Pardon, je me suis sans doute mal exprimé. Ou alors vous faites semblant de ne pas comprendre, peut-être pour montrer que le « vieux con » que vous êtes (pourtant ce n’est pas vous que je visais) est encore mieux calé que moi, « jeune con », sur la musique :) ce qui est fort possible. Je connais quand même deux ou trois trucs sympa sur la période moderne, rassurez-vous et ce n’était pas ce que je voulais dire.
Mon point était de dire que quand vous allumiez la radio en 1980, vous aviez d’excellentes chances de tomber sur ceci :
« Nous n’avons pas besoin d’éducation.
Nous n’avons pas besoin que nos pensées soient contrôlées.
Sombre sarcasme en salle de classe.
Hé, le prof : laisse les gosses tranquilles !
Au fond, tu n’es qu’une brique de plus dans ce grand mur. »
Traduction en speed hein, ’y a sans doute moyen de faire mieux (pas taper moi). Récemment l’un des membres du groupe, Waters, s’est rendu en Israël où il a écrit sur le « mur » d’apartheid justement : "we don’t need no occupation, we don’t need no racist wall" ou un truc dans le genre. La radio d’aujourd’hui n’en a même pas parlé.
En 1992 il y avait de forte chance que vous entendiez ceci pendant les embouteillages :
« C’est lui le mec qui adore toutes nos jolies chansons.
Et il adore les fredonner.
Et il adore tirer en l’air avec son flingue.
Mais il ne comprend pas ce que ça veut dire...
Il ne comprend pas ce que ça veut dire...
... quand je dis que c’est lui le mec qui [etc] »
Ou alors vous pouviez tomber sur le clip du gros tube de Nevermind, dont la pochette représentait un bébé-nageur tendant la main vers un hameçon avec un billet en guise d’appât, Smells Like Teen Spirit avec son ambiance glauque de campus universitaire surfait et ses pom-pom girls toutes belles « dansant » comme des folles pour tenter vainement de vous empêcher de voir combien l’ensemble, le cadre, la chanson, étaient crades (« grunge » en anglais). Nirvana faisait du simple mais profond, du qui flaire la chute dont le suicide de Cobain demeure emblématique. C’est peut-être un des derniers grands groupes rock « mainstream », enfin selon mon opinion... écouter aussi Sappy pour un message finalement très proche de celui de Pink Floyd, le « mur » étant juste remplacé par un « bocal » dans lequel vivent des insectes heureux et inconscients d’être en fait prisonniers.
En 2001 sortait l’album « Toxicity » de System Of A Down, plutôt pas mal musicalement mais très métal donc assez peu orienté « grand public », avec notamment cette chanson qui nous rappelait que :
« Environ deux millions de citoyens croupissent dans les geôles du système pénitentiaire américain. »
Autrement dit :
« Le taux d’incarcération aux USA a doublé depuis 1985 [càd entre 1985 et 2001... c’est encore pire depuis le 11 septembre évidemment]. »
La chanson ironise sur le fait que la plupart des prisonniers le sont pour de petits trafics quand chacun sait que la drogue fait partie du jeu des politiques en place outre-Atlantique dont elle paie les élections et les guerres qu’ils mènent partout en bons « gendarmes du monde » qu’ils sont. Elle (la chanson) parle aussi d’injustice sociale et de ces écarts de revenus (ultra-riches contre nouveaux pauvres) qu’on retrouvera dix ans plus tard au cœur du discours du mouvement Occupy entre autres. Malheureusement les titres de SOAD étaient rares niveau radio « mainstream », trouvables surtout sur des stations orientées rock et public d’ados (pas assez « ear-friendly » pour les vieux cons :p), avec principalement des titres plus poétiques tels que Chop Suey, Aerials, ou Toxicity qui donna son nom à l’album. Si je me souviens bien de mes années lycée, c’était plutôt le retour du glam-rock avec des groupes plus inoffensifs genre les Strokes, Blink-182 où Linkin Park s’il faut citer un truc genre métal mais plus « émo » avec des textes sur « moi », pas sur le monde. On est passé de messages disons « ouverts » à d’autres plus fermés, auto-centrés pour ne pas dire recroquevillés, bref au pathos 100% pur jus.
Enfin si j’allume NRJ en 2013, il y a des chances que je tombe sur ceci qui est emblématique de ce que je disais :
« Je sais bien que tout nous sépare,
Je sais qu’il faudrait s’enfuir.
Mais je n’irai plus nulle part
Sans vouloir lui revenir,
Sans vouloir nous retenir.
Mais d’où vient le feu qui s’empare
De mon âme, ma moitié ivre.
Soudain pour un simple regard,
Je veux vivre au bord du vide (x2)
Pour tomber dans ses yeux...
Tomber, m’abandonner au désir
Qui s’embrase.
Danser, dans ses yeux...
Danser...
Je veux tanguer aux accents de l’extase. »
D’ailleurs c’est marrant, quand ça « tangue » c’est mauvais signe — ça fait très « Titanic ». Mais l’essentiel est là : la pièce s’appelle 1789 et tout ce qu’on retient de la Bastille, ce sont ses « amants ». Le cul, la b*te, et puis le désir qui s’embrase. On est plus du tout dans le « qu’est-ce que la Bastille, qu’est-ce que ça représente ? », non : on est dans le « moi je m’en fous, je veux juste danser, m’extasier ivre, baiser ». Tout et dans ce que JE ressens, ce que JE veux pour MOI, mes instincts primaires et le monde peut bien s’effondrer autour de moi : je m’en fous. Pouvez faire la guerre, vous occuper de politique, de rébellion toussa — moi je danse et je me perds dans les yeux de ma Juliette. Et ça me suffit.
Cette nouvelle pseudo- « cul-ture » mainstream tend à faire de ceux qui écoutent encore la radio, et ils sont nombreux, des moutons dociles qui ne pensent qu’à manger, à boire, à se reproduire. Pardon pour le cliché mais ’y a pas d’autres mots. Et puis maintenant côté télé, ’y a NRJ12 et ses « anges » de la real-TV, et surtout des cross-over entre les deux médias. Ainsi Sofiane, ex-StarAc’ et « ange » saison 4, se fend d’une lovesong qui ferait presque passer le Romeo and Juliet de Knopfler pour un poème niveau CM1 :
[Cliquez ici pour les paroles si vous y tenez. Il est possible qu’une ou deux fautes d’orthographe s’y soient glissées, mais rien de bien méchant :D]
Je vous ai mis la version parodique parce que 1) mieux vaut en rire et 2) la « vraie » version est censurée sur YouTube : limite d’âge probablement liée au « visuel » du clip (à moins qu’il ne s’agisse d’une tentative désespérée de préserver quelques neurones sur quelques vues). Si je pousse mon raisonnement jusqu’au bout (quitte à être encore long et à le regretter), je dirais que ça nous emmène « tous », enfin surtout le public de ces perles, vers ça :
http://www.youtube.com/watch?v=vERYfrG1FXw&feature=player_detailpage#t=59s
Ou encore ça :
http://www.youtube.com/watch?v=1kGmQ3kkU3I
... càd le cri comme mode d’expression des émotions primaires : joie, colère, ce genre de chose et EXCLUSIVEMENT ce genre de chose. C’est ce vers quoi tendent les évolutions ou plutôt les « régressions » de la culture mainstream de nos jours : la fin du langage et le retour à un mode d’expression cro-magnonesque, abandonné il y a des milliers d’années pour construire un ou plutôt « des » systèmes sophistiqués de sens nécessaires à la pensée disons « complexe » et notamment aux capacités d’abstraction pointues propres à l’espèce humaine. Le tout sur fond de retour, aussi et comme dit plus haut, au pathos et à l’égo qui de toute façon rendent ces capacités inutiles : puisque seuls comptent la baise et les instincts primaires, les cris me sont après tout suffisants pour exprimer ce que j’ai à exprimer. Et la boucle est bouclée.
Mon point était donc de dire que certes il reste des poches de résistance, mais que la culture mainstream càd celle dont on nous rabat les yeux et les oreilles, celle qui est omniprésente et qu’on est forcé d’écouter qu’on le veuille ou non, cette « cul-ture » -là tend à tous nous débiliser. Elle est un agent de régression du conscient et de l’intelligence pour faciliter le travail sur l’inconscient et les besoins primaires d’acheter, manger, boire, se reproduire, pendant que d’autres se chargent d’abstraire et de résoudre. Les révolutions se font toutes seules pendant qu’on danse, pendant qu’on s’exalte — « ils » s’occupent de tout... c’est sans compter que les éleveurs nourrissent rarement leur bétail pour son seul bonheur et sans aucune contre-partie mais ça, c’est une autre histoire et je vais donc m’arrêter là.
Ce que je voulais dire c’est simplement qu’en 1980, la radio « ouvrait » votre esprit, et qu’en 2013 elle le ferme. En espérant que cette fois, vous m’aurez mieux compris :)
23/06 21:16 - 65beve
@BDugué, La représentation populaire aux assemblées n’a de populaire que le nom. On (...)
21/06 19:14 - Proudhon
@l’enfoiré Putain je l’avais pas vu ton article de merde. Une merde de plus quoi ! (...)
21/06 19:10 - Proudhon
@asterix Le problème c’est que moi aussi je suis allé à Cuba, donc tu ne peux pas me (...)
20/06 07:13 - asterix
Heureusement qu’il existe des vieux qui restent jeunes dans leur tête, qui ne se (...)
20/06 07:04 - asterix
Proudhon bonjour, Si je souscris entièrement à tes conclusions, ce n’est pas le cas de ta (...)
19/06 18:36 - Proudhon
@spartacus Tu crois que tu es le seul à avoir été censuré sur Agoravox. Pauvre bête ! Moi (...)
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