Alinéa,
Ce n’est pas l’argent qui change les valeurs de la société, c’est la publicité.
Elle a mis dans la tête des gens qu’ils sont ce qu’ils consomment.
Et s’ils consomment des biens à la mode, ils sont.
Ils sont « comme les autres », ou plus que les autres, plus que le voisin, si faire ce peut.
Une pub de voiture propose de vous « surclasser » .... au dessus des autres !
Pour moi, une voiture, ça a toujours été une brouette à moteur pour transporter des gens et des trucs du point A au point B.
Ce qui est exclu dans la publicité, c’est d’exister en dehors de leurs bons conseils et leurs produits. La pub nous promet tout, la jeunesse, la beauté, le pouvoir, le suucès...
C’est très bien expliqué dans PSYWAR qui parle de la manipulation des pauvres par les riches et de la consommation.
A partir des années 20, la publicité a cessé de vanter les produits pour vanter celui qui les achète, en utilisant toutes les ficelles de la psychanalyse.
C’est pour cela que la pub est si efficace, elle joue sur les ressorts inconscients de valorisation pour frustrés de toutes sortes. C’est de la pure manipulation de masse au profit du profit.
J’ai toujours vécu dans un milieu où les échanges se faisaient sans argent, service contre un autre, don contre don, on ne jette rien, on donne, on échange, on troque. Je continue avec ceux qui fonctionnent ainsi.
Pour les autres, nous ne pouvons que donner l’exemple. A titre individuel, nous n’avons pas la puissance de tir de la publicité.
Je ne partage pas votre pessimisme, je trouve que les gens qui refusent les diktats de la publicité et de la mode sont de plus en plus nombreux, les résilients aussi.
Il suffit d’aller dans les vide greniers et de discuter.
On y trouve aussi bien des gens qui ont des soucis financiers, que des gens qui consomment désormais tout autrement.
Si j’ai parlé des biens publics, ce que vous m’avez reproché, c’est que le versant noir de leur disparition, c’est « le care ».
Cette mouture moderne de la « société de bienfaisance », cette charité si chère aux riches qui se déculpabilisent, et aux Eglises, quelles soient catholiques, protestantes ou musulmanes... .
Et qui surgissent quand l’Etat n’assure plus la redistribution. C’est aussi très bien expliqué dans Psywar.
« Le care », c’est prendre soin des autres, quand l’économie rejette de plus en plus de monde, et que les services publics sont en voie de liquéfaction.
« Aimez-vous les uns les autres, parce qu’il ne faut plus compter que sur vous mêmes ! » En clair : « démerdez-vous ! »
Ce sont donc deux combats différents, qui ne se situent pas à la même échelle.
Favoriser les relations d’échange, c’est de la résilience vis à vis de la pub. Plus de rapports humains, du don, du recyclage qui évite de gaspiller les ressources de la planète etc.
Les services publics, c’est de la résilience à la charité qui remplacerait l’emploi et les services publics. Enfin, c’est ainsi que je vois les choses.
Une excellente analyse de la publicité : « La pieuvre publicitaire » par Ignacio Ramonet.