Le meurtre d’Abel est le premier d’une longue série de mensonges bibliques. Et c’est le pire des mensonges, celui qui consiste à mentionner des faits en détournant leur signification profonde, en mettant de l’avant une partie des faits et en en occultant d’autres. Tout ceci a pour objet d’imposer une coloration morale particulière, et en classifiant les « Bons » et les « Méchants » selon sa propre convenance.
Ainsi, Caïn a bien tué Abel. Mais, qu’est-ce qu’Abel a bien pu faire à Caïn qui pût, sinon justifier ce meurtre (mais s’agit-il vraiment d’un meurtre ?), au moins le remettre dans son contexte et ainsi l’expliquer peut-être ?
La Bible rapporte que Caïn était cultivateur, et Abel, éleveur de troupeaux. Pas un mot évidemment sur le fait qu’un cultivateur est un sédentaire, que la culture de la terre a été le prélude à la civilisation en fixant l’homme au sol. Alors que l’élevage des troupeaux relève du nomadisme, du déplacement d’une terre à une autre en les dévastant à tour de rôle avant de les quitter. On peut dès lors imaginer tous les dégâts que le « Bon » Abel a occasionné aux terres de son frère, le « méchant Caïn » avant que celui-ci ne se décide à mettre fin à ces ravages.
Car on imagine mal le meurtre gratuit dès lors que l’on se penche quelque peu sur les détails de ce meurtre.
Venons-en à l’actualité : avez-vous remarqué l’alliance tacite entre trois entités ? D’abord, les USA (cow boys nomades, éleveurs de troupeaux). Puis Israël (qui se réclame des Hébreux éleveurs de troupeaux et nomades. Hibri, singulier d’Hébreux en arabe, signifie très précisément « celui qui a traversé, qui est venu d’ailleurs ». Le « survenant », dirait-on au Québec. Enfin les Arabes de la Presqu’Île arabique également nomades à la différence des « Arabisés » du Croissant Fertile, leurs voisins différents. Venons-en à ces derniers : Entre la Mésopotamie, la Syrie, la Palestine et le Liban se sont développées des civilisations urbaines dont le point de départ, dans tous les cas, a été l’agriculture.
Étrange qu’aujourd’hui, ces derniers -qu’il s’agisse des Palestiniens, des Iraquiens, des Syriens ou du Hezbollah libanais- soient TOUS des méchants. Alors que les BONS sont précisément les prédateurs, héritiers d’Abel. Tous adeptes inconditionnels de ce nomadisme moderne appelé MONDIALISATION.
Ce n’est pas moi qui ai le culot d’affirmer cette dernière étrangeté. C’est Jacques Attali lui-même. Lire son apologie de la mondialisation nomadisée ou du nomadisme mondialisé comme vous voudrez. Il s’agit de L’Homme Nomade, publié chez Fayard en 2003.