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Accueil du site > Tribune Libre > Fin des librairies : pourquoi Amazon a bon dos

Fin des librairies : pourquoi Amazon a bon dos

Située à deux pas du rond point des Champs-Elysées et de l'ancien Virgin megastore, la librairie Livre Sterling est actuellement en vente. En dépit du souhait d'Emmanuel Delhomme, son actuel propriétaire, il est malheureusement peu probable que le futur repreneur continue d'y vendre des livres. Pour les libraires, aucun doute, la situation dramatique dont souffre leur métier est à mettre sur le compte du dumping fiscal et de la concurrence déloyale d'Amazon. La réalité est pourtant plus dérangeante : si les librairies sont sur le point de disparaitre c'est surtout parce qu'il y a de moins en moins de lecteurs mais aussi parce que ces lecteurs ont de moins en moins envie de rentrer dans une librairie...

Située au bas des Champs Elysées, 49 bis avenue Franklin Delano Roosevelt, la librairie Livre sterling aura eu finalement raison du colosse Virgin megastore. Mais cette étonnante victoire risque d'être de courte durée. Car l'état de santé de Livre sterling décline de jour en jour. Et rien n'y fait. Ni la passion sincère et totale de son propriétaire pour la littérature, ni les best sellers permettant de boucler des fins de mois difficiles, ni la fidélité d'une clientèle vieillissante mais profondément attachée à "sa" librairie. Résultat : après s'être battu durant trente ans, Emmanuel Delhomme se dit aujourd'hui en colère. Il en a même fait un livre (1). Mais la colère supposerait un esprit combatif qui, en réalité, a laissé place à la fatigue, à la tristesse et au découragement. Et quand le résumé de la quatrième de couverture affirme qu'Emmanuel Delhomme "veut croire en l'avenir du livre papier" et "espère tenir longtemps encore", il faut malheureusement comprendre tout le contraire.

L'agonie de l'écrit

Gagné par la lassitude, Emmanuel Delhomme a décidé de jeter l'éponge et de vendre son commerce. Impuissant, il a vu les Champs-Elysées se transformer en quartier d'affaires et la France basculer de la civilisation de l'écrit à celle de l'image. Désespéré, il ne croit plus en l'avenir du livre papier. Professionnellement déclassé, à l'instar des professions intellectuelles, il ne se reconnaît plus dans une société qui, en l'espace d'une génération, a perdu l'habitude de fréquenter les librairies. Bien sûr la concurrence redoutable d'Amazon est dans tous les esprits. Mais la réussite du géant américain et celle beaucoup plus relative des rayons livres des hypers ne font que dissimuler un phénomène insidieux et autrement plus redoutable : la chute dramatique du nombre de lecteurs. Pour l'immense majorité des Français, lire suppose désormais une concentration et une absence d'interaction qui ne sont plus dans l'air du temps. Surtout, en devenant moins partagée, la lecture s'apparente à une activité solitaire et égoïste. C'est ce reflux inexorable qui explique avant tout la fermeture de 250 librairies chaque année et la santé vacillante des 2500 que compte encore l'hexagone.

Des commerçants incapables de s'unir

Emmanuel Delhomme le reconnaît lui-même - quoi que du bout des lèvres et sans s'attarder -, les libraires sont en partie responsables du drame qu'ils connaissent aujourd'hui. Jaloux de leur spécificité, ils ont été incapables de s'organiser collectivement - et à grande échelle - pour négocier avec les maisons d'édition. Contrairement à d'autres commerçants qui se sont regroupés au sein de réseaux volontaires, ils n'ont pas su, ni voulu concilier la force de l'indépendance et celle de la mutualisation. Maintenant que la crise est là, et bien là, il est largement trop tard (2). La solution n'est plus collective. Elle est pour l'essentiel entre les mains de chaque libraire. Et le moins qu'on puisse dire c'est que, face à la gravité des chiffres, les réactions sont particulièrement contrastées. Il y a d'abord les libraires réalistes. Constatant l'impossibilité croissante de vivre exclusivement sur la vente de livres (2), ces professionnels décident de mettre de l'eau dans leur vin en jouant la carte de la diversification. Certains misent sur la papeterie et la presse, d'autres conjuguent restauration et vente de livres dans des quartiers plus bobos et plus intellos que la moyenne. Sur le principe, rien ne dit que ces commerces soient encore de "vraies" librairies, ni que la recette soit suffisante pour sortir de l'ornière. Mais la volonté de continuer à vivre de sa passion reste le moteur de ces commerçants.

Libraires passionnés... et intégristes

Et puis, il y a les autres, les libraires "intégristes". Plus âgés que les "réalistes", ceux-là sont bien décidés à ne rien céder. Libraires ils sont, libraires ils resteront. Pas question de se transformer en salon de thé ou en maison de la presse améliorée. Le libraire n'est pas un vulgaire commerçant et il est bien plus qu'un simple vendeur de best sellers. Il a le devoir d'être un conseiller éclairé et d'éduquer ses concitoyens. C'est bien simple : sa passion a le pouvoir de déplacer des montagnes et de convaincre les plus récalcitrants. En tout cas, il veut le croire. On ne s'étonnera donc pas de la multiplication des avis destinés à promouvoir (et "vendre" le cas échéant) des "auteurs délaissés par les médias", de "jeunes talents qui gagnent à être connus", des "livres forts et singuliers". Sur tous les rayons, notre "expert en littérature" interpelle le lecteur par voie de bristols rageusement écrits au feutre, soulignés deux, voire trois fois : "A ne pas manquer", "Attention : chef d'oeuvre absolu, "Un livre que vous n'oublierez pas"... Que ces formulations dithyrambiques renvoient l'image de libraires désespérés ne semble pas effleurer nos intégristes. Que l'époque préfère le jugement des pairs à celui des experts, non plus. Que cette attitude élitiste ait pour seul effet de complexer la majorité des clients et les encourage à fuire vers internet, encore moins. L'important n'est pas de vendre, c'est d'être et de rester un libraire, un vrai.

Un goût d'amertume

Chez ces professionnels, la passion a perdu toute joie et toute légèreté. Elle a un goût d'impuissance et d'amertume. Dans un contexte aussi difficile, on ne voit d'ailleurs pas comment il pourrait en être autrement. Fatigué de voir sa librairie réduite au rang de curiosité, lassé de la voir fréquentée par des salariés du quartier qui, entre midi et deux, viennent jeter un regard distrait sur ses étalages en mangeant leur sandwich, Emmanuel Delhomme ne supporte plus ses visiteurs. Un phénomène aussi logique qu'inéluctable quand les clients hésitent de plus en plus à acheter. Le regard du libraire change. La plupart des questions paraissent idiotes. L'inculture semble gigantesque. L'absence de curiosité en devient navrante. Les quelques rares exemples de lecteurs conquis par la passion du libraire ne suffisent plus à compenser les jours passés à attendre qu'un visiteur veuille bien acheter un livre (fut-il de poche), les relations tendues avec la banque et le sentiment diffus d'être un indien en pleine ville. A quoi bon parler aimablement au client ? Et pourquoi mettre en avant ce que ce client aurait envie d'acheter ? Si le livre n'est plus qu'un commerce, alors autant mourir dignement. Droit dans ses bottes et ses certitudes.

Quitte à disparaître, mieux vaut que ce soit dans le respect de ses valeurs et par la faute des autres, l'inculture et la futilité d'une époque, la concurrence déloyale et inhumaine d'internet. Et tant qu'à faire, faisons-en un livre. Un livre sur la fin du livre...

Franck Gintrand

(1) Un libraire en colère - Emmanuel Delhomme = l'Editeur, 94 pages, 11 euros (2) La plupart des réseaux de librairies indépendantes ont une assise géographique limitée et un petit nombre d'adhérents. A titre d'exemple, deux réseaux dynamiques comme Librest et Lira ne comptent respectivement que neuf librairies (dans l'Est parisien) et une vingtaine de librairies (en Auvergne) (3) Trois quart des libraires gagnent moins que le SMIC - source : "Libraire indépendant, un job en voie de disparition" - arnauld bernard - Sud Ouest

Pour en savoir plus : la critique de Un libraire en colère par Les Echos et Les librairies font de la résistance - Mariella Esvant - La Nouvelle République

La librairie Livre Sterling est située 49 bis avenue Franklin Delano Roosevelt 75008 Paris, métro Franklin D. Roosevelt. Ses horaires d'ouverture : mardi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 19h. Son tel : 01 45 63 61 08

 


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44 réactions à cet article    


  • BarbeTorte BarbeTorte 2 novembre 2013 10:29

    Personnellement, je n’achète rien sur Amazon, parce que mon libraire a lui-même un site internet, au même prix. J’habite à 40 km de Brest, et çà me facilite grandement la vie, ce système.
    Lui, c’est Dialogues, et de temps en temps, il lui arrive également d’éditer un livre, comme çà, parce qu’il y croit. C’est lui qui a édité Irène Frachon et il a bien fini y laisser son commerce.


    • BarbeTorte BarbeTorte 2 novembre 2013 12:04

      il a bien failli y laisser son commerce, voulais-je dire


    • La mouche du coche La mouche du coche 2 novembre 2013 20:19

      Tout pareil. je n’achète plus sur internet, mais passe par mon libraire parce qu’il est très sympa et que je voudrais qu’il vive.

      Pour autant, je me réjouis de les voir disparaitre. Il est juste insupportable de les voir exposer sur leurs tables les dernières crétineries vues à la télé comme les Finkielkraut et autres BHL. Ces livres ne se vendent pas, font couler les libraires et c’est bien. Espérons qu’une nouvelle génération de vrais libraires prendra la relève et vendra les livres que les gens souhaitent : les bons. Tout va bien donc. smiley


    • Gérard Dahan Gérard Dahan 2 novembre 2013 11:11

      Si je déplore - comme vous - la disparition progressive des librairies, je ne suis pas d’accord avec vous pour la mettre sur le dos du recul de la lecture, mais plutôt sur celui du recul d’un mode de distribution et de commercialisation.

      Si dans les années 80 on pouvait faire le procès de la télévision comme ayant fait reculer la lecture, l’avènement de l’Internet à lui - au contraire - remis les Français (et les autres) à la lecture. Qu’on le veuille ou non, un article Internet, un forum, ou un mail passe par la lecture et aussi quelquefois par l’écriture.

      Ce n’est pas le médium de communication qui change (l’écrit), c’est le support : le livre papier.
      Et l’écrit comme tout produit dématérialisable est l’un de ceux qui se prête le mieux au transfert sur Internet et sur le web. Tous les journaux qui ont crée une version web ont compris cette évolution et amorcée leur conversion.

      On peut le regretter, mais comme le rappelait Mac Luhan, la domination progressive d’un support (le virtuel) ne fait pas pour autant disparaître les précédents (le papier), ils se juxtaposent. L’enregistrement de la voix n’a pas fait disparaître l’écrit.

      Oui, les librairies disparaissent comme ont disparu les photographes dans les années 90, laminés par le numérique ou comme au début du 19ème siècle ont disparu des milliers de souffleurs de verre.


      • Croa Croa 2 novembre 2013 12:04

        Oui, la lecture a même été poussée à son maximum par des boites comme France-Loisir ! La vérité c’est qu’il y a peut-être plus de livres à lire qu’on ne peut en lire d’autant que le temps de disponibilité à la lecture de livres diminue vu que les gens lisent ailleurs, notamment sur Internet et aussi parce que la lecture est de plus en plus remplacée par d’autres médias, la vidéo par exemple. 

        Les bibliothèques débordent ! 


      • T.REX T.REX 2 novembre 2013 19:02

        Si Amazon fait de gros bénéfices sur la vente de livres c’est donc que les ventes de livre ne reculent pas et que les gens achètent toujours des livres.

        Heureusement pour les libraires le parlement a fait voter un amendement amazon pour interdire de cumuler la remise de 5 % et la livraison gratuite des livres !

        Car le vrai souci c’est que les français sont fainéants et se déplacent de moins en moins ! 


      • alberto alberto 2 novembre 2013 11:17

        Oui, les libraires ont des soucis à se faire !

        Encore que l’article ne mentionne pas les « liseuses », ces écrans au format d’ardoise d’écolier, dont on apprend aux dits écoliers à se servir dès leur plus jeune age !

        L’écolier en question quitte sa « liseuse » pour communiquer sur Facebook avant de se jeter sur sa nouvelle application « jeu » récemment saisie sur son portable... smiley

        Les bouquins vont devenir, au mieux objets d’antiquaires, au pire combustibles pour les cheminées. (gardez vos livres en prévision de la crise énergétique !!! smiley )

        Si vous ne me croyez pas, allez jeter un coup d’œil dans les dépôts d’Emmaüs ou du Secours Populaire, où des vieux comme moi leur ont fait don de leurs livres en surplus (c’est vrai que ce ne sont pas toujours les meilleurs !) et dont les étagères en croulent sous des tonnes qui n’intéressent personne  smiley 


        • Loatse Loatse 2 novembre 2013 11:21

          Le salon du livre à Toulon il y a quelques mois de cela était plein à craquer.. Cependant, bien qu’il y ait une foule compacte devant les auteurs, on ne se bousculait pas pour acheter...

          Les bibliothèques fonctionnent toujours aussi bien attirant même de nouveaux lecteurs.. Il faut dire aussi que l’adhésion annuelle (une dizaine d’euros en général) ne représente que le cout de la moitié d’un livre (hors poche).. sur un an, l’économie est loin d’être négligeable dans le contexte actuel..

          Pour ma part, je réserve les achats sur amazone aux livres/cadeaux qui doivent être expédiés.. En quelques minutes, le choix est fait, l’ouvrage vite trouvé, réglé, et envoyé avec un emballage cadeau , carte, sans qu’il soit nécessaire de faire la queue à la poste après acquisition d’un contenant...

          Mon budget livres perso est réservé aux éditions de poche dans lesquelles puisent mes filles facebookées mais aimant lire smiley

          si je devais ouvrir une libraire aujourd’hui, ce serait plutôt vers le livre d’occasion et le livre ancien que je m’orienterais... Les foires aux livres quand à elles, attirent toujours une foule importante, beaucoup de curieux certes mais aussi d’amateurs de vieux ouvrages rares et de lecteurs passionnés mais modestes, de ceux qui ne franchissent plus le seuil des librairies

          La possibilité d’une ile ou celle d’une reconversion pour votre libraire, Franck ? il faut aimer voyager et ne pas craindre les intempéries.. mais le contact humain est au rendez vous.


          • Fergus Fergus 2 novembre 2013 11:30

            Bonjour, Loatse.

            « Les bibliothèques fonctionnent toujours aussi bien attirant même de nouveaux lecteurs ». Ce n’est pas vraiment le constat que j’ai fait depuis 6 ans à Rennes puis à Dinan.

            Et c’est encore pire pour les prêts de CD, malgré la possibilité de copier chez soi des albums entiers : très peu de jeunes ont recours à cette possibilité.


          • Croa Croa 2 novembre 2013 12:12

            Le livre ancien marche encore en effet mais les cotes sont en chute libre. Il y a Amazon et surtout PriceMinister qui invite les particuliers à revendre leurs livres et ces sites organisent une concurrence effrénée.


          • Loatse Loatse 2 novembre 2013 12:44

            Bonjour Fergus

            peut être parce que ce sont des grandes villes...il s’y trouvent plus d’activités culturelles que dans les villages.. ou j’ai remarqué justement un taux de fréquentation plus élevé mais d’un public dont la moyenne d’age est différente.. (ce qui expliquerait ceci), les plus jeunes adoptant aussi plus facilement les nouveaux supports informatiques du livre...

            (j’utilise les deux avec une préférence pour le livre papier mais bon, finalement on s’habitue vite à la version informatisé du livre... sans compter qu’écologiquement c’est tout benef...)

            Un rapport nous donne à tous les deux raison et tort à la fois smiley : ,« si le nombre d’inscrits est en baisse, l’on assiste tout de même à une augmentation « sensible » de la fréquentation, entre 2005 et 2010.. »

            http://www.actualitte.com/bibliotheques/bibliotheques-en-france-moins-d-inscrits-mais-plus-de-frequentation-37626.htm


          • Loatse Loatse 2 novembre 2013 12:51

            @Croâ

            Comment peut-on acquérir un livre ancien sans pouvoir vérifier sur place son état ?

            ca me dépasse... 


          • Croa Croa 2 novembre 2013 15:19

            Il faut faire confiance au vendeur ! smiley

            C’est pour ça qu’il vaut quant même mieux, pour un amateur d’éditions originales, fréquenter les bouquineries que l’Internet.

            Les bordelais ont de la chance : Je leur recommande le marché des bouquinistes place des Grands Hommes tous les mercredis matin. smiley


          • Fergus Fergus 2 novembre 2013 11:26

            Bonjour, Franck.

            « lire suppose désormais une concentration et une absence d’interaction qui ne sont plus dans l’air du temps ».

            La plus grande difficulté réside en effet dans ce constat. Et ce qui vaut pour les livres vaut également pour la presse traditionnelle.

            Faut-il s’en désoler ? Sans doute. Mais l’évolution des techniques et celle, corrélative, des usages est irréversible.


            • Klisthène 2017 Kxyz 2 novembre 2013 11:45

              excellent article même si je partage pas tout à fait vos analyses.On le lit pas moins comme je le lisais plus on emprunte plus en bibliothek au delà du prix d ’ un livre celui une fois lu sur une étagère ça a son charme mais je le préfére dans les mains d’ autres lecteurs.
              Ai lu virtuel pour faire référence au liseuse je parlerai de dématérialisé plutôt.
              Enfin puisque c ’ est le titre de votre article la fin des libraires oui assurément car aujourd’hui vous avez les blokbusters que vous pouvez acheter partout en grande distribution et les livres plus confidentiels qui ne jouissent pas de campagne de pub médiatique et là est le rôle d un libraire
              malheureusement les impératifs financiers limitent leurs espérance de survie.
              En revanche à l heure du net de nombreux sites d échanges de lecteurs existent le lien d un libraire entre les éditeurs et les lecteurs devra être repenser.
              Enfin pour conclure puisque vous citez une marque de distribution de masse que certains distributeurs ne pleurent pas sur leur sort de ne pas avoir leur job à savoir stocker des livres qu on ne trouvait pas chez eux et pour lequel on nous demandait 7 jours pour l obtenir..


              • Yohan Yohan 2 novembre 2013 11:49

                D’accord avec l’auteur pour l’essentiel. Le sort du libraire Mona Lisait (plusieurs points de vente sur Paris, une cinquantaine de salariés) le montre également . C’est inquiétant et cela ne fait que commencer. Je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui co-existent ; la difficulté de trouver ce que l’on cherche (trop de livres people notamment et on ne trouve jamais ce qu’on cherche), les liseuses (pour l’instant anecdotique en France), l’achat sur internet (c’est clair) et la crise (forcément qui pousse les gros lecteurs vers la bibliothèque de prêt du quartier.

                Ceux qui s’en tirent sont souvent ceux qui se bougent (qui mettent des fiches de lecture sur les bouquins) , qui font des efforts sur l’accueil, qui animent un blog, font venir des auteurs et proposent un espace agréable. Bref, pas évident de réunir tous les paramètres.

                • Croa Croa 2 novembre 2013 12:25

                  Les liseuses ne seront pas toujours anecdotiques !  Toutefois le beau livre existera toujours et ne sera jamais concurrencé par ça. Elles prendront par contre des lecteurs au livre de poche et aux brochés standards mais ouvriront surtout un nouveau marché, notamment auprès de jeunes lisant peu avant ça, il faut le reconnaître ! (à condition de vendre les fichiers à des prix raisonnables maximum 5 € pour un roman à la mode, 2,5 € pour un ouvrage de gare.) 


                • Mmarvinbear Mmarvinbear 2 novembre 2013 12:37

                  Les raisons des difficultés des libraires sont multiples.


                  On ne peut pas imputer leurs malheurs aux grandes surfaces car le prix est identique quelque soit le point de vente, ce qui a certainement sauvé des milliers de boutiques lors du vote de cette loi.

                  Les libraires doivent faire face à de nombreux défis

                  - la surproduction, qui ne laisse pas le temps au livre de s’installer et de se faire connaître avant de partir dans le bac à soldes ou au pilon

                  - les mètres linéaires des grandes surfaces, qui permettent plus de références. C’est toujours frustrant d’entrer dans une boutique et de ne pas trouver le livre que l’on cherche.

                  - la vente en ligne, qui permet de trouver la référence en un instant. Si les libraires veulent subsister, ils devraient se mettre en partenariat avec ces distributeurs. Ce serait un bon service client que de lui commander le livre désiré sur place et de le lui envoyer à son domicile, en échange d’une petite commission pour le libraire.

                  - les loyers, pour ceux qui sont locataires. En centre-ville, ils ne font que monter. Les boutiques pourront vivre plus longtemps si la propriété se développe ou si le libraire déménage dans des quartiers moins chers.

                  - le livre électronique. Quand les prix auront baissé, ce sera la mort du livre de poche. Mais les ouvrages standards devraient rester et plus encore si les éditeurs mettent de la valeur ajoutée à leurs oeuvres, comme l’abandon des reliures collées (hérésie ! ) pour les brochés. 

                  • escoe 2 novembre 2013 12:42

                    J’achète chez Amazon des livres que je ne vois jamais chez les libraires. C’est d’ailleurs ce qui a fait le succès d’Amazon à ses débuts : permettre de se procurer facilement des ouvrages confidentiels notamment étranger. Essayez un peu de commander chez votre libraire de quartier un bouquin de physique paru chez Springer Verlag ou John Wiley. Chez Amazon, en 48h vous l’avez. Et si votre libraire tient le même délai c’est qu’il a lui même commandé chez Amazon.
                    Par ailleurs les libraires sont confrontés au même problème que les marchands de chaussures : les gens viennent voir et essayer puis commandent sur internet. A tel point que certains pensent faire payer les essayages.


                    • Croa Croa 2 novembre 2013 15:29

                      « un bouquin de physique paru chez Springer Verlag ou John Wiley » en 48 h ce n’est pas possible !


                    • lautrecote 2 novembre 2013 21:00

                      Quand je passe chez mon libraire, et que le livre que je veux n’y est pas, il me le commande, et je l’ai deux jours après.
                      Sans frais de port.
                      Comme chez Amazon.

                      Ce ne serait pas juste une question de volonté ?


                    • escoe 2 novembre 2013 22:05

                      en 48 h ce n’est pas possible !

                      Si, essayez


                    • Croa Croa 2 novembre 2013 23:03

                      Pour un roman à grand tirage sûrement mais là tu nous cites des ouvrages scientifiques édités à l’étranger... Je persiste à douter !

                      Si j’avais besoin de tels livres je voudrais bien essayer... Il se trouve que je n’en ais pas besoin !


                    • Bruce Baron Bruce Baron 3 novembre 2013 01:06

                      @Escoe : Qu’on le veuille ou non, effectivement, Internet prend le pas sur les librairies et bouquinistes. Pour compléter une collection, il devient plus facile de chercher le titre sur un site qu’en passant par un spécialiste de la farfouille.


                    • Mmarvinbear Mmarvinbear 3 novembre 2013 02:20

                      « un bouquin de physique paru chez Springer Verlag ou John Wiley » en 48 h ce n’est pas possible !


                      S’in est en stock chez Amazon UK, alors si.

                    • T.REX T.REX 3 novembre 2013 11:19

                      C’est idiot car le libraire peut sans problème vous le commander sans supplément de prix ! Les librairies ne sont pas des bibliothèques nationales censées stocker tous les ouvrages existants ! Mais personne n’est à une semaine prêt pour acquérir un livre sauf éventuellement pour faire un cadeau à une date impérative , mais cela prouve que vous vous y prenez au dernier moment ! Manque d’organisation avant toute chose ! Ne pas prendre Vos responsabilités économiques fera des villes Françaises des déserts culturels alors qu’aujourd’hui encore nous possédons la plus grande proportion de librairie ! Cas unique au Monde. Ensuite, se promener dans les rues futures sera d’un triste avec des banques , des agences immobilières, des assureurs et des oculistes (pour lire quoi ?) . On aura de bonnes raisons de ne plus sortir et de faire nos courses sur le Net !  

                      Qu’importe la façon pourvu qu’elle soit livresque !


                    • T.REX T.REX 3 novembre 2013 11:25

                      à l’escoe ou l’est secoué ?

                      Pourquoi un client irait il acheter sur amazon un livre qu’il feuillette en librairie , alors que ce livre est donc disponible au même prix et qu’il l’a déjà dans les mains (on ne peut faire plus rapidement et franco de port !)  ? il faudrait être débile !


                    • Mmarvinbear Mmarvinbear 5 novembre 2013 01:40

                      C’est idiot car le libraire peut sans problème vous le commander sans supplément de prix ! Les librairies ne sont pas des bibliothèques nationales censées stocker tous les ouvrages existants !


                      Oui, bin moi j’ai déjà rencontré des libraires qui n’avaient pas le livre recherché et qui me regardait avec un oeil bizarre quand je lui ai demandé s’il pouvait me le commander.

                      J’aurais demandé le pucelage de sa fille de treize ans, j’aurai eu une meilleure réaction je pense...

                      Inutile de dire que le soir même, Amazon me confirmait l’envoi de ma commande.

                    • Loatse Loatse 2 novembre 2013 13:06

                      Ce que l’on ne trouve pas chez amazone :

                      L’odeur si particulière des librairies (notamment les anciennes avec rayonnages en bois), le sourire du libraire, la possibilité d’une rencontre amicale ou autre au détour d’un rayon, un moment de convivialité et le conseil éclairé d’un passionné de lecture qui peut vous guider dans votre choix d’autant plus facilement que vous êtes une cliente assidue...

                      et puis commander chez lui, ca vous donne l’occasion de revenir et de papoter encore un moment... smiley


                      • Loatse Loatse 2 novembre 2013 13:10

                        ps : vous dire le souvenir impérissable que me laisse cette occasionnelle librairie en ligne.. j’en massacre l’orthographe de son nom...


                        • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 2 novembre 2013 15:30

                          On était autrefois obligé d’acheter ses livres en librairie. Cela ne signifie pas qu’on profitait des conseils du libraire, ni même qu’on les recherchait. On n’appréciait pas forcément la cohue et le temps d’attente pour obtenir d’être servi. 

                          Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
                          Et moi qui vis à la campagne, je suis bien heureux de ne pas être obligé de me taper 30 bornes et l’encombrement de la ville pour aller chercher le bouquin que j’ai envie de lire.

                          Quant à l’objet, bien sûr que les « anciens » (j’en suis) aiment le contact du papier, son odeur, la mise en page soignée, les illustrations éventuelles... Mais je me souviens de la réflexion d’un vendeur en librairie (un libraire ?) à qui je faisais remarquer, il y a des lustres, que le livre de poche (il en était à ses début) que je convoitais était un peu abîmé et qu’il aurait dû me faire une ristourne : « ce qui compte, ce n’est pas l’objet, c’est le contenu » !

                          Quant à savoir s’il reste beaucoup de lecteurs, je constate autour de moi qu’il y a peu de gens pour lire des livres et consommer de la littérature. Les journées n’ont que 24 h et il y a tant d’autres occasions d’utiliser son temps !

                          • antonio 2 novembre 2013 18:07

                            Responsable d’une bibliothèque de village, je commande tous mes livres dans une grande librairie de la ville voisine où l’accueil, les conseils sont parfaits.
                            En ce qui concerne les lecteurs, beaucoup de personnes âgées ; des enfants aussi jusqu’en CM2 ( concertation avec l’école ) ; ensuite les rangs s’éclaircissent nettement....L’ambiance est toujours chaleureuse et permet les échanges. Des liens se créent et des nouveaux s’inscrivent.
                            Des résultats modestes mais tout de même encourageants.
                            Amazone ? C’est tentant d’avoir sans vous déplacer le livre que vous avez absolument envie de lire mais...quand je prononce le mot Amazone, immédiatement se superpose sur mon oeil l’image de ces centaines d’esclaves à roulettes, soumis à un rythme intensif pour « satisfaire le client » qui doivent à peu près gagner le SMIC pour un travail inintéressant, rébarbatif, fatigant, sortes de petits robots anonymes qui cavalent au long de kilomètres de couloirs....Alors, NON !


                            • T.REX T.REX 2 novembre 2013 23:18

                              d’ailleurs sur internet, pourquoi les acheter aux américains d’Amazon plutôt qu’aux français de la FNAC alors qu’ils sont au même prix franco de port sur les 2 ? Le made in France, ou achetons de préférence français pour sauvegarder notre économie, ne seraient que des postures non suivies d’effet, des paroles en l’air  ? Les français sont non seulement fainéants mais « sans parole » ? En réalité, Ils n’ont aucunement conscience de leur responsabilité économique en tant que consommateur ! et ce manque de lucidité est navrant , voire désespérant !!


                            • soi même 2 novembre 2013 18:42

                              Une question,qui pourrait me cité un livre remarquable parue cette année en France ?


                              • Pie 3,14 2 novembre 2013 18:48

                                Donald Ray Pollock, le diable tout le temps + son recueil de nouvelles dont j’ai oublié le nom.

                                F Humbert, l’origine de la violence ( pas remarquable mais bon).

                                 


                              • Croa Croa 2 novembre 2013 19:19

                                Il y a ça, un recueil de nouvelles écrit par des jeunes (quoique pas seulement) qui se lancent.

                                 smiley Remarquable ! smiley


                              • Bruce Baron Bruce Baron 3 novembre 2013 00:37

                                @Par soi même : Je pourrais vous citer le dernier livre de la collection SAS de Gérard de Villiers : « La vengeance du Krémlin ». C’est d’ailleurs le 200ème et dernier de la collection. Un sacré type ce Gérard de Villiers (qui nous a quitté cette semaine).
                                Réac, certes, mais un génie de son temps qui apportait des précisions exactes et inouïes pour chaque lieu qu’il décrivait dans ses romans. C’était également un visionnaire qui a prédit avant l’heure un certain nombre de révolutions et chambardements sur le globe.
                                Gérard de Villiers s’efface en emportant avec lui un peu de ce symbole auquel se réfère l’article : les éditions papier. D’ailleurs, de Villiers est quasiment inconnu chez les moins de 35 ans : Ses « romans de gare » étaient surtout appréciés par les générations qui ont connu la guerre froide, qui s’ennuyaient un peu et qui, surtout, n’avaient pas internet.


                              • soi même 3 novembre 2013 12:23

                                @ Bruce, a bon mais encore ?


                              • alinea Alinea 2 novembre 2013 23:25

                                Les livres sont très chers, vraiment chers ! personnellement je me les fait prêter ou offrir !
                                Dans les librairies, on pouvait y aller sans idée préconçue, alors on pouvait s’en remettre au libraire ; aujourd’hui, on suit la mode, on écoute les pubs et on sait ce qu’on veut : le libraire s’emmerde !
                                C’est la société de consommation ! Tout le monde aime la même chose, c’est navrant.
                                Je n’ai pas aimé votre ton pour parler de ce libraire, comme d’un pauvre ringard ! Constater que les gens consomment n’importe quoi pourvu qu’on en ait parlé, peut-être même être obligé de vendre ces mauvais livres, voir les gens de plus en plus contents d’eux et de plus en plus ignards, oui, je comprends sa colère et son dégoût !


                                • Croa Croa 3 novembre 2013 08:58

                                  Faux, si on compare aux revenus ils sont ’’donnés’’ aujourd’hui par rapport aux prix que payaient nos grands-parents même pour des livres achetés au « Bon Marché ».


                                • alinea Alinea 3 novembre 2013 09:10

                                  Vos grands-parents je ne sais pas mais quand j’étais jeune je pouvais me payer plus de bouquins ! C’est peut-être le reste, indispensable, qui était moins cher ! Mais un poche à 10 euros, c’est-à-dire 66 francs !! Vous plaisantez ! c’est vrai que la baguette est à 6 francs ! smiley


                                • Bruce Baron Bruce Baron 3 novembre 2013 01:12

                                  @Gérard Dahan : Les photographes n’ont pas été complètement chassés par internet, de même que les dessinateurs, jadis, n’ont pas été chassés par les photographes. J’irais même plus loin : Quelle que soit l’évolution de l’internet, il y aura toujours une place pour les éditions papier, et il restera des titres de journaux en kiosque.


                                  • LENCARDEUR 3 novembre 2013 09:33

                                    Le phénomène n’est pas récent ; et s’est déjà produit dans un passé récent , et dans un silence assourdissant, je veux parler des disquaires ; les centres villes se sont vidés de tous leurs petits commerces, au profit de banques et de boutiques à frusques, et finalement, le commerce de détail quotidien s’est retrouvé dans les grands centres commerciaux.
                                    Ces centres ont effectivement vendu le livre « au même prix » que dans les librairies, mais pas n’importe lesquels : seulement les gros tirages, pendant un temps limité. Résultat ; malgré la bonne loi « Lang », les petites librairies ont perdu du volume financièrement attrayant, et se retrouvent à financer un fonds de plus en plus couteux et pléthorique, et de moins en moins rentable. La marge étant passée aux mains des non professionnels, les vrais librairies ont du réduire drastiquement leur fonds pour survivre. Ce modèle Les condamne, 1000 fois hélas, à disparaitre. Et la dessus, passe la crise.

                                    J’habite en pleine campagne, à 25 km de toute librairie : résultat, faites le calcul ; si vous voulez un bouquin sortant un peu des sentiers battus, il faut 100 kilomètres en 2 A/R, et un minimum de 8 jours d’attente, le temps de la commande ; le groupe multimédia aux quatre lettres me fournit en 4/5 jours, sans frais ; et le groupe international qui ne paie aucun impôt et ne cherche pas à faire de bénéfice (en écrasant tout sur son passage) me livre en 2/3jours ! CQFD. Comme je préfère le relationnel, je fais encore l’effort de visiter très régulièrement mes libraires adorée(e)s, mais pour combien de temps ? Mon pouvoir d’achat ( ce qui me reste une fois que l’on m’a tout piqué d’une façon ou d’une autre) se réduit, comme pour tout un chacun, et je ne crois pas que la lecture soit une dépense prioritaire lorsque l’on fait partie des millions de gens pour qui la fin du mois commence le 2.

                                    Globalement, ce n’est pas d’une prise de conscience que l’on a besoin ; c’est d’une vraie politique au niveau Européen, au profit des ... Européens. Sinon...
                                    Tous nos maux se résument à cette dernière phrase.
                                    En attendant, libraires, bouquinistes, je vous aime !


                                    • T.REX T.REX 3 novembre 2013 11:40

                                      Je suis très surpris que personne n’est écrit sur Agoravox d’article sur l’amendement Amazon voté le mois dernier par les députés ! Alors que cet amendement à la loi Lang est une décision très importante pour défendre notre qualité de vie , notre système , notre exception culturelle ! Elle est d’autant plus hautement symbolique qu’elle est une des rares ayant fait consensus entre le droite et la gauche ! Comme quoi on tient à nos librairies et à défendre par là même tout le secteur de l’imprimerie qui en a bien besoin.

                                      Acheter sur Amazon et pire encore télécharger des livres numériques pour Kindle c’est menacer toute l’industrie du livre de disparition et « voter » pour davantage de délocalisations et de chômage, c’est opter pour la ruine d’un pan de notre économie déjà mal en point et faire un pas de plus vers un futur qui fera de la France un pays pour touristes ! Là est notre responsabilité économique et soutenir le « made in France » passe par cette prise de conscience !

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