Vos articles sont très intéressants,
et je les lirai plus attentivement. C’est ce que devrait être Agora
vox s’il y avait une vraie politique éditoriale, une exigence de
qualité tant rédactionnelle que sur le fond tout en évitant la
censure idéologique. J’ai habité quelques années en Tunisie, et je
suis son actualité - notamment par les articles de Gozlan sur
Marianne. Je vous trouve sévère avec le printemps arabe « Dans
ces écoles coraniques, naguère fermées par Bourguiba et interdites
jusqu’à l’avènement du « printemps arabe », qui s’est avéré
être un sinistre hiver islamiste », mais vos réflexions sur
la langue maternelle et d’enseignement, sur la mention de l’arabe
dans la constitution sont probablement pertinentes, je ne peux pas en
juger, ce serait intéressant d’avoir ici l’avis de quelques
Tunisiens. Je m’étais toujours demandé quel était l’éloignement
entre les langues du Maghreb et ce qu’on appelle l’arabe littéraire,
mais pour « mesurer » ce qui n’est pas mesurable, il
faudrait les apprendre ; comme si quelqu’un me demandait la
différence entre le français et l’italien...
Content de lire ça aussi : « Les
questions linguistiques sont des plus complexes dans la construction
d’une nation moderne. » Car les linguistes et le
milieu des langues en général ont tendance à nier ce fait, à
répondre qu’il suffit que tout le monde apprenne plusieurs langues
pour que tous les problèmes soient levés, dans l’UE comme ailleurs.
Or, la réalité est tout autre : dérussification de
l’enseignement supérieur en Ukraine, remplacement progressif du
français à la fac en Algérie, nombreux pays africains où les
enfants ne reçoivent pas l’éducation dans leur langue maternelle,
au risque comme vous dites d’un sentiment de dévalorisation de cette
langue et du côté maternel, et même de difficultés scolaires.
L’ONU recommande certes de pallier ce problème, mais cela représente
d’énormes difficultés d’organisation dans les pays où de nombreux
dialectes sont présents et vivants dès le plus jeune âge. Je
crois que le Pérou avait mis en place un essai d’enseignement
bilingue-quechua, mais que cela a été abandonné, peut-être parce
que trop compliqué à mettre en œuvre, trop d’instituteurs à
recruter et à former ? C’est sans doute plus compliqué que ça, et
variable selon les régions, un peu comme en France.
Personnellement, je plaide aussi pour
le plurilinguisme, mais basé sur l’espéranto comme langue-pont dans
l’UE et dans le monde, une langue largement plus facile et équitable,
justement pour tenir compte du fait que beaucoup de nations ont déjà
plusieurs langues, car notre temps et nos capacités sont limitées.
Aussi ne suis-je pas du tout d’accord avec ce que dit de l’espéranto
Abdou Elimam,
dans le site que vous
indiquez en lien.
Pas
tout à fait d’accord sur ce passage, à nuancer : « La réalité
mondiale montre que les cas de monolinguismes étatiques sont plutôt
l’exception : la majorité des nations modernes vivent et se
développent avec plusieurs langues. » Il y a la France,
certes, mais aussi les USA (l’espagnol est très présent mais pas
langue nationale), la Russie, la Chine peut-être avec le mandarin
(au plan national), la GB, l’Italie, etc.