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Accueil du site > Tribune Libre > Mais oui, mais oui, l’école est finie !

Mais oui, mais oui, l’école est finie !

"En effet il n'y a rien d'autre à faire que d'attendre le coup fatal qui va, à chaque cours, transformer la classe en une pétaudière ingérable. L'adulte n'a d'autre prérogative que de faire en sorte que les élèves restent au sein des quatre murs tout en pensant à ne pas y laisser sa peau. Cette classe est démoniaque, folle, totalement irrespectueuse, sans limite ni humanité. Quelques élèves ordinaires y vivent eux aussi, un harcèlement journalier, tout en pâtissant de l'absence effective d'enseignement sérieux dans un tel contexte " Survivre tout simplement" C'est Nabum (Agora vox)

Ce témoignage d'une grande force est révélateur de l'état de ruine dans lequel se trouve notre école républicaine. Cette école qui devrait permettre le passage de témoin intergénérationnel n'est plus. Cette école, qui élève éduque et instruit, cette école qui transmet à tous les enfants la même culture et les mêmes connaissances de base, accumulées au fil du temps et constamment enrichies, cette école qui inculque à tous les mêmes principes moraux et philosophiques qui prévalent dans notre communauté de destin, cette école qui fait de cet être incomplet qu'est l'enfant, un adulte armé pour affronter son destin, doué de la parole et d'un esprit critique, capable de partager et d'échanger avec ses égaux, un être qui à son tour, dans son rôle de parents et avec l'aide des enseignants, transmettra à ses enfants tout cet héritage culturel enrichi de son expérience personnelle, cette école fondamentale est bien finie.

Les causes de ce désastre sont diverses, il faut certes les analyser pour tenter de faire émerger une alternative à ce lent délitement du système éducatif mais le mal est plus profond, il s'attaque à tous les aspects de notre vie, dans une société où peu à peu les rapports entre les individus se réduisent à des rapports marchands et où l'autorité ne se jauge plus qu'à l'aune de la seule puissance financière de l'individu.

L'EFFONDREMENT DU SYSTÈME ÉDUCATIF

De nombreux auteurs ont analysé l'échec des systèmes scolaires à faire de tous les enfants qui leurs sont confiés des êtres de raison et de culture (1). Dans l'article "Vive le collège inique" je pointais du doigt quelques dérives du collège unique qui, au fil du temps et malgré les discours et les textes ronflants, se réduit à n'être qu'une machine à trier et à sélectionner les 10 % de collégiens qui formeront l'élite de demain, machine à générer de la frustration et en conséquence de la violence. La mission donnée à l'école élémentaire et au collège, d'être le lieu des enseignements fondamentaux, a été au fil du temps et des réformes discrètement abandonnée. Peu à peu, face aux difficultés liées à la massification et à la diversité des origines sociales et culturelles des élèves et collégiens d'aujourd'hui, on a renoncé à apprendre à penser et on s'est mis à distraire les élèves. On est passé de l'écoute à l'action, du cours à l'exercice, de la transmission de connaissances à l'acquisition de compétences comme si l'éducation devait se résumer à du training en salle . En haut lieu, pour masquer le désastre, on a cru bon "d'élever le niveau" du discours pédagogique par une véritable fuite en avant ; Ainsi au lieu d'étudier les textes du patrimoine littéraire, on distrait les élèves en pratiquant la dissection des œuvres avec l'aide du bistouri des linguistes. (2) anéantissant, en même temps, le contenu et la beauté du texte, tout en renonçant à s'assurer que tous les élèves, à la sortie du collège, savent lire et comprendre un texte, écrire correctement avec une bonne connaissance des règles grammaticales, sont capables aussi d' analyser un problème et d'effectuer les calculs élémentaires pour la recherche de la solution.

Dans l'exercice de la fonction d'enseignante on est prié d'abandonner les postures autoritaires et au contraire de valoriser l'agitation par "l'inter-réaction des jeunes" (Claude Allegre - Le Monde 24/10/1999 ) dans le déroulement du cours. "Ainsi on entérine qu'au nom de la démocratie à l'école, il n'y a plus d'élèves. 's'il n'y a plus d'élèves, mais seulement des jeunes, pourquoi faudrait-il encore des professeurs et avec eux quelques chose à enseigner ?" D.R. Dufour - L'art de réduire les têtes. Dans le rapport final du comité d'organisation de la consultation lycéenne de 1997 les professeurs deviennent des " accompagnateurs de l'apprentissage" , des " grands frères" en quelque sorte. (3)

Bref,plus rien ne fait sens. Alors que de plus en plus de jeunes sont scolarisés ( la proportion des bacheliers d'une classe d’âge est passée de 4 % en 1945 à plus de 72% en 2011) la diminution des inégalités sociales par l'accès à l'éducation ne fonctionne plus. En réalité dans ce domaine aussi le système a fait illusion ; l'augmentation spectaculaire du pourcentage de bacheliers est due à la création de multiples filières professionnelles dans lesquelles l'orientation se fait encore trop souvent par l'échec ou la relégation. La sélection dans les filières nobles se faisant comment de tout temps par la maîtrise de la culture écrite que possèdent un tiers des bacheliers, en gros ceux qui obtiennent un baccalauréat d'enseignement général.

La gestion condescendante de l'échec scolaire par la création de dispositifs de remédiations, des ZEP, véritable marqueurs sociales, de filière" adaptées" comme les SEGPA ne font que terminer de mettre en lambeaux le projet du collège unique comme école fondamentale avec "l’acquisition par toute une classe d’âge des connaissances et des savoir-faire indispensables à la vie dans la cité aujourd’hui." (Le Haut Conseil de l’Éducation, dans le rapport 2010 sur le collège).

Mise en concurrence des élèves et sélection permanente, diversification prématurée des parcours, méthodes d'enseignement prétentieuses et obscures, bridage de l'exercice de l'autorité en cours et stigmatisation des comportements par l'exclusion ou la relégation dans des "classes poubelles" ou des établissements ghéttoïsés, ne peuvent qu'entrainer chez trop de jeunes le recours à la violence contre un système qui bien que sans autorité n'en n'est pas moins injuste.

LE DENI GENERATIONNEL ET LA FIN DE L'ECOLE .

Alors que de tout temps il incombe à une génération la charge d'introduire au monde la génération suivante par l'éducation et la transmission de l'héritage culturel acquis jusqu'alors, aujourd'hui le fil est rompu. Une génération n'a plus fait l'éducation de la suivante ( pour faire simple la génération de 1968,en réaction aux systèmes totalitaires de la première partie du XXème siècle, a rejeté toute forme d'exercice de l'autorité pour se tourner vers des pratiques libérales dans tous les domaines de la vie ). Nul besoin d'exercer une autorité quelconque ni d'essayer de discipliner l'enfant, il suffit de lui offrir un cadre où il s'épanouirait et découvrirait par lui même les savoirs et les connaissances dont il aura besoin pour évoluer plus tard dans un espace ouvert. Selon D.R. Dufour, par glissements et renoncements successifs, on ne demande plus aux " jeunes" de penser, il faut savoir les distraire, ne pas les assommer avec des cours mais les laisser aller d'un sujet à l'autre, ne pas discriminer l'important du secondaire, pouvoir affirmer une chose et son contraire, ne pas hésiter à relativiser une vérité scientifique face à une croyance colportée par l'élève. Bref ; il faut montrer qu'il n' y a plus rien à penser, qu'il n'y a pas d'objet de pensée. Il s'agit au mieux de fabriquer des êtres ouverts au monde et à la publicité, qui sont capables de s'adapter à toutes les circonstances imposées par le Grand Marché qui ne s’embarrasse pas avec des principes moraux ou philosophiques, et seulement capable de communiquer dans une langue universelle pauvre mais neutre : le globish . Dans cette "école du capitalisme total " ( J.C. Michéa ), il n'est plus nécessaire de s’embarrasser de savoirs exigeants hérités d'une culture du passé, il suffit de faire de l'enfant un individu nomade sensible à toutes les influences, bref d'en faire un être "creux " capable en quelques jours d'apprentissage d'acquérir les gestes, les postures et les éléments de langage d'une nouvelle fonction dans un nouveau lieu.

Ainsi l'institution scolaire est peu à peu condamnée à se contenter d'une part de sélectionner et de former l'élite de demain en développant les pôles et les filières d'excellence et en perpétuant dans l'ordre et la discipline la transmission des savoirs de l'école classique avec un minimum de culture et d'esprit critique et d'autre part à distraire le plus grand nombre.

Pour ceux qui exerceront demain des activités professionnelles aux compétences techniques, dont la Communauté européenne estime qu'elles ont une demi-vie de dix ans, il n'est économiquement pas nécessaire pour l'acquisition de telles compétences éphémères de mobiliser l'institution scolaire classique : l'enseignement multimédia à distance et les didacticiels feront l'affaire, libérant ainsi l’État de la charge d'une armée de professeurs. Restent la grande masse de ceux qui sont destinés à occuper qu'un emploi précaire, temporaire ou flexible et qui n'exige ni l'acquisition de compétences, ni d'une culture rendue inutile, les écrans se chargeant de les distraire.Il n'est pas nécessaire d'acquérir un esprit critique et des principes moraux et philosophiques qui pourraient se retourner contre un système qui fait tout pour s'en passer. Dans cet "enseignement de l'ignorance" (J.C. Michéa ) la créativité doit être alors sans limite. Le professeur doit se muer en animateur, en accompagnateur de ces vastes "garderies citoyennes", véritables salles d'attente vers le néant , où seule l'acquisition de quelques connaissances élémentaires suffira.

Comme souvent dans ce monde néolibéral, l'excellence et le low-cost cohabitent et se complètent pour phagocyter dans ce cas tout projet d'une école fondamentale où serait dispensé à tous un socle de connaissances de savoirs et d'aptitudes capable de faire de cet enfant inculte et immature, "un être doté de toutes les qualités qui appartiennent à l'humanité" (D.R.. Dufour ).

Oui, pour la majorité, l'école est bien finie.(4)

Déjà Christopher Lasch, dans " la culture du narcissisme" ,dans le chapitre consacré à la décadence du système éducatif, cite R.P.Blackmur, critique littéraire et poète américain qui écrit en 1955 "la crise de notre culture tire son origine de la fausse croyance selon laquelle la société ne réclame que peu d'esprits capable de créer et de faire fonctionner les machines, mais exige, en revanche suffisamment de nouveaux illettrés pour que les autres machines -celles des mass médias- puissent les exploiter. C'est sans doute la forme de société la plus coûteuse et la plus gaspilleuse de talents que l'espèce humaine ait jamais créée. " Le bien fondé de cette analyse n'a fait que se confirmer avec le temps conclu C. Lash.

LA SCIENCE DU PARTAGE

______________________

(1) Livres qui ont inspiré ce papier :

  • Christopher Lasch - "La culture du narcissisme" - Editions Champs Essai
  • Dany-Robert Dufour :" L'art de réduire les têtes- Sur la nouvelle servitude de l'homme libéré à l'ère du capitalisme total".- Editions Denoël
  • Jean-Claude Michéa - "L'enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes"- Editions Climats

(2) Je ne résiste pas à donner cet exemple du sommet atteint par l'institution dans son art de faire illusion. Il est l'extrait des textes officiels de 1996 sur l'enseignement du français : « Toute énonciation a une dimension illocutoire qui correspond à l’action que le locuteur exerce sur l’allocutaire en s’adressant à lui : asserter, ordonner, questionner. » ( même mon correcteur orthographique ne comprend pas tous les mots) -extrait de "L'énonciation illocutoire ou Diafoirus ressuscité" , par Mireille Grange - site de l'Association des Professeurs de Lettres 

 (3)Dany-Robert Dufour :" L'art de réduire les têtes- Sur la nouvelle servitude de l'homme libéré à l'ère du capitalisme total".- Editions Denoël- page 163

(4) Pour les 80 % voués à des tâches inintéressantes et à la précarité, souvenons-nous de la solution proposée par l’ancien conseiller de Jimmy Carter, Z. Brezezinski sous le nom de « tittytainment » : véritable « cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète »


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21 réactions à cet article    


  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 octobre 2013 14:38

    J’applaudirais des deux mains ce constat ravageur s’il ne commettait pas une monstrueuse erreur.

    Cette erreur est tellement commune qu’elle passe inaperçue (Hannah Arendt elle-même était tombée dans le panneau).

    Elle consiste à penser que quelque chose de l’ordre de « la démocratie à l’école » se retrouve derrière le désastre actuel.

    Elle consiste à penser qu’il y a eu comme une volonté de « bridage de l’exercice de l’autorité ».

    C’est de la pure parano.

    La réalité c’est qu’il n’y a jamais eu de démocratie à l’école, ni avant ni après 1968.

    la seule chose qui soit progressivement apparu et dont nous constatons les effets, c’est l’impuissance des adultes face à une population d’élèves qui ne sont plus des enfants depuis longtemps.

    Enfant vient du latin infans qui signifie en substance « n’a pas la parole ».
    Comme chacun sait, le XXe siècle libéral porté par la pub et la psychanalyse a donné la parole aux enfants.
    Et le problème vient tout entier de ce que les éducateurs (parents et enseignants) ne l’ont pas compris.
    Ils croient encore l’enfance dans l’Ancien Régime et s’étonnent de voir les marmailles affirmer des volontés opposées aux leurs là où ils espéraient une docile soumission.

    Le rapport de force et le conflit sont dès lors inévitables...
    sauf à venir à ce qui serait, enfin, une vraie démocratie, respectueuse du libre-arbitre de chacun et qui consiste en ce qui est connu depuis belle lurette comme, par exemple, la « pédagogie institutionnelle » où l’élève est réellement éduqué et sait prendre sa place dans un ordre social qui lui importe et qu’il reconnaît comme sien parce qu’il l’a construit.

    Jeter le bébé démocratie avec l’eau du bain libéral serait une catastrophe car, pour le coup : There Is No Alternative.

    Les jeunes ont pris la parole, nous nous pourrons plus la leur reprendre. Nous devons les respecter en tant que personne et obtenir leur engagement dans le processus éducatif par leur participation pleine et entière à la conception du cadre éducatif.

    Et que les angoissés des discussions à perte de vue veuillle bien ici considérer que la pseudo-démocratie du « cause toujours » que nous connaissons depuis la Révolution n’a rien à voir avec une authentique démocratie qui a toujours fait peur aux élites comme elle fait peur aux éducateurs car l’autorité n’est plus la leur mais celle de la Loi commune, contruite collectivement.

    Nous pouvons critiquer à loisir la « toute puissance de l’infantile », tant que nous ne saurons reconnaître notre propre désir de « toute puissance » en tant que tel, il est douteux que nous reconnaissions la légitimité et la nécessité d’une école véritablement démocratique.

    Mes attentes (outrageusement déçues) vis-à-vis de la Refondation sous le rapport de la socialisation démocratique ont été explicitées ici


    • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 10 octobre 2013 16:40

      Tout cela est bel et bon. Mais s’il suffisait de donner la parole aux enfants , on n’aurait pas le constat désabusé de C’est Nabum sur ce même forum. Les enseignants qui ont envie de baisser les bras ne sont pas tous dans le « désir de puissance ». Pour que des pédagogies qui laissent la parole aux élèves puissent fonctionner, il faut un minimum de consensus sur le rôle de l’école et sur la place des uns et des autres dans la société.


    • Karol Karol 10 octobre 2013 17:56

      Merci de vos remarques. Oui nous devons respecter la personne qui s’incarne dans chacun des élèves. Oui tous les élèves de la classe sont égaux en droit et la parole de chacun a la même valeur, mais je pense que le champ d’application de la démocratie chez les élèves ne peut se confondre avec celui de l’adulte en l’occurrence l’enseignant. Instituer l’égalité dans les rapports entre l’élève et l’enseignant, ce serait réduire l’acte pédagogique à une activité de persuasion entre deux pairs, alors que la valeur de l’acte pédagogique réside dans le fait que l’élève soit mis en condition d’écoute et accepte d’être introduit dans un nouveau domaine de connaissances ou de compétences. Le pédagogue est maître des moyens à mettre en place pour faire entrer l’élève dans un nouveau champ de connaissances. Ses choix, il les fait en fonction de la personnalité et des acquis de chacun des élèves, mais il me semble que lui seul est capable de choisir la meilleure stratégie à mettre en œuvre en fonction de sa classe.
      Le respect des élèves peut se manifester déjà par exemple par un énoncé clair , avant une nouvelle séquence,des attentes du professeur avec les objectifs à atteindre et du mode d’évaluation. La violence de certains élèves vient souvent des petites injustices qu’ils perçoivent comme telles, et du tri qui s’opère très vite dans les classes, dès les premières évaluations faites et qui conduit à des relégations et orientations par l’échec. Oui, sous cet aspect le système est profondément anti-démocratique car il ne prend pas en compte les besoins différents de chacun des élèves pour assurer leur réussite individuelle.


    • mmbbb 13 octobre 2013 17:58

      @ Luc-Laurent Salvador Je ne suis pas tout a fait d’accord d’une part votre ecrit est trop generaliste et je puis vous assurer que l’elite met ses rejetons la justement ou il n’y a pas le bouzin Il suffit de regarder leur cursus scolaire L’ecole publique est devenue un foutoir et je ne comprends pas que la palme d’or fut attribuee entre les murs En ce qui me concerne et mes souvenirs de scolarite je veux paraitre ringard mais l’ecole est quand meme le lieu de la transmission du savoir et moins vous avez de chance ( ce fut mon cas structure familiale et culturelle apauvrie ) plus vous devez avoir des cours structures avec de bon profs C’est la seule condition sine qua none J’habite pres de Lyon et les grands lycees comme le Lyce du Parc ne sont pas des poubelles comme certains lycees ou universites Le reste n’est que du bla bla inutile Quant aux eleves je fus interne et j’ai connu tres tot des zabrutis surtout mechant qui pensaient qu’a emmerder gratuitement son prochain D’ailleurs ce qui est toujours le cas Et dernier lieu et non des moindre la selection par l’argent et par le niveau social qui sont evidemment souvent lies D’ailleurs le dernier rapport de la cour des comptes ne dit pas le contraire 


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 octobre 2013 19:10

      @ Karol,

      Je vois que nous sommes d’accord sur pas mal de points.

      Essayons de préciser tout de même : à aucun moment je n’ai évoqué une égalité de statut entre l’élève et l’enseignant.

      L’enseignant est, tout naturellement, en position d’autorité, la vraie, celle qui s’impose comme une évidence et qui se garde du rapport de force précisément parce qu’elle fait constamment référence à la loi commune (co-construite sous sa houlette) dont elle est le garant.

      Comment faut-il le dire ? les visions gauchisantes post-soixante-huitardes ne sont pas, n’ont jamais été démocratiques. Il faut pour cela une ossature qu’elles n’ont jamais eu. La démocratie n’est pas le n’importe quoi. La démocratie est une école de discipline et d’abord de discipline de soi.


      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 octobre 2013 19:18

        @ Mourot

        Donner la parole est une condition sine qua non.

        Mais ce qui est nécessaire n’est pas toujours suffisant.

        La parole est une chose, la convergence, l’accord et l’engagement vis-à-vis d’une loi commune autre chose.

        Nous avons eu la parole libérée (merci le libéralisme), il nous reste à instaurer la démocratie.
        Nous en sommes à mille lieux avec ces adultes aux abois qui tentent par tous les moyens d’exercer une emprise sur leurs élèves dans le rapport de force.

        Une exemple : gronder ou crier après un élève devrait être radicalement interdit. Le dénigrer, serait-ce pas la note, devant ses camarades pareillement. Les adultes exigent un respect pour eux-mêmes qu’ils sont incapables de réserver à l’enfant.

        Si des adultes vivaient ce qui vivent nos élèves, il y aurait beaucoup de procès perdus pour l’E.N.

        Les choses bougeront quand la loi protègera vraiment les enfants et les élèves. On est loin du compte. Je ferai un article là-dessus à l’occasion.


      • tf1Goupie 10 octobre 2013 22:34

        Que voilà un discours dangereux : si vous lisez bien le texte de Nabum vous verrez que c’est plutôt l’enseignant qu’il faut protéger.

        Les élèves eux sont hyper protégés, et ça mène à quoi ?


      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 11 octobre 2013 05:08

        @ tf1groupie

        Si vous croyez l’enfant protégé dans le cadre scolaire c’est que vous ne connaissez pas la situation.
        Je vois tous les jours les enfants « victimes » du système.
        Ils sont en pièces, subissant à longueur d’années les brimades, les coups de gueules et autres violences verbales des enseignants.
        Il n’y a plus de violence physique (quoique) mais les enseignants un tant soit peu pervers ou simplement défensifs peuvent s’en donner à coeur joie.
        Je le répète, pour ce que les enfants subissent à l’école, les adultes, à leur place, feraient des procès et les gagneraient.


      • mac 11 octobre 2013 08:49

        Je le répète, pour ce que les enfants subissent à l’école, les adultes, à leur place, feraient des procès et les gagneraient.
        Des exemples précis et concrets s’il vous plait sinon ce que vous répétez ne dépasse pas le stade du ragot...


      • lloreen 10 octobre 2013 19:38

        Bonsoir à tous.

        L’ auteur a fait un véritable travail de recherche et l’ article est très intéressant.
        J’ en extrais quelques lignes, d’ une sécheresse extrême :" (...) la Communauté européenne estime qu’elles ont une demi-vie de dix ans« 
         »
        il n’est économiquement pas nécessaire pour l’acquisition de telles compétences éphémères de mobiliser l’institution scolaire« .

        Là on atteint vraiment le summum.

         »Economiquement pas nécessaire"...
        Ne croyez-vous pas qu’ il soit grand temps, en tant que parent ou simple individu, de hausser le ton face à des diktats dignes des temps du soviet suprême ?

        J’ ai choisi d’ enseigner moi-même mes enfants, parce que je ne suis pas capable moralement d’ assumer le fait que j’ irais les livrer à ce genre de déséquilibrés qui ont transformé une institution noble en cirque éducatif ou en centre de pré-détention pour futurs délinquants.


        • gaijin gaijin 10 octobre 2013 19:49

          la problème est bien au delà de l’école
          il est dans une société qui n’a pas sens ( au sens strict : on ne va nulle part )
          dans la perte de tous les repères de base par les adultes censés éduquer les enfants ( les parents )
          dans une culture de l’immédiateté du besoin
          dans la dictature de l’émotionnel de surface

          si on demande a la plupart des parents quels principes d’éducation ils appliquent la réponse est simple : aucun ( même pas un mauvais ce qui serait mieux que rien )
          c’est oublier que l’être humain est issu de la construction sociale ( sinon pas de marche debout, de parole etc .........) ( et au passage les animaux aussi )
          il est tout a fait vain de se poser la question de comment on construit ( qui est celle de l’école ) si on ne sait pas quoi ! et que l’on ne sait même plus qu’il y a quelque chose a construire ......

          il faut reprendre au début : c’est quoi un être humain ?


          • lloreen 10 octobre 2013 20:32

            Un être humain ne peut pas survivre dans cette société totalement déshumanisée, d ’où l’ exacerbation de la violence (morale ou physique et des fois les deux à la fois) ;ceux qui semblent tirer leur épingle du jeu malsain sont des êtres totalement déséquilibrés, qui entrainent les faibles vers le vide abyssal.

            Plus aucune valeur ne peut être transmise dans un tel contexte .
            Des professeurs dépassés, une hiérarchie incompétente et des politiciens véreux qui chapeautent et régentent le tout...

            Tout est sacrifié au « Dieu » argent et tant pis si la vie devient infernale pour tout le monde à la longue.
            Des espèces de désaxés qui s’ érigent en donneurs de vie ou de mort en décrétant qu’une chose ou une autre est « économiquement pas nécessaire ».

            S’ il y a vraiment une chose qu’il n’ est pas nécessaire de devoir supporter -économiquement ou non- c ’est l’ incurie de prétendues élites, qui ne sont que des marchands d’ illusions.


            • lcm1789 10 octobre 2013 21:19

              L’article est documenté, mais comme bien souvent il tombe dans le piège de la pensée bourgeoise.


              L’école
              L’élève 
              L’enfant

              Il n’y a pas une école, un élève, il y a l’école de la classe dominante pour les élèves de la classe dominante qui sont des enfants de la classe dominante et il y a l’école de la classe dominée pour les élèves de la classe dominée qui sont des enfants de la classe dominée.

              L’école de la république répond donc à un objectif paradoxal : instruire tous les enfants tout en préservant les intérets de la classe dominante.
              Le curseur entre l’intérêt de tous et la préservations des privilèges particuliers se place donc selon un rapport de force.

              Le rapport de force est nettement favorable à la classe dominante puisque nous sommes dans une période de forte contre- révolution.
              Il est donc logique que l’Ecole ne réponde plus à son rôle d’ascenseur social
              C’est logique mais c’est regrettable.

              Il serait inconcevable de fermer les écoles à la populace immédiatement, d’autant que l’« éducation » est un immense marché et qu’une jeunesse désoeuvrée est une jeunesse dangereuse.
              Aussi prenant le peuple au propre piège de ses revendications, la classe dominante dévoie le juste besoin d’émancipation de la jeunesse en la livrant à elle même :

              Ce qui se passe dans nos classe n’a rien à voir avec la volonté émancipatrice de 68, les gamins se font autant torgnoler par leurs parents qu’avant 68 et le sadisme de l’école sélective existe encore.Mais sous couvert de d’enfants au centre on assiste à :

              des repères familiaux éclatés (vive l’intérim, le travail de nuit et le dimanche)
              une autorité des professeurs sabordée : si le capitaine ne peut plus diriger le navire, on a la peau de l’équipage.
              Et bientôt évaluation par compétences, privant les jeunes de France de diplôme égaux attribués sur le critère incontestablement mathématique d’une note par des enseigants respectés et indépendants
              .
              Pendant ce temps là la jeunesse est bombardée de stimuli commerciaux divers s’appuyant sur les instincts les plus bas.

              Mai 68 est loin, et le gamin de Trappes est loin de voir la plage sous le macadam...

              Dans le même temps l’élite se reproduit dans des écoles « internationales » loin des réformes et du socle de compétences...elle y apprend le management les mathématiques financière et le globbish, pendant que le gosse de Trappes disserte sur le respect et fait des exposés sur le développement durable.

              Le miracle libéral de la massification de l’enseignement c’est d’avoir réussi le tour de force mortifère d’ouvrir un immense marché de la certification et de l’employabilité tout en diminuant le niveau de qualification réel du prolétariat.

              A ce rythme, le manoeuvre du XXIe siècle devra louer ses bras comme dans Germinal tout en présentant une foultitude certification creuses qui prouveront qu’il aura versé sa dîme au grand marché de l’éducation.


              • tf1Goupie 10 octobre 2013 22:36

                N’importe quoi.

                La réflexion sur l’école n’est pas près de progresser ...


              • lcm1789 10 octobre 2013 22:38

                belle argumentation tf1 goupie


              • alinea Alinea 10 octobre 2013 22:50

                Je suis tout à fait d’accord avec vous lcm... mais je n’ai pas vu de différences flagrantes avec ce que dit l’article ; en tout cas et de tous temps la classe dominante se débrouille pour se garder les outils de domination ! Je pense que nous avons vécu le petit bout de temps, infime, où ce n’était plus tout à fait ça ! d’où ce sentiment de perte.
                Je ne vois aucune issue autre que la débandade, ( j’ai lu des trucs sur des déchets chimiques et nucléaires balancés dans les mers d’Ethiopie, et qui remontent à la surface !! des gens qui se font du fric à débarrasser les déchets !!! chez les pauvres !) ; toute cette ambiance nous gagne doucement, et on s’adaptera ou on mourra !
                Oui, je sais, je ne suis guère optimiste ces temps-ci !!


              • Karol Karol 11 octobre 2013 09:21

                Je suis en gros d’accord avec vous. ce que j’essaie de dénoncer c’est bien cette école qui ne fonctionne bien que pour une élite d’initiés.
                Il ne s’agit pas de fermer les écoles pour la majorité du peuple mais pas glissements successifs de diminuer les exigences et abaisser les objectifs tout en occupant, en distrayant, le plus longtemps possible ces jeunes voués à des emplois précaires.


              • Beauceron Fabien Marcel Bonaparte 11 octobre 2013 11:22

                Vous êtes intègre, cultivé et ouvert d’esprit : Vous n’avez rien à faire dans l’éducation nationale, temple du conformisme et de la soumission aux idéologies dominantes. L’école française n’est qu’à l’image de la société. Au fait, pourquoi les résultats des enfants sont meilleurs en Scandinavie par exemple ? Parce que dans ces pays les gens sont bien élevés et les parents s’occupent de leurs enfants, les enseignants considérés et il y a du respect. Aucun secret...


                • lcm1789 11 octobre 2013 21:23

                  les question est alors pourquoi les gens sont bien élevés en scandinavie et pas en france...


                  La réponse tient peut être dans un contrat social français que nos dirigeants violent un peut plus brutalement chaque jour.

                  La République Française s’est fondée sur l’abolition des privilèges et la mise en valeur du mérite individuel.
                  Dans ce contexte, l’Ecole et le coeur de la république puisque c’est elle qui distingue le mérite.

                  En France l’Ecole est constitutive de la Nation

                  En ces temps obscur où la Nation est trahie par ses dirigeants, il est logique que la cible prioritaire des coups soit l’école.

                  D’une pierre deux coups :
                  Destruction du moteur républicain.
                  Ouverture d’un immense marché privé de la certification.

                  Ce que je reproche à l’article c’est de verser dans l’universalisme, non nos dirigeants ne partagent pas une communauté de destin avec nous(=le peuple français)

                  Ne pas distinguer les victimes des agresseurs c’est se condamner à subir les coups sans voir d’où ils viennent

                  L’école n’est pas malade des élèves en général, des parents en général, des chefs en général, elle est victime d’une attaque réfléchie de la classe dominante qui cherche à nous faire revenir à la situation ante Ancien Regime...

                  • Christian 12 octobre 2013 11:13

                    A partir de 5 ans déjà l’être humain sent le besoin de se rendre utile, il sent que son bonheur ne peut provenir que d’un retour de ce qu’il a donné. L’enfant aime se rendre utile, aime être responsable. Or c’est tout le contraire que lui offre notre société qui est toujours dans les excès. Parce qu’on me répondra avec justesse que cette société a longtemps exploité les enfants, qui le sont encore aujourd’hui dans certains pays.

                    Mais l’école exige des enfants d’être des éponges, rien de plus, ils doivent apprendre, enregistrer etc etc. Créer ? Rien du tout. Cette école là est au bout du rouleau et c’est tant mieux.
                    Que faire alors ?
                    Eh bien tout repenser. L’enfant est incroyablement doué pour les langues, cela tient presque du surnaturel. L’école le sait-elle ? non. 
                    L’école est faite pour des élèves éponges. Les bons élèves sont capables d’enregistrer tout ce que dit l’enseignant même s’ils ne l’aiment pas. Beaucoup de mauvais élèves, dont je faisais partie, sont totalement incapables d’écouter plus de 5 min un enseignant qu’ils n’aiment pas, c’est ainsi. Ce qui autrefois sauvait le mauvais élève c’était de bons bouquins, ils pouvaient apprendre ainsi à leur rythme, seuls. 
                    Il faudrait donc créer une école vivante et créative avec beaucoup d’ateliers, et surtout rapidement trouver les points forts de chaque enfant afin qu’à partir de là il puisse s’exprimer et alors lui aussi enseigner aux autres sa matière qu’il domine. Cela peut être aussi bien du dessin que des mathématiques. En fait la clef de l’école c’est de faire un enfant un enseignant.
                    Quant aux enseignants ils devraient gérer cela et il y a du boulot.


                    • Christian 16 octobre 2013 08:18

                      Il y en a un, et c’est en France, qui a compris que l’humain, peu importe son âge, apprend mille fois plus vite lorsqu’il y a motivation et absence d’autorité


                      motivation et absence d’autorité, l’un ne va pas sans l’autre : absence d’autorité seulec’est le....

                      Cela prouve, si cela devait encore l’être, qu’en France existe encore aujourd’hui l’innovation mais elle ne vient pas de l’Etat ni des fonctionnaires.




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