@ Popov
Merci du compliment et de l’humour dont je crois qu’il ne faudrait jamais se départir.
Oui c’est vrai, on pourrait penser que sauf à faire dans l’autocensure radicale, il nous faudrait à tous un juriste pour éviter de mettre en cause qui que ce soit indûment.
Je pense que nous avons encore de la marge pour le « laissez aller », mais je crois qu’il serait bienvenu de mettre à profit ce délai pour réfléchir en liberté, aller au fond du problème et se convaincre qu’il est temps, je le crois, d’en finir, avec justement ce laissez aller des jugements stéréotypés.
Comme je l’ai indiqué, je pense que les mises en causes sont toujours possibles mais sur une base individuelle. Seules des persones ou des personnes morales devraient être mises en cause et jamais des groupes ou des populations identifiées à partir de caractéristiques ethniques, religieuses ou autres.
Bref, la justice, qui met en cause, est toujours d’actualité, heureusement, mais nous n’avons pas à nous faire justice nous mêmes en prononçant des accusations ou des anathèmes.
Maintenant, mon opinion est que, ces dernières décennies, années et semaines, les anathèmes ont surtout visés les antisionistes, au particulier comme au général. Or, dans ce dernier cas, c’est une discrimination indue au regard de la loi car la liberté d’opinion prévaut et aucune discrimination peut y trouver motif.
Concernant Girard, je vous remercie pour votre question car elle me ramène au colloque girardien de 2006, à Ottawa, qui posait précisément la question de savoir si la mimesis pouvait servir à autre chose que la contagion de la violence.
Comme je l’explique ici, j’y ai proposé l’idée que la mimesis, en tant que facteur premier de la construction sociale de la réalité, en tant que ce qui fait converger l’accusation sur une seule personne responsable de tout, peut contribuer à la paix et la réconciliation dès lors que l’accusé est le premier à se mettre en cause.
C’est ce qui s’appelle prendre sa patate chaude. C’est ça être civilisé : être responsable, savoir se (re)mettre en cause, reconnaître ses erreurs, ses manquements.
Celui qui fait cela fait que la « faute » ne plane pas au-dessus du groupe en suscitant les attitudes défensives et donc accusatrices.
« Prendre sur soi », attitude christique par excellence, est le facteur de paix par excellence.
Bon je m’arrête là, c’est un résumé. J’essaierai d’y revenir car la chose est importante.