Le phénomène n’est pas récent ; et s’est déjà produit dans un passé récent , et dans un silence assourdissant, je veux parler des disquaires ; les centres villes se sont vidés de tous leurs petits commerces, au profit de banques et de boutiques à frusques, et finalement, le commerce de détail quotidien s’est retrouvé dans les grands centres commerciaux.
Ces centres ont effectivement vendu le livre « au même prix » que dans les librairies, mais pas n’importe lesquels : seulement les gros tirages, pendant un temps limité. Résultat ; malgré la bonne loi « Lang », les petites librairies ont perdu du volume financièrement attrayant, et se retrouvent à financer un fonds de plus en plus couteux et pléthorique, et de moins en moins rentable. La marge étant passée aux mains des non professionnels, les vrais librairies ont du réduire drastiquement leur fonds pour survivre. Ce modèle Les condamne, 1000 fois hélas, à disparaitre. Et la dessus, passe la crise.
J’habite en pleine campagne, à 25 km de toute librairie : résultat, faites le calcul ; si vous voulez un bouquin sortant un peu des sentiers battus, il faut 100 kilomètres en 2 A/R, et un minimum de 8 jours d’attente, le temps de la commande ; le groupe multimédia aux quatre lettres me fournit en 4/5 jours, sans frais ; et le groupe international qui ne paie aucun impôt et ne cherche pas à faire de bénéfice (en écrasant tout sur son passage) me livre en 2/3jours ! CQFD. Comme je préfère le relationnel, je fais encore l’effort de visiter très régulièrement mes libraires adorée(e)s, mais pour combien de temps ? Mon pouvoir d’achat ( ce qui me reste une fois que l’on m’a tout piqué d’une façon ou d’une autre) se réduit, comme pour tout un chacun, et je ne crois pas que la lecture soit une dépense prioritaire lorsque l’on fait partie des millions de gens pour qui la fin du mois commence le 2.
Globalement, ce n’est pas d’une prise de conscience que l’on a besoin ; c’est d’une vraie politique au niveau Européen, au profit des ... Européens. Sinon...
Tous nos maux se résument à cette dernière phrase.
En attendant, libraires, bouquinistes, je vous aime !