Manipulations de masse - la fenêtre d’Overton
Dans les anciens temps, les grands cavaliers blonds, qui fonçaient à l'avant-garde des batailles montraient au moins leur mesure en pourfendant les hommes de la tête à l'échine. Tous comptes faits, il avait bien plus de noblesse à tuer un ennemi solide d'un coup d'épée proprement asséné, que de le réduire à l'état de bête, lui et ses descendants, par une manipulation adroite et implacable des rouages de l'industrie et de la politique.
Jack London, Le peuple de l'abîme
Il faut bien le reconnaître, on fait parfois de très intéressantes trouvailles sur le Net. Par exemple, j'ai récemment déniché une véritable perle sur un blog russophone — un article décortiquant une technologie totalement méconnue du grand public, que les spécialistes dénomment « La fenêtre d'Overton ». Il ne s'agit rien moins que d'opérer des changements massifs de conscience sociale, à l'échelle de pays entiers.
Que le lecteur comprenne bien de quoi l'on parle : il n'est pas question d'exercer une influence sur l'opinion, plus ou moins diffuse, et que l'on aurait naturellement tendance à minimiser, peut-être dans le but inavoué d'étouffer une vague inquiétude commençant à sourdre quelque part au fin fond de notre inconscient ; il s'agit de susciter de véritables basculements dans l'opinion publique, des revirements complets, à 180 degrés, sur des sujets d'importance cruciale. Et ça fonctionne ; malheureusement, à coup sûr.
Suit ci-après une traduction depuis le russe de l'article en question [1]. Le titre original est "La technologie de la destruction" ; l'auteur explicite le concept dit de la "fenêtre d'Overton" en forçant le trait jusqu'à l'excès. Toutefois, en repensant à la manière dont le "mariage gay" fut légalisé, on se dit qu'il n'exagère peut-être pas tant que cela. C'est bien là le plus effrayant. Mais ce ne sont pas les exemples utilisés ou la méthode de démonstration qui importent le plus, c'est bien entendu la technique elle-même.
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La technologie de la destruction
Toute l'humanité progressive, nous dit-on, accepta les gays de façon absolument naturelle, avec leur sous-culture, leur droit à conclure des mariages, adopter des enfants et même faire propagande de leur orientation sexuelle dans les écoles et même les maternelles. On nous dit que tout cela est une évolution naturelle de l'ordre des choses.
On nous ment.
Ce mensonge au sujet d'une évolution naturelle de l'ordre des choses fut éventé par le sociologue américain Joseph P. Overton [2], qui décrivit la technologie particulière permettant de modifier le rapport de la société envers des questions encore naguère inacceptables.
Lisez-donc la description ci-après, et vous comprendrez comment on légalise l'homosexualité et les mariages entre personnes du même sexe. Il va devenir évident que la procédure de légalisation de la pédophilie et de l'inceste sera menée à terme en Europe au cours des prochaines années. Ainsi d'ailleurs qu'en ce qui concerne l'euthanasie infantile.
Que peut-on encore reprendre là-bas, pour l'importer vers notre propre monde [NdT : l'auteur sous-entend probablement "le monde russe"], en employant la technologie décrite par Overton ?
Elle fonctionne à 100%.
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Joseph P. Overton (1960-2003), président du Centre Mackinac d'études socio-politiques [3]. Mort dans un accident d'avion. A formulé un modèle permettant de modifier la façon dont l'opinion publique se représente un problème donné, dénommé "fenêtre d'Overton" après sa mort.
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Joseph Overton décrit comment des idées totalement inadmissibles pour la société peuvent être extraites de la benne à ordures du dédain public, blanchies, et enfin consolidées dans l'ordre législatif.
Conformément à la "fenêtre des possibilités d'Overton", vis-à-vis de toute question ou problème donné, il existe dans la société ce que l'on pourrait appeler une fenêtre de possibilités. Dans les limites de cette "fenêtre" une question donnée peut être largement discutée, soutenue ouvertement, faire objet de propagande, ou se trouver en voie de légalisation. La fenêtre se déplace, modifiant ainsi l'éventail de ce qui est ou non possible, du stade de "l'impensable", c'est-à-dire totalement inacceptable pour la morale publique, au stade de "l'actualité politique", c'est-à-dire déjà largement débattu, accepté par les masses et ayant force de loi.
Ce n'est pas du lavage de cerveau en tant que tel, mais de l'ordre des techniques de manipulation plus subtiles. Ce qui les rend effectives, c'est la manière redondante et systématique dont elles sont employées, ainsi que leur indécelabilité par la société qui en est victime.
Je vais analyser ci-après en m'aidant d'un exemple concret comment, petit à petit, une société commence par débattre d'une chose considérée d'abord inacceptable, puis à la trouver recevable, et finit par s'accommoder d'une nouvelle loi légitimant et garantissant ce qui encore naguère était impensable.
Prenons pour l'exemple quelque chose de totalement inimaginable. Disons, le cannibalisme, c'est-à-dire l'idée de faire reconnaître par la loi le droit des gens à s'entre-dévorer. L'exemple vous paraît-il assez choquant ?
Il est clair que dès à présent (2014), il est absolument impossible de faire la propagande du cannibalisme ; la société se révolterait. Cette situation signifie que la question de la légitimité du cannibalisme se trouve au stade zéro de la fenêtre des possibilités. Conformément à la théorie d'Overton, ce stade est désigné "Impensable". À présent, modélisons comment l'impensable sera réalisé, une fois toutes les étapes de la fenêtre passées.
LA TECHNOLOGIE
Répétons-le encore, Overton a décrit une TECHNOLOGIE qui permet de légitimer n'importe quelle idée.
Il n'a pas proposé une théorie, ou encore, formulé ses pensées d'une certaine façon particulière, il a décrit une technologie fonctionnelle. Autrement dit, une suite d'actions dont l'exécution conduira inévitablement au résultat désiré. En qualité d'arme de destruction des communautés humaines, une telle technologie peut s'avérer plus efficace qu'une explosion thermonucléaire.
COMME C'EST AUDACIEUX !
Le thème du cannibalisme est encore abject et totalement inacceptable pour la société. Discourir à ce propos est mal vu dans la presse, et plus encore en bonne compagnie. Il s'agit d'un phénomène encore inimaginable, absurde et prohibé. De ce fait, la première chose à faire sera de faire glisser la thématique du cannibalisme du domaine de l'impensable à celui de l'extrême.
Nous sommes en régime de liberté d'expression.
Eh bien, exprimons-nous : parlons de cannibalisme !
Les scientifiques, par exemple, ont coutume de parler de toute sorte de choses. Il n'y a pas de problématique qui leur soit interdite, dès lors qu'ils sont censés tout étudier. Et puisqu'il en est ainsi, nous allons rassembler un symposium ethnologique dont le thème sera "Les coutumes exotiques des tribus de Polynésie". On y retracera l'historique intégral de l'objet d'étude, et on l'introduira ainsi dans l'actualité scientifique ; on en obtiendra surtout une déclaration venant d'une source d'autorité.
Vous voyez, il s'avère qu'on peut parler explicitement de cannibalisme, tout en restant dans les limites de la respectabilité scientifique.
La fenêtre d'Overton a été déplacée. Nous avons déjà une réactualisation des positions. Ce qui permet d'assurer le glissement d'une attitude de la part du public résolument négative à une attitude déjà plus favorable.
Simultanément aux débats en marge des cercles scientifiques, une quelconque "Association des cannibales radicaux" doit nécessairement apparaître. Quand bien même elle n'existerait que sur Internet, ces cannibales radicaux seront immanquablement remarqués et mentionnés dans tous les media où il faudra qu'ils soient mentionnés.
Premièrement, c'est une nouvelle déclaration. Et deuxièmement, nous avons besoin de ce genre très particulier de tarés pour la fabrication d'un bon gros épouvantail. Ils seront nos "méchants cannibales", opposés à un autre épouvantail, celui des "fachos extrémistes appelant à brûler vif tous ceux qui ne sont pas comme eux". Nous reparlerons des épouvantails plus loin. Pour commencer, il suffira de faire publier des articles parlant de ce que les scientifiques britanniques pensent de la consommation de chair humaine, et de l'opinion à ce sujet de quelques givrés extrémistes.
Résultat de cette première manipulation de la fenêtre d'Overton : un thème inadmissible est introduit dans l'actualité, le tabou est désacralisé, l'univocité du problème est brisée ; de ce fait, on a créé des "teintes de gris".
POURQUOI PAS ?
La prochaine étape consiste à poursuivre le mouvement de la fenêtre d'Overton, faisant passer la thématique du cannibalisme du champ de l'extrême radicalité à celui de ce qui est possible.
À ce stade, on continue de citer les "savants". On ne peut tout de même pas se détourner du savoir, n'est-ce pas ? Celui relatif au cannibalisme. Quiconque refusant d'en discuter devra être stigmatisé en tant que bondieusard et tartufe.
D'ailleurs, en parlant de bondieuseries, il faut absolument inventer une dénomination plus élégante pour le cannibalisme. Afin que les fachos n'osent pas trop coller des étiquettes commençant par la lettre "C" à ceux qui ne pensent pas comme eux.
Attention ! La confection de l'euphémisme est une étape très importante. Pour que la légalisation d'une chose inimaginable réussisse, il est impératif d'en altérer la véritable appellation.
Le cannibalisme n'existe plus.
Dorénavant, cela s'appelle, par exemple, l'anthropophagie. Mais ce terme-là sera bientôt remplacé également, car reconnu relativement offensant.
L'objectif de cet exercice de créativité taxonomique est de dissocier le fond du problème de son signifiant, de vider le mot de son contenu, ce qui a pour effet de priver les adversaires idéologiques de langage. Le cannibalisme se transforme en anthropophagie, puis en anthropophilie, tel un malfrat qui changerait d'identité et de papiers.
Simultanément à ce sabotage linguistique intervient la fabrication d'un précédent, qu'il soit historique, mythologique, relatif à l'actu ou même créé de toutes pièces, l'essentiel étant qu'il soit légitimé. Il sera trouvé ou inventé en guise de "preuve" comme quoi l'anthropophilie pourrait, en principe, être reconnue légale.
"Souvenez-vous de la légende mentionnant cette mère qui, par abnégation, donna son propre sang à ses enfants mourant de soif ?"
"Et les récits de l'antiquité, où des dieux se mangeaient entre eux ? D'ailleurs, chez les Romains, c'était même communément admis !"
"Et les chrétiens, tout à fait contemporains, ceux-là, ils n'ont franchement aucun problème avec l'anthropophilie ! Manger la chair et boire le sang de leur dieu, c'est pour eux un rituel courant. Vous n'oseriez tout de même pas condamner l'Église du Christ ? Espèce de facho !"
La raison de ce dévergondage est, à cette étape du processus, de tenter de sortir la consommation de viande humaine du domaine du criminel, ne serait-ce qu'en partie. Au moins une fois, lors d'au moins une seule grande occasion.
C'EST BIEN FAIT
Une fois créé le précédent légitimant, il devient possible de déplacer la fenêtre d'Overton d'un cran supplémentaire : du domaine du possible vers celui du rationnel.
C'est la troisième étape. C'est à ce stade qu'on finalise le fractionnement du concept, encore unitaire il y a peu.
"Le désir de manger ses semblables est génétiquement programmé, c'est dans la nature de l'homme."
"Il est parfois justifié de manger un être humain, il existe des cas de force majeure."
"Il y a des gens qui souhaitent être mangés."
"Les anthropophiles ont été soumis à une tentation insupportable !"
"Le fruit défendu est toujours le plus délicieux."
"Un homme libre a le droit de décider de ce qu'il veut manger."
"Il ne faut pas censurer l'information, il est juste que chacun sache si il est un anthropophile ou bien un anthropophobe."
"L'anthropophilie est-elle malsaine ? Le fait que ce soit systématique n'a pas été formellement démontré."
On fabrique artificiellement un champ de bataille dans la conscience collective. Aux extrémités de celui-ci seront disposés les épouvantails — les partisans et les adversaires extrémistes de l'anthropophagie, apparus exprès pour cela.
Les adversaires véritables, c'est à dire, les gens normaux ne souhaitant pas rester indifférents face au démantèlement du tabou sur le cannibalisme, seront associés à l'épouvantail des adversaires extrémistes. La fonction des épouvantails est de contribuer à créer une image de psychopathe dément : les fachos agressifs et haineux appelant à brûler vifs les anthropophiles, les youpins, les communistes et les nègres. Toutes ces catégories bénéficieront d'une visibilité médiatique adéquate, à l'exception, bien entendu, des adversaires véritables de la légalisation.
Dans cette configuration, les prétendus anthropophiles sont placés dans le juste milieu, entre les épouvantails, sur le "terrain de la raison", d'où ils pourront condamner à leur aise les "fachos de tout poil" avec tout le pathos "de la pondération et de l'humanisme".
À ce stade, les "savants" et les journalistes démontrent que tout au long de son histoire, l'humanité a souvent été amenée à pratiquer l'anthropophagie, et que cela est normal. À présent, on peut faire passer le concept d'anthropophile du champ du rationnel à celui du populaire. La fenêtre d'Overton continue de se déplacer.
DANS LE BON SENS DU TERME
Pour devenir "tendance", la thématique du cannibalisme doit être chargée de contenu pop, être associée à des personnalités historiques et mythiques, et si possible, des célébrités contemporaines.
L'anthropophilie s'introduit dans l'actualité et les émissions-débat. Les gens se font manger dans le cinéma grand public, les chansons de variété et les clips musicaux.
L'un des procédés de vulgarisation s'appelle "Regardez autour de vous !"
"Ne savez-vous donc pas qu'un compositeur célèbre, auteur de telle oeuvre, était anthropophile ?"
"Et ce scénariste polonais, très connu, eh bien, il a été anthropophile toute sa vie, il a même été poursuivi pour ça."
"Et combien d'entre eux ont été internés dans des maisons de fous ! Combien de millions furent déportés, privés de leurs droits ! Tiens, comment trouvez-vous le dernier clip de Lady Gaga, Eat me baby ?"
Rendus à ce stade, le thème promu est dans le top de "l'actu" et commence à s'auto-reproduire dans les media de masse, l'industrie du spectacle et la politique.
Il existe aussi une autre technique efficace : la question fait l'objet de débats à n'en plus finir au niveau des opérateurs de l'info (journalistes, présentateurs TV, personnalités de la société civile etc.), tout en maintenant les spécialistes crédibles à l'écart.
Ensuite, au moment où tout le monde en a assez et que le problème est dans l'impasse, arrive un professionnel spécialement sélectionné et affirme quelque chose dans ce genre : "Mesdames et Messieurs, en réalité, tout se passe de manière complètement différente. La question n'est pas en ceci, mais en cela. Et il convient de faire ceci et cela." De la sorte, il imprime une orientation dont le caractère tendancieux est déterminé par le mouvement de la "Fenêtre".
Dans le but de justifier les partisans de la légalisation, on se sert de diverses techniques d'humanisation du malfaiteur, ce qui se fait par le biais d'une image positive au préalable allégée de ses caractéristiques à contenu délictueux ou criminel.
"Mais c'est un créatif culturel, un artiste. Soit, il a mangé sa femme. Et alors ?"
"Mais ils aiment sincèrement leurs victimes. Si ils les mangent, c'est bien qu'ils les aiment, non ?"
"Les anthropophiles ont un QI plus élevé que la moyenne, et par ailleurs, ils font preuve d'une grande moralité dans les autres domaines."
"Les anthropophiles sont eux-mêmes des victimes, c'est la vie qui les a fait comme ça."
"On les a élevés ainsi."
Et caetera. Ce genre de pirouettes fait toute la saveur des émissions-débat populaires.
"Nous allons vous raconter une tragique histoire d'amour ! Il voulait la manger ! Et elle ne demandait qu'à être mangée ! Qui sommes nous pour les juger ? Peut-être est-ce cela, l'amour ? Qui sommes-nous pour barrer la route à l'amour ?!"
NOUS SOMMES LE POUVOIR
On passe à la cinquième étape de la "fenêtre", quand le thème est assez mûr pour passer de la catégorie du populaire au domaine de l'actualité politique.
Alors, commence la préparation d'une base législative. Des lobbys partisans se forment et sortent de l'ombre. On fait publier des enquêtes sociologiques, qui bien entendu confirment des taux élevés en faveur de la légalisation de l'anthropophilie. Les politiques se mettent à lancer des ballons d'essai, faisant des déclarations publiques au sujet d'une éventuelle proposition de loi. On introduit dans la conscience publique un nouveau dogme : "il est interdit d'interdire de s'entre-manger".
C'est la spécialité du libéralisme — la tolérance en tant qu'interdiction du tabou, ce qui équivaut dans les faits à une interdiction de réprimer et de prévenir les déviances dangereuses pour la société.
Lors de la dernière étape, quand la "Fenêtre" passe du domaine du "populaire" à celui de "l'actualité politique", la société a déjà capitulé. Sa partie la plus saine va encore tenter de s'opposer d'une façon ou d'une autre à cette onction législative d'une chose encore inimaginable il y a peu. Néanmoins, dans son ensemble, la résistance est brisée. La société finit par admettre sa défaite.
Les lois sont votées, les normes de l'existence humaine sont réformées (ou plutôt détruites), puis, le thème maudit finit par arriver jusqu'aux écoles et aux maternelles. Ce qui veut dire que la génération suivante grandira sans la moindre chance de survie. C'est ainsi que cela s'est passé avec la légalisation de la pédérastie (à présent, ils exigent qu'on les appelle "gays"). D'ores et déjà, sous nos yeux, l'Europe est en train de légaliser l'inceste et l'euthanasie infantile.
COMMENT CONTRER LA TECHNOLOGIE
C'est dans une société tolérante que la Fenêtre des possibilités décrite par Overton fonctionne le mieux. C'est-à-dire, dans une société qui n'a pas d'idéaux, et par voie de conséquence, n'a pas non plus de séparation nette entre le bien et le mal.
Voulez-vous déclarer que votre mère est une catin ? Souhaitez-vous faire publier un article à ce sujet ? En faire une chanson ? Démontrer, pour en finir, qu'être une catin, c'est tout à fait normal et même obligatoire ? C'est tout à fait ce que réalise la technologie décrite ci-dessus. Elle fonctionne grâce à la permissivité.
Il n'existe pas de tabous.
Il n'existe rien d'inviolable.
Il n'existe pas de concepts sacrés, dont la simple remise en question est interdite, et dont le ressassement malsain est immédiatement réprimé. Il n'existe rien tout cela.
À la place, on a une prétendue liberté d'expression, qui devient une liberté de déshumanisation. Sous nos yeux, on abat, l'une après l'autre, les barrières qui séparent l'humanité de l'abîme de l'autodestruction. À présent, nous sommes libres d'y aller tout droit.
Tu penses que tu ne peux rien y changer tout seul ?
Tu as tout à fait raison, seul, l'homme ne peut pas faire grand-chose.
Mais toi personnellement, tu es tenu de rester un homme. Et un homme est capable de trouver une solution à n'importe quel problème. Et ce qu'un seul ne pourra faire, sera fait par des hommes réunis autour d'un idéal commun. Regarde autour de toi.
Zuhel
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Commentaires
L'auteur a raison lorsqu'il identifie la liberté d'expression, la tolérance et l'absence d'idéaux comme des ingrédients essentiels : pour que la technologie fonctionne, ces conditions doivent impérativement être satisfaites.
On pourrait toutefois encore y adjoindre deux autres (qu'on décèle implicitement tout au long de l'article) : la tendance à la relativisation (en philo, on appelle ce courant le relativisme), et surtout, la présence d'un champ médiatique dominé par les mêmes groupes d'intérêts.
Les media sont donc à la fois l'instrument et le support de tout ce cirque. Le problème ne se poserait peut-être pas avec la même acuïté si l'on était dans une situation où les media seraient réellement indépendants, et les gens moins disposés à se laisser embobiner. Il faut pour cela deux choses : que l'indépendance de l'information ait des garanties fortes, ce qui me paraît difficile à réaliser, et que le système éducatif soit de bien meilleure qualité, sa mission première étant dans ce cas de former l'esprit critique et l'intelligence politique chez les étudiants. On peut toujours rêver...
L'accent de l'auteur sur l'idéalisme, à la fin de l'article, fait sérieusement réfléchir. Les idéaux sont clairement absents des sociétés occidentales, ou bien, trop bon marché, trop médiocres, trop mesquins. Le "Nouvel Ordre Mondial" qu'on essaye de nous refourguer, est-il un idéal qui mérite qu'on se sacrifie pour lui ? Ou encore, cette utopie d'une Terre regénérée, avec une population contrôlée autour de 500 millions d'humains, variation écolo-fasciste du bon vieux malthusianisme ? Ce sont des fantasmes de bourgeois, de technocrates. Tout cela ne fait clairement pas l'affaire pour le plébéien de base. C'est pour cette raison que les deux projets échoueront forcément. La conquête spatiale avait quand même plus de gueule, on se demande d'ailleurs pourquoi ça a disparu des radars. Chercherait-on à remplacer Gagarine et Armstrong par Aragorn et Gandalf ?
L'auteur associe par ailleurs l'idéalisme à la présence dans la société d'une distinction nette entre le Bien et le Mal. Il semble voir le premier comme le résultat de la seconde ; dans nos sociétés occidentales, ceci est volontiers perçu comme du manichéisme, qui est plutôt mal vu. Le manichéisme c'est naïf, primaire, barbare même, et cela mène directement à l'intolérance, voire au fanatisme. Et à partir de là, on est déjà quasiment dans le domaine du fascisme. Cachez-donc cet ananas que je ne saurais voir !
Tout sarcasme mis à part, il me semble qu'il s'agit d'un thème digne de l'intérêt le plus grand. La rupture entre le bien et le mal est-elle du manichéisme, et, dans l'hypothèse où ce serait bien le cas, ce manichéisme est-il nécessairement porté à contaminer tous les thèmes socio-politiques ? Devient-on invariablement intolérant (voire fanatique) si l'on décide de considérer certaines choses comme, il faut bien employer ce mot-là, « sacrées » ou soumises à un tabou ?
C'est une question sérieuse. À tel point qu'il me paraît utile d'être sur ce point franchement brutal — qu'en est-il de l'inceste ? Est-ce quelque chose qui mérite d'être protégé par un tabou social... ou bien, peut-on confier cela aux bons soins du ramassis de journalistes prostitués, d'experts en toc, et de légistes véreux qui prétendent nous gouverner depuis, sans doute, déjà trop longtemps ?
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traduction et commentaires par Petrovitch
[1] Source : http://zuhel.livejournal.com/465630.html
[2] Wikipédia version anglaise : https://en.wikipedia.org/wiki/Joseph_P._Overton
[3] Site web du Mackinac Center for Public Policy : http://www.mackinac.org/12887
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