C’est sur ce point que vous montrez vos limites en connaissances historiques (et juridiques)
L’Inquisition (avec un I majuscule), c’est un tribunal ecclésiastique qui se prononce sur le caractère chrétien ou hérétique de telle ou telle doctrine.
L’inquisition (avec un i minuscule), c’est la procédure juridique utilisée par ce tribunal ecclésiastique qui comprend : une partie civile (procureur), la défense (avocat), un juge.
La procédure d’inquisition fut fut un grand progrès par rapport aux situations antérieures, car elle consacrait le droit à un débat contradictoire devant l’autorité judiciaire, avec le droit pour tous à une défense (avocat). Avant les gens n’avait pas le droit de se défendre (procès Stalinien) ou bien se faisaient justice eux-même.
La procédure d’inquisition fut reprise par les autorités laïques : il y a une distinction du pouvoir temporel et spirituel en christianisme. L’inquisition espagnole dépendait du Roi d’Espagne (Charles Quint) et non du Vatican.
De même, lors de la guerre contre les cathares, les mesures du Vatican ne consistaient qu’en des mesures de conversions par le Verbe. Mais suite au meurtre d’un religieux, c’est le Roi de France qui a pris les choses en main, et l’inquisition fut alors placée sous la responsabilité du Roi de France.
C’est la même chose pendant la période de la chasse au sorcière.
Les tribunaux d’inquisitions qui condamnaient n’étaient pas liés à l’église, mais liés aux structures juridiques régionales (seigneurs locaux, conseils municipaux ou parlements régionaux).
Voir par exemple Jean Bodin.
Donc, il ne faut pas vous imaginer les temps prérévolutionnaires comme une immense organisation jacobine dont le pape aurait été la tête. Non, il y avait nombre d’institution judiciaires différentes qui s’imbriquaient avec une organisation propre à chaque lieu. Il est vrai que, progressivement, avec la centralisation monarchique, une justice nationale se créa, sous tutelle du Roi.
Toutes ces institutions judiciaires disparates ont peu à peu repris la méthode inquisitoire, fondée sur le débat contradictoire (« disputatio » et « dialectique ») en copiant les procédures du tribunal d’inquisition du Vatican, appelé l’Inquisition (avec un I majuscule).
Mais toutes ces institutions judiciaires ne dépendaient pas du Vatican, elles étaient laïques. (Ex : le parlement de Paris avait son mot à dire quant aux bulles papales et pouvait très bien refuser des les enregistrer).
Il faudrait cesser de confondre les procédures des tribunaux laïques avec le tribunal ecclésiastique du Vatican.
Si les tribunaux laïques ont en effet repris la procédure du tribunal ecclésiastique Romain, c’est que cette procédure apportait certaines améliorations, notamment le droit de bénéficier d’un avocat. Mais ces tribunaux laïques ont jugés en leur nom propre : Et si le nom de la procédure qu’ils ont utilisé a aussi été utilisé pour désigner le tribunal ecclésiastique Romain, moyennant une lettre majuscule, il ne convient pas de mélanger les actes des uns et des autres, les responsabilité des uns et des autres.
Ce serait comme mettre aujourd’hui au compte de l’Inquisition Catholique les divers scandales judiciaires qui émaillent périodiquement notre pays...