Ariane tu dis « Mais j’avoue que j’aimerais la voir au pouvoir . »
« Le 14 octobre de l’année dernière, Remmele, l’un des trois chefs officiels du Parti communiste, déclarait au Reichstag : »C’est M. Brüning lui-même qui a dit très clairement : quand ils (les fascistes) seront au pouvoir, le front unique du prolétariat se réalisera et balayera tout« (bruyants applaudissements sur les bancs communistes). Que Brüning cherche à effrayer la bourgeoisie et la social-démocratie par une telle perspective, c’est compréhensible : il défend son pouvoir. Que Remmele console les ouvriers avec cette perspective, c’est une honte : il prépare le pouvoir d’Hitler, car toute cette perspective est radicalement fausse et témoigne d’une incompréhension totale de la psychologie des masses et de la dialectique de la lutte révolutionnaire. Si le prolétariat d’Allemagne, qui est aujourd’hui le témoin direct de tous les événements, laisse les fascistes accéder au pouvoir, c’est-à-dire fait preuve d’un aveuglement et d’une passivité absolument criminelles, il n’y a décidément aucune raison de compter sur le fait qu’après l’arrivée des fascistes au pouvoir, le même prolétariat secouera sa passivité et »balayera tout« : en tous les cas ce n’est pas ce qui s’est passé en Italie. Remmele raisonne entièrement dans l’esprit des phraseurs français petit bourgeois du XIXe siècle, qui faisaient preuve d’une incapacité totale à entraîner les masses à leur suite, mais qui, par contre, étaient fermement convaincus que, lorsque Louis Bonaparte prendrait la tête de la République, le peuple se lèverait sans attendre pour les défendre et »balayerait tout« . Cependant le peuple, qui avait laissé l’aventurier Louis Bonaparte accéder au pouvoir, s’avéra, évidemment, incapable de le balayer ensuite. Il fallut pour cela de nouveaux événements importants, des secousses historiques, y compris la guerre. »
« Remmele sent lui-même que son optimisme boite de la jambe gauche, et il essaie de la consolider. »Ces messieurs les fascistes ne nous effraient pas, ils s’useront plus vite que n’importe quel autre gouvernement (« tout à fait vrai », sur les bancs des communistes)« . La preuve : les fascistes veulent l’inflation du papier monnaie, et c’est la ruine pour les masses populaires ; par conséquent, tout s’arrangera on ne peut mieux. C’est ainsi que l’inflation verbale de Remmele égare les ouvriers allemands.
Nous avons ici le discours programmatique d’un chef officiel du parti, édité en un grand nombre d’exemplaires et qui doit servir à la campagne d’adhésions du Parti communiste : un formulaire tout prêt d’adhésion au parti est imprimé à la fin du discours. Ce discours programmatique est entièrement construit sur la capitulation devant le fascisme. »Nous ne craignons pas« la venue d’Hitler au pouvoir. Mais c’est en fait une formule inversée de lâcheté. »Nous« ne nous considérons pas comme capable d’empêcher Hitler d’arriver au pouvoir ; pire : nous, bureaucrates, sommes tellement pourris, que nous n’osons pas envisager sérieusement la lutte contre Hitler. C’est pourquoi, »nous n’avons pas peur« . De quoi n’avez-vous pas peur : de la lutte contre Hitler ? Non, ils n’ont pas peur... de la victoire d’Hitler. Ils n’ont pas peur de se soustraire au combat. Ils n’ont pas peur de reconnaître leur propre lâcheté. Honte, trois fois honte ! »