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Commentaire de Analis

sur D'où viennent les Bretons ?


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Analis 23 mars 2014 18:46

Les langues régionales ont-elles été supprimées par la république française, ou l’ont-elles été par leurs locuteurs eux-mêmes ? La situation est plus complexe, car les deux ont pu être vrais à certaines époques. Dudule a raison de faire valoir que les locuteurs de langues minoritaires ont parfois eu une attitude de dépréciation active envers leurs parlers, l’usage du terme patois étant lui-même dégradant et méprisant. Il est juste cependant de préciser que ce mépris de leurs langues leur avait été inculqué par la propagande et les pratiques coercitives de l’Etat. Pratiques rapellées par cedricx et Jean-Michel Lemmonier, consistant à stigmatiser et réprimer physiquement l’usage de ces langues. Les locuteurs ne pouvaient guère que développer une défiance, pour ne pas dire une aversion envers leur langue natale.


Il faut cependant préciser que si ces pratiques sont spécifiquement républicaines, l’attitude de l’Ancien Régime n’ayant jamais été que celle que Dudule attribue à la République, et encore en nettement moins soutenue, certaines provinces avaient sous la monarchie développé des politiques de francisation de leur propre chef. En Bretagne, notamment, où le français avait déjà été déclaré langue officielle au détriment du breton avant son rattachement au royaume de France. Aux 17 et 18ème siècle, en Basse-Bretagne, le français était déjà considéré par les gens instruits comme la langue bien comme il faut, et le breton comme la langue des gueux. Ce genre de situation n’était pas spécifique à la France. En Suisse romande et en Val d’Aosta, ainsi qu’en Savoie d’avant l’annexion, le français a été introduit par des élites aux détriments des dialectes arpitans/franco-provençaux, dont il n’a par leur faute jamais existé de version unifiée. Il y a deux ans, j’avais lu sur un forum anglophone une réplique amusée d’un posteur anglais à un nationaliste écossais qui s’offusquait du mépris de nombreux anglais pour le gaélique, relevant selon lui du même mépris pour les traditions et la culture écossaises, réplique qui affirmait que puisque le dénigrement du gaélique relevait d’un vieux sport national en Ecosse, son interlocuteur devrait après tout respecter cette tradition. Il est exact que le mépris des responsables de l’ancien royaume d’Ecosse pour le gaélique est bien établi, notamment parce qu’ils avaient inscrit leur préjugés dans la loi. 


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