J’observe que la plupart des gens parlent de façon ethnocentrique, tout en prenant leur thé, de façon dégagé, sur le toit de leur niche, le petit doigt en l’air
.
L’illusion que l’homme peut se passer du reste de l’univers reste très forte.
C’est la rançon de la raison dévoyée, de Descartes.
Levi-Strauss , malgré ses constats et ses alertes, n’a pas réussi à faire bouger les des-cartes.
Tristes tropiques, disait-il, d’un air désabusé, mais pourtant passionné, à la façon de ces archéologues qui ne disposent plus qu’une semaine ou deux, pour faire l’inventaire d’un tombeau gaulois trouvé par une engin de terrassement, avant que les constructeurs d’autoroutes ne goudronnent tout.
Que les rimes et les coutumes locales se soient appauvries, on peut continuer à discuter indéfiniment.
Mais bien peu de gens, même parmi les nostalgiques, affirmeront, par exemple en 45, que c’était mieux avant,
ou peut être Pétain, Laval, et consors.
Ce qui est sûr et certain, en dehors de nos états d’ames, c’est que c’était mieux avant par exemple pour le règne animal, et la diversité biologique en général. Il existe certaines races qui ne pourront par exemple pas prendre place pour ce débat philosophique, pour la bonne raison qu’elles n’existent plus.
Quand à celles qui restent
Il faudrait aller interviewer les cochons dans les élevages industriels, des animaux dont nous partageons la majeure partie de notre capital génétique, et qui sont soumis à un traitement abject, purement économique, en rupture total des liens qui existaient entre hommes et animaux, même aux plus sombres heures de l’histoire, la chute de rome, le moyen age..
Je sais, je parle pour eux.
Néanmoins, je crois par me tromper en affirmant qu’ils préféraient la gadoue des cours de ferme, et la terre où ils pouvaient pousser du groin, que les aires cimentées de leurs locaux furieusement modernes, où leur évolution en poids s’apparente à celle des oies que l’on gâve. Et l’on entrave les mères pour qu’elles n’écrasent pas leurs petits, où les mangent
La dégérescence vous amène à ce genre de choses
.
Je parle de ces immenses hangars de tôles, de ces grands ensembles qu’on voit dans la campagne au loin.
De ceux des villes, pourvus d’’ascenceurs, c’est un terrain miné, je me hasarde pas.
Je ne parle pas des oiseaux migrateurs qui disparaissent, des balaines qui perdent le nord et viennent se fracasser sur nos rivages.
Tout cela est très inquiétant !
Il ne s’agit plus là de nostalgie, mais de vie et de mort des espèces qui nous entourent, de notre vie évidemment à nous tous.
Y en a t’ils qui peuvent continuer à croire qu’ils peuvent survivre dans un désert ?
Les indiens, et les peuples soi disant primitifs savaient bien plus de choses que nous à ce sujet, sur le sens du sacré, des tabous, et des limites.
Mais leur souvenir pour beaucoup n’est déjà plus qu’une ombre, dans notre mémoire défaillante et manipulée.