Au départ l’homme est juste une variété de grand singe. Le comportement social de l’homme est similaire aux comportements des grands singes, empruntant tel ou tel trait de comportement à tel ou telle espèce de singe. On ne se pose pas la question du bien ou du mal pour les singes et l’homme ne s’est sans doute pas posé la question pendant quelques dizaines de milliers d’années. Tant que les Dieux qu’il s’est créé étaient à son image, il ne devait pas penser différemment.
Le changement intervient pour moi au moment où l’homme commence à penser qu’il existe un Dieu, non pas construit à notre image mais immensément bon. Le mal commence alors à apparaître comme une transgression. La notion de bien n’apparaît pas en une fois, mais très progressivement et continue à évoluer aujourd’hui. Le livre de la Genèse, une fois que l’on a compris que ce n’est ni un livre d’histoire ni un livre de science, décrit très bien ce mécanisme. La notion de Paradis terrestre décrit pour moi la période ou l’homo sapiens, qui n’est pas encore l’humanité, ne se pose pas de questions sur le bien et le mal. On est très loin de l’imagerie qui a été développée ensuite.
Si nous regardons aujourd’hui l’organisation des structures de pouvoir (gouvernements, partis politiques, grandes entreprises) nous pouvons encore observer des comportements sociaux très proches des comportements des grands singes. L’évolution vers le bien n’est pas dans les gênes de ces structures. Quand il y a une modification du fonctionnement du groupe, c’est sous l’influence de quelques individus. Lorsque ceux-ci disparaissent, le comportement du groupe revient à la case départ.
On nous parle aujourd’hui de morale laïque comme un optimum. Les individus se sacrifient parce qu’ils ont plus à gagner lorsque le groupe va bien. Ce comportement est vrai tant que l’écart entre les gains à se comporter égoïstement et les pertes lorsqu’il fait le jeu du groupe est faible. Lorsque l’écart augmente, les comportements changent. Il suffit d’observer le comportement des personnes qui nous gouvernent pour comprendre.
Le bien sans la conscience d’un Dieu immensément bon est une chimère.