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Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur Mais oui, mais oui, l'école est finie !


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 octobre 2013 14:38

J’applaudirais des deux mains ce constat ravageur s’il ne commettait pas une monstrueuse erreur.

Cette erreur est tellement commune qu’elle passe inaperçue (Hannah Arendt elle-même était tombée dans le panneau).

Elle consiste à penser que quelque chose de l’ordre de « la démocratie à l’école » se retrouve derrière le désastre actuel.

Elle consiste à penser qu’il y a eu comme une volonté de « bridage de l’exercice de l’autorité ».

C’est de la pure parano.

La réalité c’est qu’il n’y a jamais eu de démocratie à l’école, ni avant ni après 1968.

la seule chose qui soit progressivement apparu et dont nous constatons les effets, c’est l’impuissance des adultes face à une population d’élèves qui ne sont plus des enfants depuis longtemps.

Enfant vient du latin infans qui signifie en substance « n’a pas la parole ».
Comme chacun sait, le XXe siècle libéral porté par la pub et la psychanalyse a donné la parole aux enfants.
Et le problème vient tout entier de ce que les éducateurs (parents et enseignants) ne l’ont pas compris.
Ils croient encore l’enfance dans l’Ancien Régime et s’étonnent de voir les marmailles affirmer des volontés opposées aux leurs là où ils espéraient une docile soumission.

Le rapport de force et le conflit sont dès lors inévitables...
sauf à venir à ce qui serait, enfin, une vraie démocratie, respectueuse du libre-arbitre de chacun et qui consiste en ce qui est connu depuis belle lurette comme, par exemple, la « pédagogie institutionnelle » où l’élève est réellement éduqué et sait prendre sa place dans un ordre social qui lui importe et qu’il reconnaît comme sien parce qu’il l’a construit.

Jeter le bébé démocratie avec l’eau du bain libéral serait une catastrophe car, pour le coup : There Is No Alternative.

Les jeunes ont pris la parole, nous nous pourrons plus la leur reprendre. Nous devons les respecter en tant que personne et obtenir leur engagement dans le processus éducatif par leur participation pleine et entière à la conception du cadre éducatif.

Et que les angoissés des discussions à perte de vue veuillle bien ici considérer que la pseudo-démocratie du « cause toujours » que nous connaissons depuis la Révolution n’a rien à voir avec une authentique démocratie qui a toujours fait peur aux élites comme elle fait peur aux éducateurs car l’autorité n’est plus la leur mais celle de la Loi commune, contruite collectivement.

Nous pouvons critiquer à loisir la « toute puissance de l’infantile », tant que nous ne saurons reconnaître notre propre désir de « toute puissance » en tant que tel, il est douteux que nous reconnaissions la légitimité et la nécessité d’une école véritablement démocratique.

Mes attentes (outrageusement déçues) vis-à-vis de la Refondation sous le rapport de la socialisation démocratique ont été explicitées ici


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