Pour ma part je crois que les français noirs sont confrontés à un problème. je dirais que le racisme contre les noirs a une forme particulière spécifique aux noirs il est beaucoup moins connoté que certaines autres formes de racismes .
en effet, le racisme contre les populations maghrébines musulmanes est aujourd’hui impossible, car le spectre de l’islamophobie, et tout le côté infamant et rédhibitoire qu’il inclut prémunit en partie du racisme anti maghrébin (je refuse le terme arabe car seuls les arabes sont arabes) ou le rejet de l’Islam. On peut faire remonter ce phénomène comme une suite à la guerre d’Algérie et les débuts de l’immigration massive des anciennes colonies vers la métropole.
Pour la population juive c’est encore plus flagrant, depuis le génocide parallèle à la seconde guerre mondiale, et la notion de crime contre l’humanité, s’en prendre à un juif pour ce qu’il est et uniquement pour ça, c’est d’une part scandaleux, mais d’autre part un suicide judiciaire, et l’assurance de se voir coller l’étiquette infamante d’ « antisémite » (bien que le terme soit mal choisi car les palestiniens sont aussi des sémites).
Pour la population afro-française c’est différent, en effet, d’une part ils souffrent de préjugés, sinon sociaux, parfois carrément raciaux, comme les noirs sont des feignasses par exemple. D’autre part, ce qui pourrait tenir en respect les racistes anti noirs est trop oublié ou mis à l’écart de la conscience nationale : l’esclavage. en effet on se sent moins coupables de l’esclavage que de la collaboration ou de la guerre d’Algérie pour plusieurs raisons, d’une part c’est plus ancien, ça ne date pas du 20ème siècle, d’autre part géographiquement c’est bien plus éloigné, car cela se déroulait entre l’Afrique Noire et les Antilles, en passant par l’océan atlantique, d’autre part car l’esclavage est interdit depuis longtemps, ce qui fait que sa signification est rentrée dans les mémoires si bien qu’on en oublie presque ce qu’elle impliquait pour les esclaves (captivité, travail forcé, maltraitance en tous genres, hérédité de la condition).
C’est pour ces raisons que le racisme anti noir est plus sinon toléré du moins pas autant traqué que la « maghrébophobie » ou « l’antisémitisme », car ils sont victimes de préjugés tenaces qui donneraient un semblant d’excuse (quoique abominable) au racisme, et d’autre part car ce qui pouvait tenir le racisme à l’écart, à savoir un héritage historique lourd est trop relégué voir tu, alors qu’en terme de longueur dans le temps, de nombres de morts et de logistique mise en place à cet effet, la traite atlantique surpasse toutes les autres rajoutant à son infamie.
