Cette émission - et c’est rare - faisait plutôt honneur à ce qu’on peut attendre d’une campagne électorale. Hormis les interventions dépassées de la pauvre Christine Ockrent et de l’amer Serge July pour lesquels la discussion semblait voler trop haut, on a assisté à un vrai débat, avec des intervenants peu complaisants mais courtois et pointus. Comme aucun d’eux n’étaient de purs journalistes (contrairement aux deux hystrions cités plus haut), cela pose justement la question de l’utilité de confier ce genre d’émissions à la gent médiatique !!! Là où les journalistes se délectent de petites phrases, d’anecdotes sans intérêt, d’antagonismes stériles, nos intervenants se sont portés sur des questions de fond, dans le respect de la parole d’autrui et ce fut bien agréable.
Concernant François Bayrou, il a été à la fois habile et sincère, prudent mais déterminé, poli mais ferme... Sans jamais élever le ton, il a su intelligement destabiliser ses contradicteurs, sans pourtant apporter de réponses définitives, ni être tout à fait convaincant, se contentant de quelques artifices plutôt que d’un programme affirmé, allant toujours dans le sens de sa vision cohérente de la société. Et c’est une fois de plus ce qui le démarque véritablement des autres candidats et lui confère une stature en adequation avec le rôle de Président de la République auquel il prétend. Ce Bayrou là, davantage que d’être l’incarnation d’un programme, qui devrait être mis en place par un 1er Ministre, veut figurer un Président qui oriente la société dans un esprit de rassemblement, de compréhension et d’écoute, redonnant au passage quelques lettres de noblesse à la fonction. Là où les autres sortent leur programme comme un couteau Suisse, François Bayrou porte un véritable projet de société et rappelle quelque peu le Chaban Delmas de 74... Ce même Chaban Delmas qui, faisant si peur au triumvira Chirac-Garaud-Juillet, s’est alors fait littéralement flinguer au profit de Giscard, que personne n’aimait pourtant et dont tout le monde se méfiait. Espérons que nos amis Ségolène et Nicolas ne jouerons pas aux apprentis sorciers au détriment de François Bayrou, car il n’est pas de Giscard en vue, juste un Le Pen...