salut.
toujours le plaisir de vous lire, sur l’essentiel.
si important que certains en sont gênés,
ne se doutant pas que le temps permet d’approfondir,
donc d’accéder aux vraiessources, donc bien plus de verdeur, à l’origine.
très tôt, les forêts parallèles à l’ennui en classe m’ont préparé à affronter l’équation de vérité de cette époque : time is money.
j’aurais eu la sagesse de m’en tenir à l’inverse, choisissant toujours le temps avant l’argent.
quelqu’un qui me dit « je suis débordé », « je n’ai pas une minute à moi »,
même et surtout les billets dégoulinants de la poche,
témoigne d’abord d’une grande misère, une perte.
en fuyant le présent, c’est la présence, et donc soi qui est ainsi fui.
la grande majorité des humains sur cette planète se sont beaucoup appauvris.
la plupart ont bien de quoi dévaliser des centres commerciaux entiers,
mais peu de temps pour cela,
ayant été dépossédés de leur temps, ce qu’il sont d’abord perdu c’est la mémoire,
les sensations, donc le corps, donc tout en gros.
il y a encore pire : ceux qui disposent du temps et prennent peur,
attendant toujours que d’autres viennent programmer leur vie en leur lieu et place,
qui fuient les lieux et se fuient vers la foule ou l’écran,
ce sont encore les plus miséreux.
pour ce qui est des aveugles qui gouvernent, on le suit votre fil, étrange ;
il semble que les jours voire les semaines qui viennent portent pas mal d’inattendus
si on tend bien l’oreille à ce qui est su sans être encore mis en présence,
il est ainsi possible que la lessive reprenne bien son cours, sur la rive.
rien n’est donc perdu.
à la base, bien différencier plaisir et déplaisir, déjà d’être soi,
une fois cela bien posé, rien n’est plus précieux que le temps,
qu’il ne faut pourtant pas concevoir en quantité seulement,
mais surtout en qualité, l’éternité est là, immobile à portée de main,
le voyage dans le temps, une forme alitée sous les herbes, sans plus.
mais toujours le fond émotionnel, le malheur comme un travail à en finir avec le temps,
le don pour la joie comme un savoir cueillir.
on peut m’annoncer ma mort dans une heure, ça ne me fait strictement rien,
une fois ce résultat obtenu, la victoire est complète,
il y a juste les âmes proches, perdues, dont on peut non pas pleurer la perte pour soi,
mais le sommeil ; ils et elles auront traversé la vie sans se rendre compte de rien,
non sans larmes et tragédies, mais comme ailleurs,
se lovant dans l’engrais sans soupçonner la fleur,
fuyant même la fleur,
comme une lucidité.
et puis les guerres sur le temps :
ceux qui sont hors du temps, dépossédés,
ne peuvent l’être que de sommeil,
ils peuvent donc oeuvrer à vous le faire perdre en blablas
ce don précieux qu’ils n’envisagent pas ;
ainsi le fond de la lutte contre le temps comme bien
est une bataille contre l’intelligence et la parole,
contre la jubilation du silence même.