Tout à fait. C’est pour ça que quelques semaines à peine après la fin de la Terreur (qui n’était rien à côté des répressions de l’Ancien Régime, mais vraiment rien du tout), des soulèvements réclamant son rétablissement ont eu lieu un peu partout en France, singulièrement dans les communes qui avaient eu à subir des massacres de la part de ceux qui firent chuter Robespierre. Et oui, Toulon, Marseille et même Lyon connurent des soulèvements, tous réprimés dans le sang, pour réclamer le retour de la Terreur. Il faut dire que la Terreur n’était pas du tout vécue comme quelque chose de terrible, au contraire : loin des fantasmes de nos imaginaires du XXIème siècle formatés par les exemples de la Tcheka, de la SS, de la Stasi, etc, on n’avait que peu d’erreurs judiciaires, et contrairement à ce que contiennent nombre de manuels scolaires, être noble ou proche de noble ne suffisait pas du tout à être accusé. La loi des suspects de Cambacérès était sévère, oui, mais pas injuste.
Bref, tout ça pour dire que pour l’immense majorité des gens, la Terreur, c’était la punition des traîtres et des accapareurs, tandis que le commun des citoyens n’en subissait jamais les foudres. Après avoir vécu une période où de tels scrupules légaux n’existaient guère, c’était particulièrement facile à vivre. Ce qui l’était moins, c’étaient les privations dues à la guerre, tant extérieure que civile.
Résultat : pour la plupart des gens, la fin de la Terreur, c’était la situation où le petit qui vole pour vivre continue d’être puni, mais pas le gros qui accapare. Pour une fois, Paris fut la plus tardive à se révolter. Il faut dire que la centralisation de toutes les exécutions par la loi du 22 prairial an II y avait suscité une certaine horreur de la Terreur. Mais Paris se souleva de même que la plupart des autres villes, le 12 germinal an III, puis le 1er prairial an III, deux soulèvements réprimés dans le sang avec une telle violence que cette répression mis littéralement fin au mouvement populaire parisien.