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Commentaire de République et Socialisme 77

sur 10 thermidor : il y a 220 ans les félons exécutaient sans jugement Robespierre et 104 autres révolutionnaires


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République et Socialisme 77 République et Socialisme 77 29 juillet 2014 01:09

Wahou, je me demande bien d’où vous sortez vos chiffres. Ou alors vous incluez les victimes de la guerre dans le lot ? Non, vraiment, ils sont époustouflants.

En fait, après consultation de l’article Wikipédia sur le sujet, je constate que c’est là que vous en tirez vos chiffres. Pas de chance, comme souvent sur les sujets polémiques, l’article en question a manifestement été rédigé par des tenants de thèses historiques totalement marginales et plus que contestées (pour donner dans la litote) par les historiens. Rien que le fait d’inclure les guerres de Vendée (1793-1799) dans la Terreur en témoigne.

S’il est vrai que les définitions données de la Terreur ne sont pas fixées, étant donné que la notion n’a jamais recouvert de réalité juridique (contrairement à une légende tenace, la Terreur n’a jamais été mise à l’ordre du jour : c’était une revendication de Marat, reprise après sa mort par Danton qui en a fait la proposition en août 1793, mais à la place c’est « la justice et la probité » qui ont été mises à l’ordre du jour), les bornes les plus larges que j’en ai vues conçues (dans l’ouvrage La politique la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire, de Patrice Gueniffey) la font aller de juillet 1789 (avec l’instauration de la libre commune de Paris) jusqu’à mai 1795 (suppression du Tribunal Révolutionnaire).
Néanmoins, puisqu’il est là question de Robespierre, j’ai pris le parti (assez partagé par les historiens) de caractériser la Terreur comme étant la période qui va de début septembre 1793 à fin juillet 1794, c’est-à-dire la période dite du « grand comité de l’an II », quand le Comité de Salut Public a été prorogé à l’identique pendant presque 11 mois consécutifs. Une autre délimitation assez courante consiste à faire remonter la Terreur à la création du Tribunal Révolutionnaire en mars 1793, certains historiens la faisant remonter à l’instauration du premier tribunal d’exception chargé de condamner les traîtres et les conspirateurs, en août 1792.

Sur cette période, qu’elle soit considérée comme la Terreur dans son ensemble ou comme son moment paroxystique, il y a eu :
- environ 17 000 condamnations à mort
- environ 500 000 arrestations (donc pas 500 000 personnes mises en prison, les peines de prison concernaient à peine 50 000 personnes, et c’était déjà au-delà des capacités carcérales de la France, raison pour laquelle Vadier et Amar ont inventé les « complots des prisons » pour vider les prisons en procédant à des jugements sommaires collectifs de prisonniers)
- environ 20 000 exécutions illégales (dont les initiateurs ont pratiquement tous contribué à la chute de Robespierre)

Après, évidemment, si comme l’article de Wikipédia on inclut dans la Terreur l’ensemble des condamnations judiciaires (c’est-à-dire en rajoutant celles de la justice criminelle, qui continuait d’exister) et des victimes des guerres civiles voire des guerres extérieures, on peut s’amuser à gonfler démesurément le bilan de la Terreur, histoire d’en arriver à des chiffres qui font horreur. Mais puisqu’ici nous ne sommes pas de mauvaise foi, on va s’abstenir de ce genre de procédés malhonnêtes à peine digne d’un François Furet (quoiqu’à la réflexion, je suis injuste avec Furet, je crois qu’il n’a jamais osé commettre pareille contre-vérité historienne, disons « à peine digne d’un Reynald Secher », ça sera plus adapté).


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