Ce qui fait que le communisme
est fini, c’est que les gens - les masses, je veux dire - n’y croient plus.
Même les communistes les plus intégristes n’osent plus utiliser l’expression « lendemains
qui chantent ».
Si, aujourd’hui, quelqu’un
s’avisait de reprendre ce propos de Trotski :
« Travaillant selon leurs forces, c’est-à-dire selon leurs moyens physiques
et psychiques, sans se faire violence, les membres de la communauté,
bénéficiant d’une haute technique, rempliront suffisamment les magasins de la
société pour que chacun puisse y puiser largement « selon ses
besoins » sans contrôle humiliant. La formule du communisme, bipartite
mais indivisible*, suppose donc l’abondance, l’égalité, l’épanouissement de la
personnalité et une discipline très élevée. »,
... les salariés lui riraient
au nez, et les plus délurés lui jetteraient des tomates pour signifier l’allergie préventive que leur inspirent des formules comme « selon ses besoins »
et « discipline très élevée »
En fait, ce que veulent la grande majorité des prolétaires (les dominés), ce sont
des salaires un peu plus élevés, du temps de travail un peu plus court, des
vacances un peu plus longues et, pour le reste, qu’on leur foute la paix.
Au
lieu de ça, on leur pouvoir leur offrir de l’émancipation, dont ils ne perçoivent pas la réalité
pratique, tant il leur est évident qu’en changeant de régime, ils ne feront que
changer de dominants.
C’est donc la mort des jobards qui a entraîné la mort du communisme. Le trépas de
ceux qui croyaient, il y a encore quelques dizaines d’années, qu’avec l’avènement
du communisme, il n’y aurait plus de chagrins d’amour, parce qu’ « il
n’y aurait plus personne d’assez méchant pour faire souffrir quelqu’un d’autre ».
Si ça peut vous consoler, une couche aussi épaisse n’avait aucune chance de perdurer... 
* « De chacun selon ses forces, à chacun selon ses
besoins. »