« Il faut savoir ce que vous voulez. Un moment, vous parlez de la pérennisation de la République, de son inscription dans un ordre européen relativement hostile (j’écris »relativement« , car il fallut tout de même longtemps à l’Angleterre pour convaincre l’Autriche et la Prusse de continuer les combats après la Belgique, de même que l’Espagne n’entra en guerre contre la France que tardivement), et après, vous parlez de l’exportation de l’universalisme français. C’est-à-dire deux sujets qui n’ont rien en commun.
Robespierre, dans la répartition des rôles informels qui s’est faite au Comité de Salut Public, n’avait pas en charge les affaires étrangères. Si vous tenez absolument à voir beaucoup plus de références sur le sujet, c’est vers Barère qu’il faut vous tourner, et pour en avoir des précises et concrètes, vers les décrets du Comité de Salut Public.
Néanmoins, dans le texte de Robespierre que je vous ai indiqué, et dont j’ai précisé qu’il contient des considérations relatives à vos interrogations, et non pas qu’il y était consacré, on trouve un passage qui vous répondra plus que celui que vous en avez tiré :
»Le Turc, l’ennemi, nécessaire de nos ennemis, l’utile et fidèle allié de la France, négligé par le gouvernement français, circonvenu par les intrigues du cabinet britannique, a gardé jusqu’ici une neutralité plus funeste à ses propres intérêts qu’à ceux de la République française. II paraît néanmoins qu’il est prêt à se réveiller ; mais si, comme on l’a dit, le divan est dirigé par le cabinet de Saint-James, il ne portera point ses forces contre l’Autriche, notre commun ennemi, qu’il lui serait si facile d’accabler, mais contre la Russie, dont la puissance intacte peut devenir encore une fois l’écueil des armées ottomanes.
Il est un autre peuple uni à notre cause par des liens moins puissants, un peuple dont la gloire est d’avoir brisé les fers des mêmes tyrans qui nous font la guerre, un peuple dont l’alliance avec nos rois offrait quelque chose de bizarre, mais dont l’union avec la France républicaine est aussi naturelle qu’imposante ; un peuple enfin que les Français libres peuvent estimer : je veux parler des Suisses. La politique de nos ennemis a jusqu’ici épuisé toutes ses ressources pour les armer contre nous. L’imprudence, l’insouciance, la perfidie ont concouru à les seconder. Quelques petites violations de territoire, des chicaneries inutiles et minutieuses, des injures gratuites insérées dans les journaux, une intrigue très active, dont les principaux foyers sont Genève, le Mont-Terrible, et certains comités ténébreux qui se tiennent à Paris, composés de banquiers, d’étrangers et d’intrigants couverts d’un masque de patriotisme, tout a été mis en usage pour les déterminer à grossir la ligue de nos ennemis.«
On sait que Barère avait obtenu une »neutralité bienveillante« des Ottomans, à tel point que ceux-ci fermèrent les yeux sur la constitution d’un bataillon de Grecs venus prêter main forte à la République face à ses adversaires (bataillon dont le retour en Grèce précipita la révolte contre l’occupation ottomane qui aboutit à la guerre d’indépendance dans la décennie 1820, et qui inspira l’hymne grec, originellement composé sur l’air de La Marseillaise).
De plus, dans ce discours, Robespierre révèle l’existence de contacts du gouvernement révolutionnaire avec l’ennemi, dans ce passage :
»Mais afin que vous puissiez apprécier encore mieux la foi anglaise et autrichienne, nous vous apprendrons qu’il y a plus d’un mois il avait été fait au comité de salut public une proposition qui offrait à la France un avantage infiniment précieux dans les circonstances où nous étions ; pour l’obtenir, il ne s’agissait que de faire une invasion dans un petit état enclavé dans notre territoire, et allié de la Suisse : mais cette proposition était injuste, et contraire à la foi des traités ; nous la rejetâmes avec indignation."
Contrairement à leur attitude depuis janvier 1793, l’Autriche, l’Angleterre (et probablement également la Prusse) reconnaissaient au gouvernement révolutionnaire une légitimité d’interlocuteur pour consacrer une trêve, voire la paix. Et en effet, on sait qu’une tentative a été faite côté anglais de négocier une paix rapide avec la France, dont on n’a cependant pas retrouvé les modalités exactes. C’est peut-être ce à quoi fait référence Robespierre.
27/10 19:34 - laertes
@République et Socialisme 77 on pourrait l’interpréter aussi comme « Si j’avais (...)
27/10 19:32 - laertes
@Éric Guéguen « La justice consiste à donner à chacun son dû, » Non , désolé. c’est (...)
09/08 15:13 - Crab2
« L’émancipation de la femme est l’objet principal de mes études et la cause à (...)
09/08 15:10 - Crab2
« L’émancipation de la femme est l’objet principal de mes études et la cause à (...)
09/08 09:35 - philouie
Un dernier mot : le corps, l’écoute. Pourquoi ? le corps est notre meilleurs organe. (...)
06/08 00:09 - philouie
Après avoir fait ce petit inventaire, je comprends mieux comment l’égalité produit de (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération