Cette garde à vue démontre encore une fois la faiblesse de notre démocratie. Hormis les juges, la cinquième république n’a pas placé de contre-pouvoirs à la fonction présidentielle et le passage au quinquennat n’a rien arrangé.
Les députés sont de plus en plus liés aux partis politiques qui désignent le président et fonctionnent à leur grande majorité comme des godillots. Ils ne forment donc pas un contre-pouvoir efficace.
Le Président peut donc avoir l’impression qu’il n’existe pas de limites à sa volonté.
S’il avait eu en face de lui des vrais contre-pouvoirs, aptes à le sanctionner dès qu’il dépasse les limites de sa fonction, nous n’en serions pas là. Un vrai contre-pouvoir ne peut fonctionner que s’il dispose d’une responsabilité propre et peut être lui-même sanctionné s’il ne fait pas correctement son travail.
François Mitterrand, qui semble avoir tout compris des limites de l’excercice, n’a pas mis en place de contre-pouvoirs, trop heureux qu’il était de pouvoir en profiter. Il a préféré s’entourer d’une bureaucratie épaisse qui l’a protégé en figeant nos institutions. Le rôle des jeunes énarques de la promotion Voltaire a été déterminant dans cette bureaucratisation.
Reste donc la justice comme dernier contre-pouvoir, le dernier rempart pour protéger la démocratie. Malheureusement, celle-ci intervient trop souvent longtemps après les faits, alors qu’un avertissement dès le début aurait permis d’éviter le pire. Les avertissements ne sont pas dans le rôle de la justice…