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Commentaire de Kiosk

sur Pour une liberté d'expression totale... et une critique lucide de Dieudonné


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Kiosk Kiosk 21 janvier 2014 12:48

La référence à Robespierre est caractéristique : Robespierre suit Rousseau, il en est le bras armé. Rousseau exprime ses idées sur le papier et Robespierre les met en pratique (la vertu par la terreur). Voir sur ce sujet Hannah Arendt, dans « Essai sur la révolution » - 1963.

Que dit Rousseau ? « Commençons par écarter les faits »... (Début du second discours de Rousseau). Il refait ensuite un monde idéalisé qui ne repose sur rien puisqu’il ne tient pas compte du réel. On lui opposera avec profit Montesquieu, qui est quant à lui pragmatique et concret., analyste lucide et rationnel.

Robespierre suit Rousseau et cela aboutit au massacre que fut la terreur, au nom d’idées exprimées sans référence à la réalité des faits. Il en va de même avec l’idéalisation d’une liberté d’expression que rien ne devrait freiner, pas même ses conséquences concrètes.

Outre que la liberté d’expression est de toute façon illusoire car même la liberté de penser a ses limites (comme je l’ai montré dans mon post précédent), tenir compte des faits force à reconnaître que dans chaque pays le droit lui impose des limites, plus sévère ici, plus laxiste là. Les États ont ce droit légal de borner la liberté d’expression, c’est un fait incontournable, qu’on en soit d’accord ou pas. Ce n’est pas par hasard, c’est bien pour assurer une certaine paix sociale que le pouvoir législatif met en place des barrières de sécurité. Les complotistes, les révisionnistes, les racistes, les pédophiles et autres adeptes des atteintes au respect de la dignité humaine s’insurgent évidemment contre cela, tout comme les assassins et les voleurs s’insurgent contre la police qui les traque, qui s’en étonnera ? Ils n’hésiteront pas à dénoncer un pouvoir fascisant alors qu’ils sont, eux, le fascisme incarné.

Reste à savoir ce qu’il en est du droit. Est-il d’essence divine, auquel cas il n’y aurait rein à lui ajouter et rien à lui retrancher ? Nullement. Le droit reflète l’état et la volonté d’une société à un moment donné. La liberté d’expression est un sujet de droit, pas une affaire de transcendance. Il n’existe pas intrinsèquement une liberté d’expression, hors de l’homme, hors du temps et de l’espace, que des lois limiteraient illégitimement. La liberté d’expression, c’est ce qui existe une fois que le droit l’a déterminée et en a tracé les limites.

Le droit n’est pas immuable. On peut lutter contre ses abus, mais on peut lutter aussi contre ses manques, notamment s’il autorise de façon trop laxiste les abus de la liberté d’expression (ou s’il la bride à l’excès aux yeux d’une société jugeant selon l’évolution de ses valeurs cette bride excessive). L’important à l’arrivée, c’est l’adéquation d’une société et de son droit.

Bienvenue dans le monde réel !


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