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Commentaire de kilio

sur Quand un quartier vous brise !


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kilio 9 avril 2014 13:02

Cet excellent article, plein de retenue et de pudeur, très bien écrit, décrit parfaitement les ravages d’une idéologie d’un autre temps. une idéologie totalement dépassée et démagogue dont le seul effet est de contribuer à anéantir ce qui fait la force principale d’un peuple : sa cohésion culturelle et sociale.

Une cohésion en déliquescence que des moyens financiers sans fond associés à une exacerbation de moyens de contrôle social (police, justice, législation liberticide...) et mentaux, des techniques de propagande initiées massivement dès la maternelle et omniprésentes tout au long de la vie grâce aux armées d’occupation psychiques que sont les médias dominants, n’arrivent plus à assurer.

Ce saccage d’une partie de nos territoires mentaux et géographiques n’est pas de la responsabilité de votre maire : celui-ci n’est que l’avatar d’une idéologie qui a pu avoir ses heures de gloire et de nécessité après la seconde guerre mondiale et dans les années de croissance mais dont le logiciel grippé est aujourd’hui complètement dépassé.

Comme vous, j’ai vécu plus de dix ans, exactement la même situation, dans une quartier que l’on dit - bel euphémisme - sensible. La seule différence et elle est notable, c’est qu’au prix de sacrifices financiers exorbitants, j’ai eu la chance d’en sortir... Mais pour combien de temps, les zones ’sensibles’, ne cessant de s’étendre autour et dans les grandes villes, et maintenant, on peut le constater, dans certaines campagnes.

Pendant plus de dix ans, jusqu’à que je craque, jusqu’à que ma santé mentale parte en quenouille, ayant au quotidien bien observé et bien subi la situation, j’ai fini par comprendre ce que l’on ne m’expliquait jamais dans les médias dont le racisme bien pensant les rend incapable de d’envisager certains immigrés comme des êtres humains à part entière, c’est à dire comme des êtres humains susceptibles de domination, de prise de pouvoir, de maltraitance sur autrui et de prise de contrôle culturelle. J’ai donc compris que ce n’était pas parce que l’on était immigré que l’on était systématiquement victime. J’ai compris que dans les quartiers s’exerçaient des techniques de domination, de mise en coupe réglée du voisinage, de la cage d’escalier, de la rue, du sommeil des voisins, de leur santé mentale qui n’ont rien à envier aux pires techniques de domination de la CIA et consort. Des techniques de prise de pouvoir de pauvres, certes. Mais qui n’en sont que plus redoutables pour les autres : prise de pouvoir par saturation démographique, prise de pouvoir mentale dans les classe ou vont vos enfants et où toute velléité de réussite est brisée par la violence physique et verbale, prise de pouvoir devant votre porte d’entrée que vous ne pouvez plus que passer comme un check point, prise de pouvoir sur vos nuit qui commencent au mieux à 3 heures du matin... Avec pour les récalcitrants et comme vous le décrivez si bien dans votre article, le risque de sanction permanente et aléatoires : véhicule dégradé à de nombreuses reprises parce que je n’étais pas assez coopératif, véhicule utilisé comme salon nocturne retrouvé dégueulasse tous les matins, installation à demeure devant ma porte d’entrée et ce toute la nuit, pour me montrer qui a le pouvoir, des ’nike la police’ tagués sur tous les murs qui viennent d’être repeints (et on nous parle du manque d’investissement dans les quartiers...)..., l’odeur insupportable d’urine dans les cages d’escaliers.... Non, non, ce n’est pas qu’à la télé qu’on voit ça. Pour les habitants, c’est tout le temps et partout...

Et quand je vois les posts disant qu’il faut partir, ça me fait rire ou pleurer :

Partir ?

- faut-il encore le pouvoir et si l’on peut, ça veut dire consacrer pour la plupart des franciliens, des sommes astronomiques à louer ou à acheter dans des zones souvent inabordables...

- partir, c’est aussi le sentiment vague et désagréable de la défaite, qu’ils ont gagné. Partir c’est aussi accepter que nos territoires où l’on peut se sentir bien, ne sont plus, en région parisienne notamment, que des îlots protégés et de plus en plus réduits (pour combien de temps encore) par la barrière invisible du porte feuille.

Alors, oui, et à quel prix, à quel coût quotidien, j’ai réussi, chanceux, à partir. Je suis parti avec le sentiment désagréable d’avoir laissé sur place ceux qui ne pouvaient pas partir, et avec la certitude que désormais et comme je le constate un peu plus tous les jours, que les lieux de cohésion sociale sont et seront en France de plus en plus restreints. Partir pour transformer les français, en exilés intérieurs...

j’ai suivi le même parcours que vous et aujourd’hui, je dénie à quiconque qui n’a pas vécu, dans sa chair, dans son quotidien, la même situation, le droit de me faire, ne serait-ce qu’un soupçon de morale ou de cours d’économie du style : tout ça, c’est un problème social... Social peut-être mais aussi et avant tout un problème humain. Un exemple : le 14 juillet : 2 fois dans mon quartier, au bout de 10 minutes on se faisait agresser et on rentrait en vitesse à la maison. Par contre, le 14 juillet dans une petite ville encore cohérente... un vrai bonheur avec des gens bon enfants et souriants...

Merci pour avoir donné intelligemment la parole à tous ceux que l’antiracisme idéologique qui voit dans le ’pauvre’ un être incapable de penser par lui même, car incapable de penser tous les merveilleux bénéfices de cette fameuse différence... Certes, mais comme toujours, tout est question de mesure..



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