Gajin,
j’apprécie particulièrement la direction que vous essayez d’évoquer. L’individuation passe par la compréhension de l’existence de niveaux et d’états de conscience différents : à commencer par le sommeil généralisé dans lequel la politique joue le role de marchand de sable ou de théatre de guignol pour adultes restés au stade de l’enfance. Une fois vu le sommeil, on peut expérimenter autre chose.
Les révolutions sont en général des carnages. Réveiller le loup qui dort n’est pas sans danger. Car sous des attitudes benoites, l’homme de la rue (vous et moi), sous les rêves de son sommeil a enfoui une très grande violence. L’individuation nécessite l’intégration et la compréhension de tous les aspects de soi-même, y compris cette violence.
Ce n’est pas particulier à notre époque, c’est une des caractéristiques et un des défis intemporels de la condition humaine. Ce qui est caractéristique de notre époque, ce sont les moyens de destruction colossaux qu peuvent se déployer en un instant, et le rôle que leur utilisation réitérée joue dans l’entretien de la peur.
Car la peur est le sceau qui empêche l’accès à cette individuation (d’autres auraient dit éveil), de même que la violence est la justification de notre besoin de croyances : juste pour nous souvenir que notre nature pourrait être « ailleurs » que dans cette peur et cette violence.
Pourrait... Tout cela n’est qu’un rêve/cauchemard qui perpétue plaisir/souffrance si on n’essaie pas de réaliser cette connexion à soi-même dès maintenant, en réalisant le côté totalement illusoire de toutes les considérations que l’on nourrit.
Il est nécessaire de ramener le futur possible et inconnu dans le présent, dans la présence, sinon c’est toujours le passé qui gagne, car il a toutes les cartes du connu en main !
Bon chemin ! 