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Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur Génocide rwandais et schéma auto-victimaire


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 23 janvier 2015 05:45

"le fonctionnement paranoïaque [...] en tout état de cause s’applique bien mieux au processus que vous tentez de décrire que l’angle d’approche que vous avez choisi au travers de votre schéma auto-victimaire« 

ça c’est votre thèse. Il vous appartient de l’argumenter plutôt que de l’asséner puis de la répéter.
Au demeurant, je vous signale qu’elle est sensiblement contradictoire avec votre précédente assertion qui mettait en parfait équivalence la paranoïa et le schéma auto-victimaire :

 »votre modèle auto-victimaire n’est ni plus ni moins que celui de la paranoïa« .

A la question du »diabolique« , je répondrais que dans un de mes premiers articles sur AV j’ai évoqué le cas des premières nations (indiennes) que j’ai eu l’occasion de rencontrer au Canada lors d’un colloque girardien. Ce qui m’a frappé lorsque la représentante des Algonquins a fait état des violences physiques et sexuelles subies durant au moins un siècle par les jeune enfants indiens arrachés à leurs familles et placés dans des établissements religieux (residential schools), c’est l’absence complète de ressentiment et/ou de revendications victimaires. Elle était dans la stricte neutralité de la position »adulte" et se cantonnait à un exposé des faits sans chercher à susciter l’émotion, la pitié ou la colère. Son discours n’en avait que plus de force et m’a paru proprement christique dans la mesure où il marquait un complet renoncement au représailles, à la vengeance ou quoi que ce soit de cet ordre. Ici les indiens sont clairement des victimes mais ils ne font pas dans le victimaire, il ne se mette pas dans la position de la victime qui est diabolique dans le sens où elle est accusatrice, désireuse de vengeance et surtout d’emprise, de pouvoir sur l’autre, sous prétexte d’une quête (supposément) légitime de sécurité.

La question n’est donc pas d’accepter ou de rejetter les victimes mais de ne pas se laisser abuser par le pouvoir (de suggestion et de propagande aussi) qu’ont acquis ceux qui jouent les victimes et qui leur permet de nous faire oublier l’injustice et l’inhumanité de la violence qu’ils font subir à ceux qui sont leurs (véritables) victimes.

Ce qu’il s’agit de comprendre ici en somme est que, comme indiqué dans ma Lettre à René Girard, le souci des victimes n’est pas chrétien, il est universel, il est païen et même, donc, diabolique puisqu’il est le fonds inépuisable à partir duquel naissent et se légitiment tous les conflits.

Le message néotestamentaire ne nous invite pas à défense des victimes mais à la défense des faibles, cad, des pauvres, des opprimés, des méprisés, etc.

Les victimes puissantes qui bombardent les peuples en adoptant des postures victimaires dans la presse (entièrement) aux ordres doivent être démasquées en tant que représentantes d’un perversion diaboliques.

Le degré suprême de cette perversion diabolique, c’est quand, pour mieux se présenter comme victime en légitime défense, on réalise en sous-main une auto-agression qui permet d’accuser l’ennemi bouc émissaire qu’on s’est choisi.

C’est ce degré suprême de perversion que je m’efforce de dégager au travers du schéma auto-victimaire et vous m’accorderez, je pense, que ce trait particulier que constitue le fait de procéder à une agression délibérée de soi-même pour pouvoir se présenter comme victime ne fait pas partie de la définition de la paranoïa. Le paranoïaque n’est pas dans la perversion, il surinterprète une réalité qu’il n’a cherché à manipuler ; pourquoi le ferait-il ? Tout ce qui lui arrive n’est-il pas déjà une preuve suffisante du fait qu’il est persécuté ? smiley

Dès lors si quelqu’un tente de forcer son schéma sur la réalité, il me semble que c’est vous et non pas moi.

Mais bon, j’attends toujours votre argumentaire...


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