Quand un quartier vous brise !
Nous sommes le lundi 31 mars 2014, ce n’est pas la fin du monde, mais nous sommes le jour d’après les élections municipales et j’ai la rage ; même un jour passé, impossible de ne pas être énervée ; on était à deux doigts de se débarrasser de 70 années de communisme dans la ville ; là où les habitants de certains quartiers n’en peuvent plus ; fatigués, physiquement et moralement, parfois même détruits ; que dire… est-ce que les élections auraient pu changer quoi que ce soit au quotidien ? Je ne sais pas. Pour les élus certainement. Cette ville aurait été une des premières avec d’autres, à passer de la gestion communiste, à autre chose ; je ne suis même pas de droite, mais glisse tout doucement vers l’extrême droite ; je ne vote plus pour l’un afin qu’il soit élu, je vote pour l’un, pour dégager l’autre ; mais je vote quand même ; l’acte de voter est trop important ; je fais beaucoup d’efforts pour ne pas à avoir à voter FN, j’ai été à deux doigts de le faire ; je m’y refuse encore ; le discours de Marine Le Pen sur l’Europe me séduit déjà depuis très longtemps, forcément, j’ai toujours été contre, et je ne peux que la trouver courageuse ; il ne faudra plus me pousser bien loin pour ne pas franchir la ligne ; mais surtout pas rouge.
On a été faire la fête à la Mairie !
« On a été faire la fête à la Mairie » me dit l’une des militantes que je viens de croiser ; une semaine avant, j’ai dépouillé les enveloppes avec elle, mais ne s’en rappelle pas ; « On a eu peur ! » ajoute-t-elle ! « Et ben oui ! On a eu peur que le maire ne passe pas ! » me regarde-t-elle d’un air étonné, étonnée de me voir rester sans rien répondre - persuadée que tout le monde a forcément voté comme elle, voire, presque, comme tout le bureau au dépouillement ; sauf qu’elle s’adresse à moi, moi qui avais voté pour le camp adversaire et qui rêvais qu’enfin l’on se débarrasse d’un de ces maires que l’on arrive qu’à voir que quand il fait trois photos devant la nouvelle boulangerie, dont le nouveau bar tabac a été brulé quatre mois avant et la nouvelle pharmacie braquée trois fois avant aussi ; de nous faire la danse du ventre tous les 6 ans dans les quartiers afin que certains puissent encore voter pour eux ; une de mes voisines simplette, désolée, m’a dit deux jours avant les élections, « le Maire a donné une fête à la Maison pour tous et on a mangé des olives, c’était bien… et on a dansé … » simplette, certes, mais il faut être honnête, militants d’extrême Gauche de grand père en petite fille, m’a-t-elle souvent racontée, alors malgré tout, ça force le respect, simplette ou pas, le combat de chacun doit être respecté ; et je le respecte ; et dans le fond, cela me rassure un peu, car j’espère que ce ne sont pas que la distribution d’olives par le Petit père des peuples qui lui ont données envie de voter Popof , mais là, le lundi 31 mars 2014, je n’en peux plus ; c’est la goute ; comment est-ce possible ? Alors qu’ une agression d’une extrême gravité d’un pauvre chauffeur de bus qui ne fait que son travail a eu lieu, deux de nos quartiers ont été privés de bus pendant trois semaines et les habitants qui rentrent déjà tard le soir chez eux ont été obligés de revenir encore plus tard le soir chez eux ; et il a donc suffit au petit KimJon-un de faire sa danse du ventre et de distribuer les olives pour se faire ré élire ? Le petit leader suprême a été d’une grande générosité cette fois encore !
On n’est pas passé loin pourtant.
La fête ?! Ils ont donc été faire la fête à la Mairie jusqu’à deux heures du matin ? J’en rage ! Je m’étrangle presque, je bégaie tant j’ai du mal à me faire comprendre des difficultés que les habitants endurent depuis tant d’années, trop d'années, dans certains quartiers ; et elle, elle me parle de fête à la Mairie ! 44,15 % contre 47,73 %, on n’était pas passé loin pourtant ; à 3 %, c’en était enfin fini avec le communisme dans cette ville ; et le communisme en France, ne fait plus bon ménage depuis longtemps, et n’est plus assimilé à l’ouvrier où au prolétaire de Karl Marx ; nous dans ce quartier on ne fait pas la fête, pire même, pendant le jour de l’an, ça devient par miracle d’un calme olympien et de plomb à faire peur ; pas de bruits de casseroles et rares sont les cris de bonne année aux fenêtres, on se meurt, on meurt à petit feu, on est réellement discriminé et rien de démago promis, non seulement on est discriminé à l’embauche et même dans les centres commerciaux comme Carrefour où les chèques sont systématiquement vérifiés quand ils viennent du 94 ; je connais la loi, et sais que la discrimination est illégale où qu’elle soit évidemment ; mais on a pas le temps, pas le temps d’attaquer tous les crétins de la terre entière en justice, on a pas le temps, car le temps, c’est de l’argent, et parce que justement, on a besoin d’argent ; surtout pour partir d’ici ; il faut sortir d’ici coûte que coûte ; ça devient une obsession ; l’argent ? mais celui là même que l’on perd en habitant ici aussi ; que l’on perd en réparant nos bagnoles, si ce n'est pas les roues qu’on ne nous vole pas, si ce n’est pas les pare-brises qu’on ne nous casse pas, en gros, on tourne en rond ; elle me parle de fête, je perds mes moyens ayant du mal à me calmer déjà depuis deux jours et n’en pouvant plus ressassant et ruminant sans cesse tous les efforts que j’ai du faire pour m’en sortir et ne jamais dépendre de personne ; j’essaye de lui faire comprendre bavant de rage, que nous, là où on vit, on se réveille la nuit pour voir si les véhicules sont intacts pour pouvoir aller bosser le lendemain, lui faire comprendre dans un état presque second et hors de moi, que quand on passe les seuils de nos cages d’escaliers on passe les fumoirs et avec des odeurs de Shit, sans compter ces crétins arrivés au pouvoir, qui en ont rajouté une couche en prônant la légalisation du cannabis, il n’en fallait pas plus pour donner le feu vert à certains qui ne se cachaient même plus pour nous pourrir le nez et gare si tu leur fais pas risette, c’est ton par brise qui prend encore dans la gueule, si ce n’est pas tes roues ; ça commence à revenir cher le sourire, ça te coûte ton argent et ta santé, il faut ensuite que ton gamin aille à l’école sans problème et en priant aussi pour que l’on ne t’appelle pas une centième fois à ton boulot pour t’apprendre qu’il s’est fait défoncer et qu’il faut venir le chercher ; le chercher comment ? Je suis au travail ! C’est le travail ou c’est eux ? Que faire ? Arrêter de bosser ou ne plus faire de gosse ? Mais l’école n’en a rien foutre, tel quartier ? Telle école ? Parce que les surveillants ne séparent pas les gosses, les gamins nous le rapportent !
Et ça ! Ça use ! Ça rend fou ! Ca te ruine ! Le piège se referme et on n’a plus les moyens de rien ; plus les moyens de partir, plus les moyens financiers même de déménager dans le même quartier, plus la force ; certains quartiers sont de véritables toiles d’araignées et tirent les gens vers le bas sans même que l’on s’en rende compte ! On a des tas de projets, un peu d’argent de coter, en quelques années tu n’as plus rien ! Ruiné ! Si non faut fermer sa g…. et ne plus exister, se faire petit, comme un de mes voisins ; il a tellement baissé son froc qu’il en est même étonnant qu’il ne se soit pas encore pris les pieds dedans.
Un petit mot pour nos gardiens d’immeubles courageux
On achève bien les gardiens.
Combien de gardiens d’immeubles j’ai pu voir défilé ! Au début ils sont enjoué(e)s, motivé(e)s, aimables, toujours, après ils sont pétrifié(e)s, dépité(e)s et pour finir, ou pour les finir surtout, sous comprimés.
Après eux le déluge ?
« Mais vous irez où alors quand la droite va passer hein ! » m’hurle-t-elle ! On était presque à deux doigts de se battre dans la rue, et comme je n’ai pas été invitée, je sens que je vais lui faire sa fête, « Hein quoi ! ? Comment ça où j’irai !? » Ça raisonne dans ma tête ! Ce n’est pas possible, après eux le déluge, c’est ça ?! Mais elle est stupide ?! J’ai du mal à y croire ! Mais elle s’imagine quoi ! Que si la droite passe ce sera l’exode ? Mais elle est en plein délire là ! Ce sont des dingues ! C’est ce que l’on met dans la tête des militants d’extrême gauche ? Ce sont des dingues ! Des dingues qui vous rendent dingue ! En gros si le communisme tombe vous êtes en danger ! Et pourquoi pas en danger de mort pendant qu’elle y est ! Je manque de m’étouffer prise de colère et me rends compte qu’en plus de ruiner les gens avec leur impuissance dans les quartiers, ils nous utilisent ensuite comme prétexte pour leurs élections en disant de nous, que nous sommes une population fragile qui ne pourront pas se passer d’eux s’ils partaient ! Incroyable ! Quelle bande de s…… ! de plus, ils utilisent sans cesse le contexte national de gauche comme de droite pour se dédouaner soit de l’insécurité qu’ils ont pourtant en main dans cette ville depuis 70 années ou de la pauvreté, qui là, en effet, ne peux que confirmer un certain succès, en plus du contexte national de pire en pire. C’est le serpent qui se mort la queue ; mais que veulent absolument aider les gentils communistes de ma ville et sans doute avec des olives ? Celle-là, je ne m’en remets pas ! Et pour conclure l’engueulade, elle me beuble- « Vous n’avez qu’à déménager !!! » toute fière d’elle.
Depuis moins de 3 minutes je hurlais mon désespoir à un mur.
Glisser tout doucement vers un racisme ?
J’ai grandi en région Parisienne et j’ai grandi avec la deuxième génération d’immigrés ; mais je commence à changer, je ne me reconnais plus ; je me vois faire des efforts, là aussi, pour ne pas succomber au racisme ; mais je ne me suis jamais reconnue dans ce quartier, ni dans sa mentalité, ni dans rien finalement ; mon seul but a été de m’en sortir et finalement de partir vite, très vite, je n’ai jamais eu envie de devoir quoi que ce soit à qui que ce soit ; mais malheureusement…. -alors d’aller dans des associations de quartier où l'on mange des plats traditionnels et de danser sur du zouk, voire, même, la fête des voisins, n’a jamais été une de mes priorités et ce n’est pas mon truc désolée ; je n’en ai plus rien à foutre et je ne suis pas sûre d’y être invitée ; la haine ça se voit et ca fait peur.
Pour conclure
Mais malgré cela, et malgré ses quartiers ; cette ville, est une des plus jolies villes des bords de Marne et quand on s’y promène, on y rencontre des gens formidables et courageux, et d’une vraie générosité. Les gens formidables et courageux sont évidemment aussi dans nos quartiers et je leur rends hommage.
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