Votre intuition sur le rôle des intérêts dans l’économie est juste, mais les choses sont en réalité un peu plus compliquées.
La monnaie est avant tout un instrument de mesure :
- des flux lorsque l’on fait un achat,
- de la richesse lorsque l’on évalue la valeur d’un objet. L’évaluation de la richesse se fait par analogie avec des ventes comparables qui ne sont jamais des preuves (après-tout la valeur du marché au moment de la vente peut-être très différente). L’impôt sur la fortune, basé sur des estimations au doigt mouillé est un jeu d’équilibriste pour l’Etat qui ne veut pas attendre que la fortune fasse des petits.
Pour réaliser un investissement, il faut évaluer les flux induits parfois plusieurs années à l’avance, ce qui dans certains cas relève plus de la divination que de la science. De même lorsque un objet n’a pas fait l’objet d’une vente, il est quasi-impossible de faire une estimation a priori. C’est le cas pour la plupart des œuvres de l’esprit. C’est ce qui fait que les actifs immatériels d’une entreprise n’ont aucune valeur sauf s’ils ont déjà fait l’objet d’une vente.
Pour financer un investissement, une entreprise demande à ses actionnaires une augmentation de capital. Le capital est de l’argent permanent contrairement aux emprunts. Malheureusement, du fait du fonctionnement de l’Euro et du déficit du commerce extérieur, il n’y a plus de capitaux permanents. L’actionnaire est obligé d’emprunter au taux que voudront bien accorder les banques. Et là, c’est la catastrophe. Il faut rembourser capitaux et intérêts pendant plusieurs années avant de toucher le moindre centime. Le bilan financier est totalement catastrophique alors qu’ils y a plein de possibilités de placer de l’argent à court terme dans des mécanismes entièrement basés sur la prédation de ressources existantes.
Il existe une solution : remplacer les monnaies avec intérêts par des monnaies fondantes (on parle parfois d’intérêt négatifs ou d’assurance), au moins pour les investissements. Avec les monnaies fondantes, on réduit légèrement et à intervalle régulier la somme inscrite sur le compte. Ainsi, on fait participer au financement ceux qui possèdent de la monnaie plutôt que ceux qui ont des dettes. C’est également une incitation à le dépenser. La fonte compense l’obsolescence et l’usure des investissements, ce qui bloque l’inflation.