• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Ramana

sur Le mystère de la vie : L'angoisse de l'homme et la réincarnation


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Ramana Ramana 22 juillet 2014 17:38

Et d’ailleurs, concernant le point de vue de Guénon, il n’est pas inutile de lire ce qu’en dit Pierre Feuga dans son « René Guénon et l’hindouisme » :

La

dernière partie de l’Introduction générale est consacrée aux

« interprétations occidentales » de la tradition hindoue, et bien

évidemment pour en dénoncer l’inanité et la fausseté. Nous ne reviendrons pas

sur les orientalistes « officiels », sauf à rappeler que la

« myopie intellectuelle » qu’il diagnostiquait chez eux n’est pas

tout à fait guérie. En ce qui concerne les théosophistes, le danger paraît plus

écarté, encore que les élucubrations de Madame Blavatsky ou d’Alice Bailey occupent

toujours de pleins rayons de librairies. A ce propos, Guénon stigmatise, comme

il le fera si souvent par la suite (en la distinguant soigneusement de la

transmigration et de la métempsycose), la croyance en la réincarnation. On ne

peut que lui donner raison si l’on songe que celle-ci a encore gagné du terrain

depuis 1921, est devenue un véritable dogme dans quantité d’écoles

spiritualistes et fait quasiment partie désormais du bagage culturel de

l’Occidental moyen (avec les « chakras » et le Tantra de supermarché),

générant toute une littérature aussi poisseuse qu’indigeste. Pourtant, quitte à

froisser certains admirateurs inconditionnels de Guénon pour lesquels

l’antiréincarnationnisme est devenu à son tour une sorte de

« dogme », il faut ici un peu déchanter : c’est prendre son

désir pour une réalité que d’affirmer que « tous les Orientaux, sauf

peut-être quelques ignorants plus ou moins occidentalisés dont l’opinion est

sans aucune valeur, sont unanimement opposés » au réincarnationnisme. En

ce cas il faudrait considérer comme « ignorants » bien des brâhmanes

et bien des maîtres spirituels de l’Inde, nés avant que les Occidentaux ne

soient arrivés dans leur pays. Qu’on le déplore ou non, la croyance en la

réincarnation, entendue au sens le plus littéral (retour dans un corps humain,

animal ou végétal), n’est pas simplement le fait de basses castes, elle est

répandue dans toutes les couches de la population hindouiste (et partagée par

les jaïns, les bouddhistes, les Sikhs). Est-ce à dire que Guénon se serait magistralement

trompé et que sa doctrine des « états multiples de l’Etre »

comporterait une fissure ? A Shiva ne plaise. Mais tout Hindou n’est pas

si « naturellement métaphysicien » que Guénon l’a voulu. S’il a

l’esprit ouvert, on pourra très bien lui « démontrer », selon le

terme guénonien ici par trop mathématique, que la réincarnation « est une

absurdité métaphysique, car admettre qu’un être peut passer plusieurs fois par

le même état revient à supposer une limitation de la Possibilité universelle,

c’est-à-dire à nier l’Infini, et cette négation est, en elle-même,

contradictoire au suprême degré ». Une logique aussi éblouissante – étayée

par de brillantes considérations de géométrie sacrée – ne manquera pas de

frapper son intelligence mais, paradoxalement, il n’est pas sûr qu’elle le

convainque jusqu’au fond. Par « instinct métaphysique » justement, et

par le fait d’une imagination très développée (cette faculté dont Guénon

avouait être dépourvu), il se peut qu’il n’exclue pas la possibilité d’encore « autre

chose », ou de « quelque chose de plus », au-delà de la logique

(la « Possibilité universelle » admettant même la répétition

ou l’ « auto-limitation »). Et, s’il a le respect des Ecritures

(les Lois de Manu pour ne citer qu’elles), comment lui faire croire que

toutes les allusions à la réincarnation dont elles regorgent ne devraient être

entendues que « symboliquement » ? Pourquoi ces symboles ?

s’étonnera-t-il, et pourquoi les anciens maîtres n’auraient-ils pas dit la

vérité telle qu’elle est – surtout une vérité dont on ne voit pas bien en quoi

elle serait dangereuse –, évitant ainsi à leurs descendants de tomber dans une

interprétation littéraliste, avec toutes les illusions et les grossières

confusions qu’elle entraîne[


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès