Merci pour ses explications. C’est bien ce que j’avais compris.
Je repète le reproche que je vous fais : votre théorie du mimétisme ne laisse pas de place à l’altérité : Pour moi, les victimes afghanes des guerres américaines ne peuvent pas être des victimes au même titre que celle des tours jumelles parce qu’elle représente l’autre et à ce titre font parties de la même catégorie que Ben Laden : Si elles ne sont pas comptabilisées, c’est qu’elles ne sont pas perçues comme victimes collatérales de la guerre mais bel et bien perçue comme complice de Ben Laden, elles sont en quelque sorte, elles aussi, le bouc émissaire et elles doivent leur statut en raison de leur altérité. Cain tue Abel non pas en raison du mimétisme mais en raison de son altérité.
Quoiqu’il en soit le fait qu’ici le bouc émissaire ne soit pas la victime me gène un peu, j’y vois comme une sorte d’incohérence avec la théorie de Girard. Mais sans doute l’ai-je mal compris et suis-je, comme vous dites passé à coté.
essayons de mettre au clair.
Pour Girard, le sacrifice rituel se déroule de la façon suivante :
- Conflit (mimétique) - désignation du bouc émissaire - mise à mort du bouc - détente - paix.
Dans le cas présent, il ne s’agit pas de sacrifice rituel mais de violence pure.
Le point de vue girardien tel que vous l’avancez serait :
Désir mimétique ( de la part de Ben Laden) - agression, violence - victimisation - vengeance.
le point de vue de la version officielle , proche du précédant - serait :
- agression - riposte
de ce point de vue, pas de sacrifice, pas de bouc émissaire. Simplement la guerre avec un agresseur et un agressé qui se défend. les victimes sont des victimes et non des sacrifiées, Ben Laden est un salaud et non un bouc émissaire.
La lecture de Luc Laurent :
- Sacrifice occulté des concitoyens - victimisation - désignation du bouc émissaire - vengeance.
Le bouc émissaire n’est pas sacrifié, il est simplement tué. tué comme réponse à la haine : je ne le hais plus puisque je l’ai tué.
Ici, sacrifiés et bouc émissaire ne le sont que pour les élites US en raison de leur volonté manipulatoire et pour Luc Laurent qui les regarde.
Vu sous cette angle, cela signifierait que le sacrifice rituel condenserait, dans la figure de l’animal sacrifié, deux états de la violence ordinaire en réalité distincts mais que le sacrifice réuni, celle de victime de la violence et celle de coupable de cette violence dont il faut se venger.
La mise à mort serait alors la disparition à la fois de la victime de la violence et à la fois du responsable de cette violence. comme dit plus haut : je ne le hais plus puisque je l’ai tué = la paix.