Cette option diplomatique a été prise à Paris au Quai d’Orsay par Alain
Juppé ***, ...
*** dans le livre des journalistes français Georges
Malbrunot et Christian Chesnot, « Les chemins de Damas, Le dossier noir
de la relation franco-syrienne », publié en octobre 2014 :
Altercation au ministère des Affaires étrangères
Un chapitre du livre intitulé “Bagarre au Quai d’Orsay” fait état d’une
violente querelle sur la Syrie qui s’est produite dans un bureau du
ministère des Affaires Etrangères à Paris au printemps 2011. A
cette époque, Alain Juppé était le ministre des Affaires Etrangères.
L’altercation a eu lieu dans le bureau d’Hervé Ladsous, le chef de
cabinet du ministre des Affaires Etrangères, entre Eric Chevallier,
l’ambassadeur de France à Damas, et Nicolas Galey, le conseiller du
président (Nicolas Sarkozy à l’époque) pour le Moyen-Orient. Etaient
aussi présents Patrice Paoli, directeur, à l’époque, du département du
Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et aujourd’hui ambassadeur de
France au Liban, et Joseph Maila, le directeur de la prospective au
ministère des Affaires étrangères, ainsi que des diplomates responsables
des affaires syriennes.
La conviction de l’ambassadeur Chevallier était la suivante : « Le régime d’Assad ne tombera pas, Assad est fort »
et il se maintiendra au pouvoir. C’est ce qu’il avait écrit dans ses
dépêches diplomatiques depuis Damas, raison pour laquelle il avait été
rappelé à Paris. Chevallier "a redit aux personnes présentes à cette
réunion qu’il était « proche du terrain », et qu’il avait « visité diverses régions de la Syrie et qu’il n’avait pas le sentiment que le régime en place était en train de s’effondrer » .
« Arrêtez de dire des bêtises ! » l’a interrompu Galey, le représentant de Sarkozy. « Il ne faut pas s’en tenir aux faits, il faut voir plus loin que le bout de son nez. » a-t-il ajouté. La remarque de Galey était d’une « hostilité sans précédent » selon une des personnes présentes. Même Ladsous « a été choqué de la détermination de Galey, » quand il
est apparu que Galey "n’était pas venu prendre part aux délibérations
mais remplir une mission spécifique : imposer l’idée que la chute
d’Assad était inévitable," et faire comprendre à tout le monde qu’aucune
opinion divergente ne serait tolérée dans le corps diplomatique
français.
Mais Chevallier a défendu sa position qui
différait de celle que l’Elysée voulait imposer. Il a dit qu’il avait
rencontré l’opposition syrienne régulièrement, « mais qu’il continuait à penser que le régime avait la capacité de survivre ainsi que des soutiens étrangers » . « On se moque de vos informations !a réitéré Galey » , ce à quoi l’ambassadeur a répondu : « Vous
voulez que j’écrive autre chose mais mon travail comme ambassadeur est
de continuer à dire ce que j’ai écrit, c’est à dire ce qui est
réellement arrivé » . « Vos informations ne nous intéressent pas. Bachar el-Assad doit tomber et il tombera », a rétorqué Galey d’une voix coupante.
La querelle s’est alors envenimée, ce qui a forcé Ladsous à intervenir
plusieurs fois pour mettre fin à cette « bataille verbale ».
http://www.legrandsoir.info/les-chemins-de-damas-comment-l-elysee-a-manipule-les-rapports-sur-les-armes-chimiques-al-akhbar.html