort et de soutien.
Au lieu de ça, on a enfermé cette jeune fille qui souffrait déjà, on lui a interdit tout contact avec sa famille, on l’a coupé de tout ses liens. L’isolement renforce la dépression.
Et après, on s’étonne qu’elle se soit suicidée —’
Mais c’est pourtant parfaitement LOGIQUE !
Au moins, à la Maison de Solenn, ils n’agissent pas ainsi, ils n’interdisent pas le contact avec les proches. Ils pensent au contraire que la famille est très importante pour la guérison.
Bon, le seul truc que je déteste là-bas, ce sont encore les médocs qu’ils prescrivent, mais cet endroit est quand même bien mieux qu’un HP...
Le séjour que j’ai vécu en décembre 2012 me traumatisera à vie. Je dirais même qu’il s’agit du pire traumatisme de toute ma vie. Et je préfère encore mourir plutôt que de vivre à nouveau un tel calvaire. Les séquelles me marqueront à vie.
Je le répète, les personnes qui vont mal ont besoin d’aide, d’amour, de soutien et de réconfort.
Allez en HP, et vous ne récolterez QUE l’inverse. L’amour et l’affection, on vous les retirera DES votre entrée... et ce n’est même pas sûr que vous pourrez les retrouver un jour.
Car si votre séjour est trop long, vous risquez de devenir réellement fou...
Ah oui, tous mes proches le savent : ils sont eux aussi persuadés que si j’étais restée là-bas, je serai devenue complètement cinglée. Ou bien, j’aurais trouvé un moyen de mettre fin à mes jours là-bas !
Et qui sait, il y aurait peut-être eu un article sur le Net ensuite, comme celui-ci, avec pour titre : « Une adolescente de 18 ans se suicide dans un hôpital psychiatrique »
Et avec comme article : « Samedi dernier, une jeune fille de 18 s’est donné la mort dans un hôpital psychiatrique de Seine-Saint-Denis. Avant de commettre l’irréparable, elle a laissé une lettre, où elle explique que son profond mal-être a été grandement accentué par son internement. » [...]
Qui sait, peut-être que ça arrivera un jour d’ailleurs ?
Puisque dorénavant, je vis comme une criminelle. Ah oui, les médecins me l’ont dit, si je refais une connerie, c’est retour en prison (non, pire que la prison peut-être...)
Tu commets un crime, tu vas en taule. Tu fais une tentative de suicide, tu vas à l’hôpital psychiatrique. Quelle différence ?
J’ai lu des témoignages de certains détenus sur des forums, qui disaient avoir préféré la prison à l’HP...
En tout cas, une chose est sûre : si j’ai un jour à nouveau envie de me suicider, il est sûr que je ne me louperai pas. Oui, il vaut mille fois mieux mourir plutôt que d’être enfermée dans un « hôpital psychiatrique ».