Texte
en tous points remarquable à lire et à relire. Il me paraît d’autant
plus pertinent :- - qu’il va dans le sens d’une réflexion que j’ai
menée à propos de l’acceptation du mariage homosexuel, et qui introduit un
facteur générationnel qui ne figure pas dans le texte signé Zuhel (Eugene
Gorzhaltsan ?).
Il
y a une vingtaine d’années, je pensais à mon père, qui nous a quittés
prématurément en 1979, et avec qui j’avais des engueulades politiques
homériques, bien que nous fussions d’accord sur le fond, à savoir la
malfaisance du communisme et le chimérisme de la gauche en général.
Ces
souvenirs m’amenèrent à penser que si, à la veille de sa mort, je lui avais « révélé »,
avec conviction et gravité, que 35 ans plus tard, on marierait des hommes entre
eux, il serait mort avec la certitude que son fils était devenu complètement
fou. Aussitôt s’imposa la question fondamentale :
-
Comment le mariage homosexuel a-t-il pu passer de folie absolue, que personne n’imaginait,
à la normalité, acceptée par le plus grand nombre ?
Il
convient de rappeler ici, le rôle du sida dans l’émergence du concept lui-même,
avec ces « couples » dont les conjoints ne bénéficiaient d’aucun des
droits reconnus aux couples hétérosexuels, notamment en matière d’informations
médicales et de succession.
Ainsi
naquit, aux Etats-Unis, une idée qui, initialement rejetée, fit son bonhomme de
chemin dans l’opinion publique, en provoquant de moins en moins d’indignation
et/ou de sarcasmes, en vertu de la progression décrite par Overton.
En
1999, il y eut le PACS qui suscita d’autant moins d’opposition que ses
adversaires furent brocardés et ridiculisés, par les « progressistes »,
médias unanimes compris.
En
2005, tout le monde avait entendu parler de « mariage homosexuel »
sans que l’hypothèse ne soit accompagnée d’un anathème irréversible ou de
plaisanteries plus ou moins grasses. Une génération était arrivée à la
conscience politique, qui n’avait jamais entendu parler du mariage homosexuel,
comme d’une délirante loufoquerie. Le suivisme et la peur d’être ringardisé
firent le reste.
Toutefois,
à mon avis, on aurait tort d’en conclure que la grande majorité des gens est
acquise au mariage homosexuel et à l’adoption par des couples homosexuels.
Cette majorité s’en fout, d’autant plus que, pour elle, la descendance
homosexuelle, c’est comme les accidents de la route : ça n’arrive qu’aux
autres.
Pour
le reste, l’individualisme régnant fait que la plupart des gens se moquent de
ce que font les autres, au même titre qu’ils sont indifférents au devenir de la
société en tant que société. Et c’est en cela que l’acceptation (passive) du
mariage homosexuel et de l’homoparentalité, constitue un symptôme inquiétant.