"La différence entre vous et moi, c’est que cela ne me dérange
pas le moins du monde."
C’est que vous n’avez pas la
fibre territoriale, mais ça ne vous confère aucun droit de critiquer, à plus forte raison d’insulter, ceux qui en sont pourvus. Et qui sont beaucoup plus nombreux que vous,
"...et ça
ne pose de problème à PERSONNE."
Apparemment, vous n’êtes pas plus que
moi à même de sonder les reins et les cœurs. Le terrorisme
intellectuel antiraciste mis en œuvre à partir des années 80, bien que battu en
brèche, a des conséquences résiduelles.
« La France que vous
’souhaitez’ n’existe tout simplement pas (ou plus). »
Vous vous trompez, je ne souhaite
rien du tout, si ce n’est que les gens qui vivent mal cette situation aient le
droit de l’exprimer et qu’on tienne compte de leurs exaspérations avant qu’ils ne
passent à des formes différentes, moins verbales et plus physiques, d’expression
de leur mécontentement.
« Quand vous allez
à New York, est-ce que vous croyez qu’il y a des américains qui
disent »merde, il y a trop de portoricains ici" ? Franchement... »
De toute façon, les Caucasiens
y sont déjà minoritaires. Cela dit quand ils se souviennent que leurs ancêtres
directs ont édifié la première puissance du globe, gagné deux guerres
mondiales, avant d’aller explorer la Lune, alors il n’est pas sûr du tout qu’ils s’accommodent
aisément de leur statut de minorité. Par ailleurs, la communauté portoricaine
véhicule une image passablement dégradée, et depuis toujours.
En 1994, il y a donc vingt
ans, Bill Clinton disait déjà que sa plus grande préoccupation pour l’avenir
des Etats-Unis était « La question de l’identité
nationale (…) avec l’immigration, l’évolution des communautés et des
minorités… »
A ce propos, le politologue Robert Putnam, professeur en politiques publiques à
Harvard, a montré que plus l’hétérogénéité ethnique augmente en un même
endroit, plus le tissu social se désintègre et moins les différents groupes se
font réciproquement confiance.
« Que
cela vous plaise ou non, la plupart des gens que vous croisez à Chatelet sont
aussi francçais que vous et moi. »
Que cela vous plaise ou non,
le problème, c’est qu’ils ne sont pas perçus comme tels. Quand 74 % des Français
disent qu’il y a trop d’immigrés en France (Rapport 2013 de la Commission
nationale consultative des droits de l’homme), vous pensez sérieusement qu’ils
font allusion à des Bavarois en culotte de peau, à des Texans à stetson, à des coiffeurs
italiens moustachus, à des Anglais portant chapeau melon et à des Ecossais en kilt ?
Quant à être Français*, c’est
du point de vue administratif uniquement. Parce qu’il est bien ténu, ténu, ténu,
le lien qu’ils peuvent entretenir, dans leur écrasante majorité, avec Molière,
Rabelais, Jean Bart, Monsigny, Fantin-Latour, Carpeaux, About, Delacroix, Balzac, Renoir, Charpentier, Peyrissac, Vialatte, Boulle, Vigny, Degas,
Corneille, Henri IV, Escoffier, Blaise Pascal, Turpin de Crissé, Berthier, Monet,
Point, Le Bon, Vallin de la Mothe, Céline, Janequin, Méliès, Fontenelle, Gounod, Renard,
Beauneveu, Descartes, Anouilh, du Bellay,
Caillebotte, Surcouf, Camille Claudel, Giono, Bayard, Brillat-Savarin, Toulouse-Lautrec, Quintin, Redon, Charcot, pour ne citer qu’un
nombre infime de génies et d’éminentes personnalités.
« …mais c’est ainsi
et cela ne changera pas. »
Assurément. Certains de mes
amis refusent de tenir compte du fait que les pays d’origine trop contents d’être
débarrassés d’une partie de leurs inutiles surplus de population, n’accepteront
jamais de reprendre qui que ce soit.
Cela dit, il n’est pas trop
tard pour prendre des mesures destinées à éviter l’aggravation d’un rejet qui
dépasse peut-être déjà les 80 %, car s’il est douteux que des sondés mentent en
disant estimer qu’il y a trop d’étrangers en France, l’inverse est non
seulement possible mais probable.
Et vous devriez être le
premier à dire qu’il faut entendre ces gens, parce que le silence de l’UMPSDI
fait le lit du Front national…
* Vous ne l’avez peut-être pas remarqué, mais dès que quelqu’un
se sent obligé se préciser « Français comme vous et moi » ou « comme
les autres », c’est justement qu’il y a un lézard, une absence d’évidence, c’est-à-dire une vraie différence