@ Alain Soral
Peut-être que Raimon Panikkar pourrait t’inspirer ...
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LE CHRISTIANISME EST-IL LA RELIGION POUR L’EUROPE ?
(...) Demandons-nous avec courage si le Christianisme n’a pas épuisé son rôle historique. Les « retraites stratégiques » ne nous convainquent plus beaucoup. Revaloriser Jeanne d’Arc, Eckhart ou Galilée, avec des siècles de retard, ou condamner les croisades et conquêtes après cinq cents ans ou plus ne convainc pas trop. Bientôt on nous dira que Giordano Bruno aussi fut brûlé par inadvertance, que tout le reste a été fait par erreur, parce qu’il y avait de mauvais cardinaux ou une sale politique au Vatican, ou tout ce que l’on voudra. Est-ce suffisant, un « mea culpa » avec cinq cents ans de retard ? On comprend la réaction de beaucoup de chrétiens qui ne s’enthousiasment pas de la béatification de José Maria Esquiva et qui n’ont pas trop confiance dans la réhabilitation, dans quelques siècles, des Bermejo, Curran, Fox, Boff ... (...)
On dirait que le Christianisme, ayant façonné l’Europe et ses colonies, a donné d’elle-même tout ce qu’elle pouvait donner et que cela s’achève. Le Christianisme est un fait historique. Comme disent tous ceux qui ne le sont pas : nous n’avons pas d’autres critères, ni sources de connaissance pour savoir ce qu’est un chrétien, sinon ce que font les chrétiens. « Par leurs fruits vous les reconnaîtrez ». De ce point de vue, la grande idole qui avant 1914 était l’Europe (et qui autorisait un Européen, du simple fait d’être Européen, à entrer dans n’importe quel endroit de l’Inde et qu’un lieu lui soit réservé), la « nouvelle Europe » a perdu toute autorité. L’Occident n’a pas perdu son pouvoir mais son autorité. On ne la respecte plus. On la craint. Avec elle on signe des pactes, d’où les latins pragmatiques on sortit le mot « pax », à la différence des germains, pour qui Friede (paix) est en lien avec Freund (ami) et Freiheit (liberté). (…)
Certes, des prophètes et des saints ont lutté à contre- courant et ont conservé un autre message peut-être plus pur (c’est mon opinion).
LA CHRÉTIENTÉ EST-ELLE LA RÉPONSE POUR L’EUROPE ?
Non, elle ne l’est pas, non pas parce qu’il y a aussi des athées, des musulmans, des juifs et bien d’autres, mais parce que les Chrétiens mêmes ne prennent pas leur religion très au sérieux. Si toutes les églises disparaissent d’Europe, le cataclysme serait plus économique que spirituel. La religion en Europe est devenue une chose privée et secondaire. Il suffit de se pencher sur le monde islamique ou hindou pour voir la différence. De fait, le Christianisme n’est plus la religion de l’Europe. L’argent ou la technique comptent plus. Sans eux l’Europe ne pourrait certainement pas vivre. Elle vit pratiquement sans le Christianisme
L’Europe ne peut pas se passer de religion mais le Christianisme n’est déjà plus la religion de l’Europe.
QUELLE RELIGION, ALORS ?
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Raimon Panikkar
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