Déclaration
de la Ligue des droits de l’Homme
« Un
gamin traîné au commissariat pour « apologie de terrorisme », un prof de philo
suspendu et incriminé sur la base d’un propos indirect, et à ce jour non porté
à la connaissance de l’enseignant en question, des agents municipaux inquiétés
pour avoir refusé de participer à une minute de silence, des syndicalistes
menacés de licenciement… Il est temps de se reprendre et de revenir à la raison
! Quoi de plus déraisonnable, en effet, que la confusion qui s’installe entre
vigilance nécessaire et chasse aux sorcières ! Ni la restriction de la liberté
de parole des adultes, ni les interrogatoires policiers d’enfants de 8 ans ne
favoriseront notre sécurité. Ces mesures, à l’inverse, exacerbent un climat de
défiance tous azimuts, incitent chacune et chacun à chercher autour de soi qui
un terroriste, qui un terroriste potentiel… Un tel climat de recherche à tout
va de boucs émissaires est insupportable ; pire, il est hautement
contre-productif. Promouvoir les valeurs de liberté, de fraternité, expliquer
au quotidien ce qu’est la laïcité, bref, vivre la République, implique de
pouvoir en débattre, de façon libre, ouverte, confiante.
Privilégier
la dénonciation et la mise à l’écart, c’est au contraire engendrer des
situations insupportables au regard des droits élémentaires des personnes
visées, alimenter amertumes et contentieux, donner finalement le sentiment
d’une République essentiellement répressive.
La Ligue des
droits de l’Homme avait déjà poussé un cri d’alarme après les invraisemblables
décisions rendues en comparution immédiate, qui ont entraîné parfois des peines
lourdes pour une divagation alcoolique.
Il est temps
de calmer les esprits. Le gouvernement doit s’y employer et se rappeler que la
lutte contre le terrorisme ne saurait trouver une quelconque efficacité en
dehors du respect de la lettre et du principe de l’Etat de droit. «