Commentaire emblématique de la stratégie thèse-antithèse-synthèse dont
parle notamment Pierre Hillard : la question n’est pas de savoir si
d’autres ont fait pire, ou le font toujours, mais s’il est acceptable de
laisser l’administration US recourir aux pratiques les plus immondes
(torture, guerres « préventives » sauce Albright, massacre des ennemis dont civils et
espionnage des « amis », restriction des libertés et droits
constitutionnels au niveau domestique, etc. — la liste est longue !), le
tout sous couvert d’un « secret défense » dont la levée finit toujours
par révéler d’incroyables et ô combien tristes réalités.
Je crois
sincèrement que la plupart des contributeurs de ce site ont compris, et
depuis longtemps, que le clivage gauche-droite ou coco-libéral est un
leurre, un écran de fumée, le combo thèse-antithèse qui oblige chacun à
prendre partie et à s’impliquer dans un rapport de forces dont le seul
objet consiste au fond à détourner leur attention des vrais problèmes :
la synthèse, le truc qui dépasse tous les clivages, l’immonde phallus
qui s’engage pendant que chacun s’occupe à surveiller les phalanges des
deux mains gauche et droite. Et vraisemblablement, les trois organes
participent du même corps avec les mêmes constituants ce qui rend la
situation d’autant plus cocasse : le mondialisme se moque éperdument de
savoir si l’avenir sera coco ou libéral. Il sera dirigé par ceux qui le
fomentent.
Les dérives qu’elles soient celles de l’un ou l’autre
camp, restent des dérives et doivent être dénoncées, combattues,
stoppées. L’important c’est le bien commun et je ne pense pas (mais
peut-être ai-je tort ?) qu’aucune des idéologies parmi lesquelles on
nous impose de « choisir » soit de nature à favoriser ce bien commun. Le
communisme a certes tendance à nier l’individu et son génie, ce qui est à
mon avis plus grave que le fait de ne pouvoir s’enrichir démesurément —
mais le capitalisme néo-libéral ne me semble pas davantage viable sur
le long terme : il aboutit inexorablement à des écarts de richesse et de
condition dont l’effet sur les masses est finalement proche de celui du
communisme avec en plus des tensions sociales qui ne peuvent que
dégénérer. Même si on ne veut pas de la lutte des classes, celle-ci s’impose dès lors que la survie des uns est menacée par l’accumulation de richesses par les autres.
Bref
— je digresse encore, pardon, mais de grâce ne tombez pas dans le
panneau réactionnaire 100% pur jus qui fait le jeu de notre
déliquescence. Le recours assumé à la torture comme l’affaire Snowden, comme les déclarations d’Albright il y a vingt ans,
comme tant d’autres choses n’est pas acceptable a fortiori venant d’un
pays qui se prétend le défenseur des droits de l’homme, des libertés
individuelles ou encore de la démocratie. L’ironie, l’hypocrisie de la
chose est abjecte : c’est ça que l’on condamne et qu’il faut condamner. Et plus on aime l’Amérique, plus on se doit de le condamner. (Parce que cela participe de sa destruction.)