« Chacun vit une expérience à sa manière ; la mienne n’est pas exemplaire, elle est même probablement marginale... »
N’en croyez rien. Vous êtes simplement, banalement, prosaïquement, une victime de plus, et semble-t-il récurrente, du sempiternel et omniprésent clivage entre les NOUS et les EUX. Que vous niez peut-être, d’ailleurs.
Et pourtant. Dès votre première démarche en direction du Parti de Gauche, cette réalité vous explose au visage. Je vous cite : « ...j’avais organisé la première réunion dans le Gard, pour créer un comité PG (...) Plus de cinquante personnes étaient venues ; des vieux cocos du coin, que je n’ai jamais revus, des gens de toutes sortes mais aussi, des militants notoires, qui ne me dirent même pas bonsoir, et qui accaparèrent le truc. Je ne sais pas si j’ai placé trois phrases dans cette soirée. Ils étaient là, une demi douzaine à se connaître, monopolisèrent la parole, en bref ils raflèrent la mise ! »
Cette demi-douzaine, formaient un groupe de NOUS, et ils vous firent d’emblée sentir que vous étiez une EUX. Une EUX qui avait piétiné leurs plates-bandes de sa propre initiative, ce qui la condamnait à ne jamais devenir une NOUS.
Je reviens sur votre initiative : « Je me demandais s’il fallait que j’apporte à boire, à grignoter ; il faut dire que je n’avais jamais milité de ma vie et que, encore aujourd’hui, je n’ai jamais manifesté. J’optai pour plus d’humilité et arrivai ouvrir la salle, les mains vides. »
Pour l’humilité, c’était râpé depuis le début, puisque c’est en prenant l’initiative de la réunion que vous aviez fait preuve d’outrecuidance. Les choses se seraient passées différemment, si les hommes - le genre humain, donc - fonctionnaient rationnellement plutôt que sous l’emprise de leurs sensations, impressions et sentiments. Mais nous constatons tous les jours que ce n’est pas le cas.