Si on fait fonctionner le mécanisme sacrificiel au bout de sa puissance explicative, comme Girard nous invite, on ne tarde pas à comprendre que c’est l’ensemble de notre réalité sociale, l’ensemble de nos institutions, l’ensemble de l’histoire qui a été construit grâce au ciment que constitue le sang sacrificiel.
Toujours selon Girard, c’est la révélation christique qui nous a donné la capacité de penser la victime sacrificielle en tant que bouc émissaire plutôt que simple ciment naturel de l’ordre des choses.
Ce qui se passe actuellement et que l’image de l’article illustre excellemment, c’est que ceux qui se présentent comme incarnant LA « victime sacrificielle » absolue, (au sens de sans égale dans l’Histoire), sont eux-mêmes en train de sacrifier sous nos yeux un autre peuple et de perpétrer la plus terrible des violences.
Sans en avoir conscience, parce qu’ils poussent la logique victimaire jusqu’au bout, ceux-là même sont en train d’accomplir la Révélation, en nous aidant à voir et à comprendre que 90% de la violence du monde vient des victimes, réelles ou imaginaires. D’où l’injonction christique, incompréhensible pour la plupart, consistant à tendre l’autre joue..., cad, surtout, ne pas répliquer.
Quand nous aurons compris cela, la violence du monde viendra à terme. A moins que ce ne soit l’inverse ?