Et comment expliquer les nombreuses insurrections populaires réclamant son retour ? Comment expliquer que malgré des décennies de libelles, déclarations et même cérémonies publiques faisant de la Terreur la chose la plus affreuse qu’avait connu la France, les mouvements de révolte français ont continué à s’y référer de manière explicite jusqu’à la fin du XIXème siècle ? Comment expliquer que les républicains de 1849 n’ont pas hésité à se surnommer eux-mêmes « la nouvelle Montagne » alors que ce nom était depuis une cinquantaine d’années étroitement associé à la Terreur ? Etc, etc, etc.
C’est étonnant comme certains prêtent facilement foi aux descriptions du ressenti d’une poignée d’absents au moment des faits, et absolument pas aux nombreux éléments attestant un ressenti tout autre. Même Michelet eût, sur la Terreur, sur laquelle il portait pourtant une appréciation très négative, le jugement suivant : « une demi-heure de bataille de Napoléon ».
On peut toujours, et on aura raison, se défier de jugements influencés par un vécu ultérieur (même s’il reste encore les appréciations et réactions contemporaines). Mais que dire alors de jugements forgés entièrement a posteriori, le plus souvent par des personnes qui n’avaient absolument pas vécu eux-mêmes la Terreur ! L’exemple le plus spectaculaire étant celui de Lyon, « ville martyr de la Terreur », un statut forgé à partir de la fin des années 1790 par d’anciens émigrés tout juste revenus.