Oui Hervé, parce que le donner/recevoir/rendre, induit un lien social ; c’est une dette morale qui n’ a pas vocation à culpabiliser mais au contraire à inclure, et à s’inclure. L’individualisme d’aujourd’hui a bien des allures de renfermement, d’irresponsabilité : je ne veux pas être redevable, je ne veux pas m’engager ; payer a ceci de bien qu’il annule la dette à l’instant !
La gratuité, c’est faire quelque chose pour rien, sauf à mettre de l’huile dans les rouages, mais en fait cela n’existe pas du simple fait qu’elle induit une relation ; d’ailleurs, à part une aide très ponctuelle à un inconnu, elle se pratique dans son cercle de relations.
Mais la valeur ordinaire d’un service ou d’un objet pollue l’aide ou le don ; moi-même qui suis pourtant fort peu intéressée, quand j’étais fatiguée de donner et commençais à douter de mon entêtement à le faire - bien que ce soit plus fort que moi- il m’est arrivé d’évaluer le rien ou le peu de chose que j’avais en retour et, sachant le niveau de vie d’une personne, par exemple, je me demandais s’il m’estimait à la hauteur du rendu !! C’est assez polluant comme question, heureusement assez rare, mais il peut arriver qu’on se trompe de personne, je veux dire que cette ouverture et ce lien étaient vains, reçus comme un dû !
Toujours l’ambiguïté d’un « dominant » qui, comme je le dis dans l’article, pense faire plaisir en demandant quelque chose !
C’est très troublant et très compliqué ; je reste dorénavant beaucoup moins encline à ce jeu-là !! Et j’élimine tous ceux qui affichent que demander un service est une forme d’humilité en plus d’être une reconnaissance de l’autre ! Pour les personnes auxquelles je pense, l’ambiguïté, et la mauvaise foi, le grand contentement de soi, ne font aucun doute !! Hélas.....